Etats-Unis : les niveaux records atteints par les valeurs boursières divisent l’opinion

(Agence Ecofin) - Selon le chroniqueur financier américain, Jim Cramer, les marchés refusent de voir les faiblesses que cache la forte progression du S&P 500. Les investisseurs quant à eux préfèrent voir les opportunités dissimulées derrière chaque nouvelle information.

Les intermédiaires en bourse peuvent se réjouir aux Etats-Unis. Les valorisations des principaux indices sont à des niveaux historiques et records.

Le S&P 500 qui regroupe les 500 plus importantes entités cotées des marchés financiers américains a atteint ces dernières semaines, des niveaux historiquement élevés. Une capitalisation boursière en hausse c’est logiquement plus de commissions. Pourtant, cette réussite n’émeut pas tout le monde.

Dans une récente chronique sur la chaîne de télévision des affaires CNBC dont il est l'un des animateurs, Jim Cramer un ancien gérant de fonds d'investissement invite à plus de lucidité sur ces performances. « Les niveaux records du S&P 500 sont une histoire racontée par un novice, mais elle ne relate pas les difficultés de millions de personnes qui survivent des coupons alimentaires, ou des millions qui sont sur le point d'être licenciés, encore moins des sans-abri, ou des personnes qui sont juste blotties chez elles en attendant le vaccin. », a-t-il affirmé.

Le S&P 500 est à des niveaux records (Source images: Koyfin)

Lorsqu'on observe la courbe de progression de cet indice qui est une référence pour les investisseurs boursiers du monde, on relève une croissance rapide, encore dite croissance en « V », depuis son niveau le plus bas atteint le 23 mars 2020. Mais Jim Cramer informe que cette progression n'est pas tirée par des valeurs d'inclusion économique comme les actions des sociétés industrielles ou de grande consommation.

« Les gagnants sur ce marché sont les entreprises les plus déconnectées de l'économie réelle », a fait savoir l'éditorialiste dans son émission Mad Money. « L’économie actuelle est dans une situation précaire, surtout maintenant que le plan de relance du gouvernement est épuisé et que le Congrès est en vacances d’été plutôt que d’essayer de trouver une solution de remplacement », a-t-il ajouté.

Cette position est plutôt cohérente et en adéquation avec la réalité et certaines analyses des données. Selon une analyse récemment faite par la plateforme Data Trek, le coronavirus a créé une incertitude sur le marché de l'emploi, bien au-delà de la baisse du chômage.

De nombreux jeunes diplômés qui ont souvent été les moteurs de la croissance en raison de leur habitude à consommer leurs premiers revenus professionnels peinent à trouver du travail. Au total, 28 millions d'Américains vivent cette situation, selon les chiffres officiels.

Les acteurs des bourses américaines sont plus préoccupés à profiter de la plus petite plus-value qui existe sur un marché financier où les rendements des obligations sont au plus bas et le risque sur de nouveaux projets très présent dans les esprits. Dans ces conditions, la moindre donnée qui se présente comme étant meilleure que les prévisions anime des sentiments positifs de la part des investisseurs.

Mais des données plus concrètes expliquent le succès du S&P 500. L’une d'elles est assez spéciale, car elle est la manifestation d'une erreur de l'administration Trump dans la gestion des conséquences économiques de la covid-19 sur les ménages. Des aides ont en effet été apportées aux individus indépendamment de l’effectivité des besoins. Ainsi, ceux qui avaient besoin d'argent se sont servis de l'aide, mais ceux qui n'en avaient pas besoin ont accru leur épargne.

Selon le Bureau américain des statistiques, les dépôts dans les banques ont augmenté de 2000 milliards $ depuis le 15 février 2020.

Idriss Linge