(Agence Ecofin) - En 2021, les banques commerciales de l’UEMOA ont repris quelques parts de marché sur le secteur de la monnaie électronique. Mais les opérateurs de télécommunications Orange et MTN continuent de dominer alors que les enjeux progressent.
En 2021, les banques commerciales de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont repris des parts sur le marché de la monnaie électronique, apprend-on d'un récent rapport de la Banque centrale sur la question. On apprend ainsi que dans un contexte marqué « par l'émergence des offres bancaires », ces établissements financiers classiques ont généré 23% des transactions dans le secteur, contre seulement 21% en 2020.
En valeur absolue, cela représente quand même 1,15 milliard d'opérations réalisées sur le champ de la monnaie électronique par les banques, selon des calculs de l'Agence Ecofin. Cette évolution des choses s'est faite au détriment des groupes de téléphonie mobile MTN et Orange. Ils continuent collectivement de dominer ce marché, mais avec une part qui n'était plus que de 71% en 2021, contre un peu plus de 76% en 2020.
Le marché de la monnaie électronique est véritablement au cœur d'une concurrence prononcée entre les opérateurs de téléphonie mobile, les banques et dans une certaine mesure les fintechs non bancaires qui ont mis en place des stratégies axées sur la tarification. En raison de la régulation et des objectifs de rentabilité, les banques ont manqué la transition vers l'utilisation du téléphone comme relais financier dans l’économie. Elles essaient de rattraper le retard, mais rien n'est évident.
Dans un pays comme le Bénin, l'obtention de son agrément d'émission de monnaie électronique par Moov Money, filiale du groupe Maroc Telecom, a mis fin aux activités de quatre banques, que sont Banque Atlantique, Ecobank, CCEI Bank et United Bank of Africa (UBA), qui jusque-là étaient partenaires du telco marocain.
Les enjeux sont désormais élevés pour le secteur bancaire qui, en raison d'une crise de confiance survenue dans les années 80 et 90, a cessé de jouer efficacement son rôle d'intermédiaire financier et de contribuer à l'inclusion financière. Le marché est désormais plus important que celui de la simple bancarisation.
En 2021, les données de la Banque centrale de l'UEMOA suggèrent qu'il y avait 131 millions de comptes de monnaie électronique ouverts dans la sous-région, soit un niveau de financiarisation de près de 100% (par rapport à la population).
Ces comptes existent et sont aussi actifs avec une valeur totale d'environ 64 000 milliards FCFA (environ 105 milliards $) de transactions effectuées sur l'année, soit 177 milliards FCFA de transactions journalières. Pour le moment, les dépôts et les retraits dominent encore dans ces transactions, mais on voit déjà se configurer des produits d'épargne et de microcrédit dans certains pays.
Selon certains experts, les banques commerciales, qui ont pris la mesure de cette concurrence, en arrivent parfois à tricher sur les compensations. Elles détiennent encore jusqu'ici le pouvoir de création de la monnaie, et donc la capacité à compenser dans les transactions. Dans la pratique, certains agents rendraient les procédures complexes pour les opérateurs de mobile money. Les évolutions futures du secteur seront à suivre pour l'ensemble de l'écosystème financier.
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.