(Agence Ecofin) - Moody’s a placé ses perspectives sur BMCE Bank of Africa à « négatives », reflétant une hausse de l’encours des créances douteuses. Toutefois, le troisième groupe bancaire marocain en termes de parts de marché peut compter sur plusieurs facteurs qui lui permettent de résister.
Moody's a placé les perspectives de sa note sur BMCE Bank of Africa à « négatives ». L’agence américaine de notation explique cette décision par ce qu’elle considère comme étant des risques inhérents aux activités en Afrique subsaharienne du groupe financier marocain, apprend-on d'un document publié le 18 juin 2020.
« Nous prévoyons que la pandémie de coronavirus nuira à la croissance économique dans les pays où la Banque opère, en particulier ceux d'Afrique subsaharienne [...] Cela augmente le risque que les défauts de paiement des emprunteurs entraînent une nouvelle détérioration de la qualité des actifs et un affaiblissement des fonds propres déjà modestes de la Banque », peut-on y lire.
En effet, la qualité des actifs de BMCE Bank of Africa s'est légèrement détériorée au cours des trois dernières années. L'encours des créances douteuses au niveau du groupe était estimé à 9,1% du total des crédits accordés à la fin de l'année 2019, contre 8,6% fin 2018 et seulement 8,2% fin 2017. Les marchés situés en Afrique subsaharienne sont en partie responsables de cette situation. La moyenne des créances douteuses représentait fin 2019, 11,4% des crédits accordés dans cette région.
Les perspectives négatives semblent surtout refléter la difficulté qu'impose le coronavirus dans les pays d'Afrique de l'Ouest et de l’Est où on retrouve les principales filiales subsahariennes du groupe marocain à travers la holding Bank Of Africa. Rappelons que cette sous-région qui concentre 25% des crédits accordés par BMCE Bank lui procure aussi une certaine rentabilité. Ses activités internationales lui ont rapporté 48% de son produit net bancaire, dont une bonne contribution pour l’Afrique noire.
Au-delà des perspectives négatives, la note de BMCE Bank of Africa est maintenue. Cela est soutenu par la solide franchise du groupe, mais aussi par le fait qu’en cas de besoin, il pourrait absorber les chocs auxquels il ferait face. Notons que le groupe a su attirer des investisseurs stratégiques de poids en 2019, comme le Commonwealth Development Corporation, l’entité britannique de financement du développement.
Idriss Linge
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