(Agence Ecofin) - Le Fonds monétaire international a attiré l'attention sur le risque d'un stress de la dette auquel font face certains pays africains, dont le Cameroun. En effet, l'institution multilatérale en charge de la stabilité financière estime que la dette du pays devrait atteindre les 40% de son produit intérieur brut, d'ici la fin de l'année 2019.
Une part importante (près de 65%) de cette dette est extérieure et libellée en devise, alors qu’une conjoncture internationale morose pour les prix du pétrole, une baisse de la production d'or noir à 70 000 barils jour contre 100 000 deux ans plus tôt, et la baisse des exportations de cacao et de café en raison de la crise anglophone, plombent la capacité à générer des revenus extérieurs et accroissent le déficit courant.
Dans une note d'analyse publiée le 11 octobre 2019, l'Agence de notation Standard & Poor's est aussi allée dans le même sens. « Les dépenses publiques continueront à subir diverses pressions, incluant les risques sécuritaires, les élections de 2020, les subventions énergétiques et les plans d'infrastructures », ont fait savoir ses analystes dans le document.
Les actions du gouvernement continuent d'être guidées par la « Vision », qui vise à faire du Cameroun un pays émergent à l'horizon 2035, avec un produit intérieur brut par habitant de 4035 $. Mais pour y parvenir, la Banque mondiale avait estimé qu'il faudrait réaliser une croissance du PIB par habitant de 5,7% entre 2015 et la date d'échéance de cette vision. Ce niveau de croissance n'a été atteint que durant la période de boom pétrolier.
Standard & Poors s'inquiète aussi de l'accumulation des dettes des sociétés publiques où l'Etat est actionnaire à plus de 10%, tout autant que des endettements contractés et non encore décaissés parce que les projets y relatifs ne sont pas encore exécutés. Les discussions devraient être houleuses lors de la prochaine session budgétaire qui se déroule en novembre.
Mais alors que la plupart des députés ont la tête dans la campagne pour les élections générales (hors présidentielle) de 2020, la discipline partisane risque de donner une grande latitude à un gouvernement qui semble désormais avoir de la peine à trouver de bonnes solutions pour un retour à l'équilibre budgétaire.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.