(Agence Ecofin) - Le gouvernement algérien n'exclut pas de recourir en 2020 à des emprunts extérieurs auprès d'institutions de financement du développement, a appris l'Agence Ecofin, du communiqué final qui a sanctionné la réunion du Conseil des ministres, tenue le 13 octobre 2019.
Aucun détail n'a été donné sur les institutions dont il est question, mais on peut deviner que ce seront les partenaires multilatéraux historiques de l'Afrique.
« Le projet de Loi de finances pour 2020 propose la possibilité de recourir, de manière sélective, au financement extérieur auprès des institutions financières mondiales de développement, en vue de financer les projets économiques structurels et rentables avec des montants et des délais en rapport avec le rendement de ces projets et leur solvabilité », peut-on lire dans le document.
Rappelons que le projet de Loi de finances 2020, adopté par le gouvernement algérien, prévoit un déficit de 1555 milliards de dinars algériens (environ 12,5 milliards $), malgré une baisse significative des dépenses publiques. Cette situation est le fait d'une prévision de baisse de 6,6% des recettes du pays. La décision de s'endetter ne semble pas faire l'unanimité, même si le niveau d'endettement extérieur du pays est assez faible, comparativement à son Produit Intérieur Brut (1,9%).
Malgré le départ de son dernier président Abdelaziz Bouteflika, forcé par la rue, au début du deuxième trimestre 2019, l’Algérie reste confrontée à des problèmes importants de conjoncture, qui résultent de la chute depuis cinq ans, des prix du pétrole, premier produit d’exportation du pays. En dépit d’un assainissement considérable des finances publiques en 2017, les déficits budgétaire et extérieur demeurent importants.
Des analystes déplorent le fait que les gouvernements passés n’aient pas mieux utilisé les ressources de la manne pétrolière, pour réaliser les investissements de diversification qui sont prévus aujourd'hui. Aussi ces analystes sont-ils critiques à l'endroit de la stratégie du ministre actuel des finances, Mohamed Loukal. On reproche à ce dernier de critiquer aujourd'hui les effets actuels de la politique d'émission monétaire massive, qui se pratiquait pourtant alors qu'il était directeur général de la Banque d'Algérie (banque centrale).
Rappelons que la loi sur la monnaie et le crédit avait été modifiée en octobre 2017 afin de permettre à la Banque d’Algérie de financer directement, entre autres, le déficit budgétaire, le rachat de créances du secteur public et le Fonds national d'investissement. L'institution a peu à peu durci ses interventions pour, notamment, faire face au risque de diminution des réserves de change, qu'occasionnaient les nouvelles injections de liquidités au sein de l'économie du pays.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.