(Agence Ecofin) - Bien que plutôt rentables, les instruments financiers émis par des entités publiques et privées africaines peinent à créer un effet de vent de marée de la finance internationale sur le continent. Les dernières sorties de l'Egypte, de l'Angola (avec des émissions d'eurobonds) ou même l'Africa Finance Corporation (emprunt syndiqué en Suisse), montrent à souhait, que les produits financiers en provenance de l'Afrique attirent, et que le risque n'est pas le plus gros problème.
Des pays comme le Ghana, le Nigeria ou encore l'Afrique du Sud parviennent même à attirer des investisseurs étrangers en quête de rentabilité, sur des titres d'emprunts émis en monnaies locales. La question aujourd'hui est pourquoi les gestionnaires de fonds préfèrent-ils batailler sur des actions des marchés développés qui sont désormais déconnectés de la valeur effective des entreprises, ou des obligations qui apportent des rendements négatifs ?
L'une des réponses à cette question pourrait être dans la manière dont on perçoit le risque. Dans leurs analyses, les agences de notation et certains analystes donnent souvent des indications sur les faiblesses, mais aussi les forces et les opportunités des pays et entreprises qu’ils suivent, même s'ils sont présentés comme spéculatifs. Les investisseurs semblent ne voir que le côté négatif de ces analyses, à l'exclusion des opportunités. Déjà, le risque affecté à la finance africaine doit être minimisé.
L’Afrique a pourtant un faible niveau d’exposition et des rendements plus intéressants
Dans une étude publiée début novembre sur les marchés financiers africains, Ashmore Group, une société d’investissement qui cible les marchés émergents, fait remarquer que l'exposition de la finance internationale à l'Afrique n'est que de 1%. Mais dans le même temps, la région est celle où les rendements moyens sur les obligations sont les plus élevés (entre 10,2% et 13,8%), contre 5,6% en moyenne pour l'ensemble des marchés émergents et développés.
Aussi, les indicateurs de rentabilité moyenne pour l'ensemble des sociétés africaines cotées sont les plus attractifs, avec une rémunération sur les fonds propres de 22% et un rendement moyen sur les actions de 5% pour une valorisation boursière faible et qui dispose d'un potentiel de plus-value considérable, lorsqu'on fait la comparaison avec les bourses des économies développées.
A la fin du mois d'octobre 2019, la valeur des obligations émises à partir de l'Afrique sans distinction du statut public ou privé des initiateurs, était de 474 milliards $, dont 140 milliards $ sous la forme d'eurobonds. La valeur des actions était de 671 milliards $.
Il y a bien de choses à reprocher aux marchés africains, notamment cette faible liquidité et un volume de transactions pas très important, puis la lenteur dans l'exécution des transactions.
Certains analystes estiment aujourd'hui que le refus par les leaders mondiaux des gestionnaires de fonds de venir injecter les capitaux en Afrique au motif du risque, ne saurait plus être défendu. C'est justement parce que l'Afrique n'a pas ces capitaux qu'elle ne parvient pas à décoller. Le potentiel de la région n'est plus à démontrer. En 2050, toutes les statistiques convergentes indiquent qu'elle comptera 40% de la population mondiale. Il faudra un secteur financier fort pour assurer la survie de tout ce beau monde.
Idriss Linge
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »