(Agence Ecofin) - La Banque centrale nigériane a décidé d’interdire les devises aux importateurs de maïs. Cela risque d’accentuer l’inflation ; ce qui par conséquent réduirait le gain net sur les bons et obligations du Trésor dont les rendements sont en baisse.
La Banque centrale du Nigeria a pris une décision qui portera un nouveau coup à la rentabilité des bons du Trésor (emprunts à court terme) émis par le gouvernement. L'institution d'émission et de contrôle de la monnaie de la plus importante économie d'Afrique en termes de produit intérieur brut (PIB) a interdit l'accès aux devises via son canal aux importateurs de maïs.
La décision prise lundi 13 juillet 2020 vise à « augmenter la production locale, stimuler une reprise économique rapide, sauvegarder les moyens de subsistance en milieu rural et augmenter les emplois » perdus en raison de la pandémie de coronavirus, a indiqué la Banque centrale dans un communiqué. Cette initiative ne sera pas du goût des investisseurs qui ciblent les emprunts du gouvernement.
Le Nigeria est le deuxième producteur de maïs en Afrique avec un rendement de 1,6 tonne par hectare contre 4,6 tonnes pour l’Afrique du Sud. Mais il doit encore importer pour près de 400 000 tonnes pour combler son déficit d'offre. Dans ces conditions, les analystes craignent une flambée des prix des produits alimentaires et par conséquent une pression sur l'inflation globale.
La hausse généralisée des prix (inflation) au sein de l'économie nigériane est allée de pair avec une baisse des rendements sur les bons du Trésor (titres d'emprunts à court terme) ayant une maturité de 364 jours. La dernière émission (1er juillet 2020) de cette catégorie de produits financiers très recherchés des investisseurs s'est soldée par un taux d'intérêt de 3,4%.
Lorsqu'on rapproche ce niveau de rémunération de celui de l'inflation, d'un point de vue financier, les investisseurs sont dans une perte nette, car l'écart entre les gains sur les obligations à un an de maturité et les pertes potentielles du fait de l'inflation est négatif. La situation n'est pas meilleure pour les obligations à plus long terme. L'emprunt obligataire à 5 ans offre un rendement de 8%. Un niveau toujours inférieur à celui de l'inflation qui est présentement à 12,4%.
Idriss Linge
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