(Agence Ecofin) - Moody's a dans un récent commentaire expliqué que les banques évoluant en Afrique connaîtront des performances financières difficiles dans le sillage de la pandémie de coronavirus et la guerre pétrolière qui tire les prix vers le bas. Ces deux événements ont incité des investisseurs étrangers à retirer leurs capitaux sur les portefeuilles d'investissement partout sur le continent.
Cette situation sera particulièrement difficile pour les pays pétroliers comme le Nigeria où le pétrole compte énormément dans les revenus en devises et par conséquent pour l'attractivité des investisseurs. Mais l'agence américaine de notation part de l'hypothèse que cette situation bien que grave ne devrait pas durer dans le temps. Elle estime ainsi que « plusieurs secteurs bancaires africains peuvent traverser cette crise sans compromettre la stabilité financière ».
Mais le cas du Nigeria est inquiétant. La Banque centrale du pays a pris des mesures pour contenir les effets des deux facteurs qui minent l'économie du monde actuellement. Elle a autorisé des allègements dans la prise en compte des créances douteuses notamment dans le secteur industriel, le pétro-gazier et l'agriculture. Les analystes craignent que les défis liés à ces trois ensembles qui regroupent près des 50% des prêts bancaires masquent une détérioration des actifs dans le secteur bancaire.
Un des éléments de stabilité du naira (monnaie nigériane) est l'importation massive de capitaux étrangers via la dette publique ou privée. En 2019, ce canal a permis au pays de mobiliser jusqu'à 19,5 milliards $ (46% du total des réserves de change), dont 13,5 milliards $ rien que sur les bons du Trésor. Si ces capitaux étaient retirés dans un contexte de baisse des prix du pétrole, le secteur bancaire nigérian aurait reçu un lourd choc.
Certains indicateurs de marchés collectés par l'Agence Ecofin invitent à la prudence. Les statistiques des transactions boursières sur le Nigerian Stock Exchange révèlent que la participation des investisseurs étrangers est retombée à seulement 29,8% du total des transactions au terme du mois de janvier 2020, contre 54,7% pour le même mois en 2019 et 49% pour le mois de décembre dernier. On note aussi que le volume des capitaux sortants (46,5 milliards de nairas) a été deux fois plus important que celui des investissements rentrants (23,8 milliards de nairas).
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.