(Agence Ecofin) - Les investisseurs étrangers ont réduit leurs portefeuilles de placement au Nigeria de 15,7 milliards $, au cours du premier trimestre 2020, apprend-on d'une analyse de Fitch Ratings qui cite des estimations du Fonds monétaire international (FMI). « Nous prévoyons... que les réserves internationales du pays baissent de leur niveau de 38,6 milliards $ au 31 décembre 2019 à 23,3 milliards $ d'ici la fin de l'année 2020 », a fait savoir l'agence de notation dans sa note d'analyse.
Les réserves de change d'un pays lui permettent de régler les factures de ses importations, et de rembourser sa dette internationale. La dégradation de cette ressource réduira les possibilités d'importations du Nigeria de 5 mois à fin 2019 à seulement 3 mois au terme de l'année en cours. Plusieurs éléments ont conduit à cette situation.
Le Nigeria exporte essentiellement du pétrole qui génère 90% de ses revenus en devises. La baisse des prix de cette matière première ainsi que le repli des revenus du tourisme et des transferts de sa diaspora ont négativement impacté les revenus en monnaies étrangères du Nigeria. La Banque centrale a pris deux mesures à ce propos. Elle a tout d'abord légèrement dévalué la monnaie locale (naira), et elle a ensuite renforcé les procédures de rapatriement des devises par les étrangers.
Les conséquences de cette situation pèseront sur les banques, notamment celles qui ont emprunté sur le marché international et doivent trouver de la ressource pour rembourser leurs dettes. La baisse des ressources en devises risque aussi de réduire la capacité du gouvernement local à mobiliser des ressources budgétaires. Cela risque de ralentir les transferts effectués au titre de la subvention publique dans le secteur de la distribution des produits pétroliers qui concentre une part importante des crédits accordés par les banques.
Idriss Linge
Paris - France - The Westin Hotel Vendôme