(Agence Ecofin) - Dix-sept résolutions ont été soumises à la discussion des ministres africains ainsi que les partenaires de l’Afrique, en vue de proposer une nouvelle architecture de la finance mondiale. Des éléments consultés apportent quelques détails sur ce qui pourrait alimenter ces échanges.
Selon des guides touristiques rencontrés sur place, Addis-Abeba signifie « Nouvelle fleur ». La ville pourrait devenir le point de départ d’une nouvelle architecture de la finance internationale. Des ministres africains des Finances, de l’Economie et de la Planification y participeront ce lundi 20 mars à une rencontre de « haut niveau » en vue d’adopter des résolutions visant à mettre en place de nouveaux mécanismes pour faciliter l’accès de l’Afrique aux financements internationaux.
D’après les documents consultés par l’Agence Ecofin et les échanges avec quelques experts, il y a au total dix-sept propositions allant dans ce sens. Elles vont du soutien sans limite à l’appel du secrétaire général des Nations unies, Antoine Guterres, à la mise en place d’un stimulus annuel de 500 milliards $ pour l’achèvement des Objectifs de développement durable dans les pays à faibles ressources, et à la structuration d’un ensemble de mesures visant à réduire la perception du risque qui pèse sur l’Afrique, en passant par des solutions plus cohérentes pour la restructuration de la dette et une gestion plus efficace des droits de tirage spéciaux (DTS) par le Fonds monétaire international (FMI).
En plus des membres de la CEA et des représentants des gouvernements africains, des experts du FMI et de la Banque mondiale se joindront aux discussions.
Cette rencontre se tient au lendemain d’une crise de la Covid-19 au cours de laquelle les pays développés ont amorti les chocs économiques liés à la pandémie à coups de milliards de dollars émis par leurs banques centrales. Une initiative que ne pouvaient se permettre les pays africains, en tout cas pas dans la même ampleur.
Le dialogue de haut niveau intervient aussi après les échecs de plusieurs initiatives qui étaient censées soutenir les pays les moins développés dont plusieurs en Afrique, notamment en matière de restructuration de la dette, ou encore d’émission et d’allocation de nouveaux DTS dans le cadre du FMI.
Si les dix-sept résolutions sont adoptées, leur mise en œuvre effective ne sera pas évidente. La volonté du secrétaire général de l’ONU implique par exemple des réformes en vue d’une fiscalité internationale plus équitable, qui a reçu le soutien du groupe africain à travers une résolution qui propose de confier les discussions sur cette question aux Nations unies. Il faudra pour cela convaincre les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) dont les entreprises et les riches individus ont d’une certaine manière accumulé davantage de fortune selon des données concordantes. Cette question de fiscalité internationale n’apparaît même pas comme une recommandation singulière dans le cadre de la conférence d’Addis-Abeba.
D’un autre côté, la résolution des enjeux liés à la dette des pays africains devra se faire avec un narratif différent. L’Afrique subsaharienne est présentée comme étant en risque de surendettement. La vulnérabilité à la dette dans cette région est réelle, en raison des obligations de remboursement qu’elle impose dans les budgets publics, de la hausse des coûts d’endettement et de la dépréciation des monnaies face au dollar US.
Mais d’autres chiffres permettent d’avoir un autre aperçu. Selon des données compilées par la plateforme Statista, la dette nationale des pays de l’Afrique subsaharienne était estimée à seulement 55,3% du PIB en 2022 et la tendance est à la baisse jusqu’en 2025. Dans un document partagé avec les médias, l’Institute of International Finance (IIF) faisait remarquer que la moyenne du ratio dette sur PIB dans les pays développés était de 109%, bien qu’en recul.
Les décisions des ministres africains des Finances, de l’Economie et de la Planification sur ces questions seront attendues par l'ensemble des observateurs. Certains experts n'ont pas manqué de relever une difficulté à pousser loin dans les réformes, en raison de la diversité des intérêts. Rappelons que cette rencontre est la 55e du genre, et dans l'ensemble, il y a encore de nombreux défis à surmonter.
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