(Agence Ecofin) - Des indicateurs récents collectés par l'agence Ecofin auprès de diverses sources montrent la montée inquiétante de la dette dans les secteurs de la finance et au sein du gouvernement en Afrique du Sud. Dans son récent rapport sur le suivi de l'évolution de la dette dans le monde, Institut of International Finance (IIF), une organisation non gouvernementale de réflexion sur les questions économiques qui est basée à Washington aux USA, fournit quelques indices.
Parmi les pays émergents, l'Afrique du Sud est le seul pays où la dette du secteur financier a atteint 25,6 % du produit intérieur brut au terme du premier trimestre 2019, contre 22,5 % à la même période en 2018. Parallèlement, la dette du gouvernement a atteint les 59,3 % du PIB au 31 mars 2019, en hausse, comparée aux 53,4% d'encours en 2018. Bien que moins importante, la dette des ménages et des entreprises non financières a aussi progressé et dépasse dans chacun des cas les 32 % du PIB.
Cette pression vient s'ajouter aux mauvais effets d'un environnement économique qui évolue au ralenti, avec de faibles perspectives de croissance et donc moins de recettes pour le gouvernement et plus de déficit public.
Aussi, la décision a été prise par le gouvernement de Cyril Ramaphosa (photo) de soutenir, quoi qu'il en coûte, plusieurs entreprises d'Etat en difficultés. Il est notamment question de doubler le projet de soutien à Eskom, la société en charge de la distribution d’électricité du pays.
L'IIF projette désormais que la dette publique sud-africaine pourrait atteindre les 61 % du PIB dans la période 2020/2021, contre une prévision raisonnable du gouvernement de 57,4 %, hormis la dette indirecte des sociétés d’Etat, qui est de 8 % du PIB.
Des analystes de l'agence de notation Moody's ont aussi, dans une note publiée le 24 juillet 2019, exprimé l'inquiétude surtout face à l'intention de l'exécutif de doubler l'aide à Eskom. Une part importante de la dette publique sud-africaine étant détenue par des banques locales, les prochaines sorties du rapport de stabilité financière dans le pays seront à suivre.
Idriss Linge
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