(Agence Ecofin) - La Bourse régionale des valeurs mobilières d'Abidjan (BRVM) devra, en tant que place de marché sur les produits financiers de l'UEMOA, très rapidement pousser les acteurs qui y sont présents à avoir une meilleure communication financière. En juin 2020 en effet, la BRVM devra suivant le chronogramme, intégrer une place de marché unifiée qui regroupera les bourses de l'UEMOA, d'Accra au Ghana, de Lagos au Nigeria et de Casablanca au Maroc.
L'idée est de permettre aux investisseurs actifs dans les différents marchés boursiers concernés d’effectuer des transactions sur l'une ou l'autre bourse sans aucune restriction. Dans la perspective d'une telle ouverture, le Maroc et le Nigeria risquent de devenir des pôles en raison du niveau de maturité, de liquidité, et de profondeur de leurs marchés financiers respectifs.
En plus de cela, la transparence financière est plus forte sur les autres marchés, notamment le Nigeria, où il existe un délai et une norme stricts en matière de publication des résultats financiers semestriels, trimestriels et même annuels. Le Maroc offre aussi une bonne communication financière, mais il faut accéder parfois à des médias spécialisés, l'actualité boursière des sociétés cotées se limitant parfois juste à des bilans financiers sans commentaire.
Sur la BRVM, on est loin de ce standard. Ce n'est que pour les résultats de 2018 qu'on a vu les entreprises publier leurs rapports annuels contenant des notes commentées. Mis à part Ecobank Transnational International et Sonatel qui sont tenues par des règles internationales de gouvernance, le reste des entreprises se contentait jusque-là d'une synthèse des performances financières.
Difficile dans ces conditions d'apprécier les perspectives de flux de revenus futurs par les investisseurs, alors que ceux-ci ont besoin de ces informations pour mieux se positionner sur un produit financier ou un autre. Les sociétés d'investissement présentent en Côte d'Ivoire produisent aussi quelques analyses. Mais des investisseurs individuels ayant discuté avec l'Agence Ecofin avouent que leurs gestionnaires de comptes-titres ne leur donnent pas plus d'informations.
Lorsque sera actée la consolidation de ces places boursières, la BRVM devra donc rapidement se mettre aux standards, et pousser les entreprises sur sa cote à adopter de meilleures pratiques de communication financière. Des manquements dans ce segment pourraient conduire les investisseurs à se tourner vers des marchés ouverts, et où ils ont plus de lisibilité et peut-être aussi plus de rentabilité.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.