(Agence Ecofin) - Après la publication en février 2022 d’un document de discussion sur les opportunités et risques des monnaies numériques de banque centrale, la Central Bank of Kenya a indiqué qu'elle prendra du temps pour suivre l’évolution des MNBC et ensuite évaluer la nécessité de leur mise en œuvre.
Au Kenya, la mise en œuvre d’une monnaie numérique « pourrait ne pas être une priorité à court ou moyen terme », selon la Banque centrale du Pays. Cette dernière l’a fait savoir dans un document de discussion sur la monnaie numérique de banque centrale (MNBC), publié le 02 juin dernier.
Après avoir pris en compte les opinions d’institutions publiques, de banques commerciales, prestataires de services de paiement, et même de partenaires de développement internationaux, la Central Bank of Kenya (CBK) a décidé d’adopter une approche prudente et mesurée, consistant à « suivre l’évolution des monnaies numériques », en Afrique et partout dans le monde, pour ensuite « évaluer à l’avenir la nécessité d’une monnaie numérique au Kenya », a-t-elle indiqué.
Cette décision du régulateur du secteur bancaire kényan a été influencée par plusieurs évènements au niveau mondial et sur le continent. La CBK a constaté que l’attrait pour les MNBC s’estompait sur la scène mondiale. De ce fait, « les banques centrales qui ont été les premières à lancer les monnaies numériques ont récemment été confrontées à des difficultés qui ont entravé leur mise en œuvre », a indiqué la CBK. En outre, l'instabilité récente du marché des cryptoactifs, avec la fermeture de deux grandes banques américaines du secteur des cryptomonnaies, a amplifié les inquiétudes et la nécessité d'un examen minutieux des risques liés à l'innovation et à la technologie.
Sur le continent, des circonstances moins favorables telles que les difficultés rencontrées par l’eNaira, la toute première expérience de monnaie numérique de banque centrale en Afrique, ont freiné les ambitions du Kenya.
Précisons qu’en février 2022, la Banque centrale kényane avait publié un document de discussion sur la monnaie numérique de banque centrale. Le texte examinait l'applicabilité d'une monnaie numérique potentielle au Kenya, tout en soulignant les opportunités et les risques potentiels d'une telle initiative. A travers cette opération, la banque centrale visait surtout à évaluer la perception du public sur les MNBC et leur acceptation en tant qu'alternative à la monnaie fiduciaire.
Sur le continent africain de manière plus large, l’expérience du Nigeria à travers sa monnaie numérique eNaira, lancée le 25 octobre 2021 par la Banque centrale du pays, peine à convaincre. Certes, l’eNaira a été la deuxième MNBC au monde, et la première sur le continent. Cependant, l’adoption de cette monnaie reste très faible. Le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué dans une étude publiée en mai dernier, que l’eNaira se heurtait à des technologies insuffisantes en plus de son faible niveau d’adoption.
Dans d’autres pays africains, les banques centrales ont engagé des réflexions sur les monnaies numériques. Dans une publication d’avril 2023 intitulée : « les monnaies numériques des banques centrales : où en est-on ? où va-t-on ? » le think tank marocain, Policy Center for the New South, indiquait que le Nigeria et le Ghana sont les plus avancés sur le continent en matière de monnaie numérique de banque centrale.
Au Maroc, il a été mis en place depuis 2021, un Comité chargé d’évaluer les coûts et avantages d’une MNBC. L’Egypte a lancé en 2022 une étude pour l’e-EGP. Une démarche identique est adoptée du côté de la BCEAO et de la BEAC.
Chamberline Moko
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