(Agence Ecofin) - Décimée par des années d’instabilité, la République Centrafricaine essaye de se relever et reconnaît le rôle important que peuvent jouer les investisseurs dans ce processus. Le ministre Come Hassa, en charge du commerce et de l’industrie, a bien voulu expliquer à l’Agence Ecofin, les enjeux de cet événement qui bénéficie de l’appui des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux.
Agence Ecofin : La République Centrafricaine accueille ce forum des investisseurs, un an après la rencontre de Bruxelles. Quel est le message que votre pays veut passer à la communauté des investisseurs qui s’intéressent à l’Afrique ?
Come Hassan : Cet événement est un signal fort aussi bien pour la communauté des investisseurs nationaux et internationaux à laquelle nous voulons dire que la République Centrafricaine est debout et de nouveau en marche. Comme vous le savez les images les plus récurrentes de notre pays sont celles qui focalisent sur les points négatifs. Or le pays rengorge de ressources naturelles, comme le diamant, l’uranium, le fer et le reste. En plus de cela, la RCA est un pays de large superficie de 623 000 kilomètre carré, avec une faible densité de population et une bonne part de terres cultivables non encore exploitées et les conditions climatiques sont favorables pour le développement de l’agriculture. Nous pensons que toutes ces possibilités peuvent soutenir une transformation structurelle du pays. Pendant longtemps nous avons effectivement été sous le coup de crises à répétition, mais comme vous le remarquez l’ordre institutionnel est de retour et nous travaillons désormais à relever le pays. Nous comptons sur ces investisseurs pour que cela puisse durer.
Agence Ecofin : Un des défis qui préoccupe les investisseurs, c’est l’environnement des affaires. Le président Touadera lui-même reconnaît que son pays doit prioritariement renforcer l’Etat de droit. Quelles sont les réformes entreprises dans ce sens ?
Come Hassan : Dans mes secteurs d’intervention, je peux déjà parler de la mise en place d’un code du commerce qui consacre la liberté commerciale pour tout le monde et dans tous les secteurs. Nous avons élaboré une charte des investissements qui est désormais plus favorable aux investissements et nous pouvons aussi mentionner la mise en place d’un guichet unique de création des entreprises, qui permet d’accomplir plus facilement des formalités dans ce sens. Désormais on est plus tenu de passer par un notaire pour effectuer certaines opérations. Vous verrez aussi que sur le plan minier, un nouveau cadre législatif se met en place. Aussi, il est désormais possible de créer son entreprise en 48 heures et le Président de la République a pris une décision qui réduit le capital minimum requis pour créer son entreprise. Nous avons certes encore de nombreux défis à relever, mais notre pays est encouragé par le gain d’une place dans le Doing Business 2018. Je me suis engagé à réaliser un répertoire de toutes les réformes qui ont été faites, et à le diffuser au plus grand nombre afin que tout le monde puisse avoir le même niveau d’information sur les nouvelles règles de jeu.
Agence Ecofin : L’économie de la RCA était jusqu’à lors soutenue par le secteur minier et celui des services. En votre qualité de ministre du commerce et de l'industrie, quelle est votre feuille de route pour relever et diversifier l’économie ?
Come Hassan : Vous touchez un point essentiel car, comme vous le savez, notre pays est enclavé et, en plus, nous importons plus que nous exportons sur le marché international. C’est une question dont je discute au fil des missions que j’effectue pour le compte du gouvernement. Nous sommes en train de prendre des dispositions pour le développement de nos autres produits, comme le cacao, le café ou encore le coton. Je peux vous confirmer que bientôt, nous serons présents sur le marché international avec plus d’un de ces produits. Le processus de diversification de notre économie est véritablement en marche.
Agence Ecofin : Vous avez parlé de l’enclavement. Votre accès maritime, c’est le Cameroun. Est-ce que vous avez engagé un processus de coopération avec ce pays dans le cadre de la relance de votre économie ?
Come Hassan : Je pense que depuis toujours le Cameroun est un pays ami, au-delà d’appartenir à la même communauté économique et monétaire, ce pays accueille de nombreux réfugiés centrafricains. Nous nous intéressons donc à ce pays et à ses investisseurs. Mais je ne pense pas qu’il y ait un cadre autre que nous puissions développer aujourd’hui que celui-là. Toutefois je peux dire qu’avec la libre circulation des personnes qui est aujourd’hui actée, tout investisseur du Cameroun peut venir investir dans notre pays, il y sera accueilli comme il se doit. Et c’est valable pour l’ensemble des autres pays de la CEMAC.
Entretien réalisé par Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.