(Agence Ecofin) - Pour apporter des réponses efficaces aux conséquences économiques résultant des mesures prises pour limiter la propagation du covid-19 sur son territoire, le gouvernement du Nigeria a tendu la main aux bailleurs de fonds multilatéraux pour la mobilisation de 6,9 milliards $. La ministre des Finances, Zainab Ahmed (photo), a précisé le 6 avril 2020 que son pays demandera 3,4 milliards $ au Fonds monétaire international (FMI), 2,5 milliards $ à la Banque mondiale et 1 milliard $ à la Banque africaine de développement (BAD).
Le Nigeria a toutefois averti que l'appui sollicité du FMI ne doit être obtenu sous aucune conditionnalité ou programme économique, car il demande une ressource à laquelle il contribue en tant que pays membre. Le FMI et la Banque mondiale ont en effet annoncé avoir réservé 64 milliards $, pour venir en aide aux pays pauvres face aux défis que présente le covid-19. Une vingtaine de pays africains ont déjà effectué des demandes, mais rien n'indique que les soutiens souhaités seront apportés sans aucune contrepartie.
Au Nigeria, les secteurs banque et finance suivront l'évolution de ces actions du gouvernement avec beaucoup d'attention. Les investisseurs étrangers de la Bourse de Lagos ont déjà donné le ton, en cédant pour 98,8 milliards de nairas (254,3 millions $) d'actifs, rien que sur les mois de janvier et février 2020 contre seulement 110 millions $ d'investissements. On peut s’attendre à plus de désinvestissements avec les chiffres de mars 2020.
Pour ce qui est des banques, la baisse des prix du baril de pétrole en deçà des prévisions les plus pessimistes est une source d'inquiétudes pour les autorités monétaires du pays. Jusque-là, la stabilité du naira (monnaie locale) repose sur un niveau confortable des réserves de change, dont une part est assurée par des émissions de titres publics à court terme qu’achètent des investisseurs étrangers, et qui pour 2019, ont atteint le niveau record de 13,4 milliards $, selon le Bureau national nigérian des statistiques.
Face à la situation actuelle de baisse des revenus en devises, la Banque centrale a déprécié le naira de 17,5%, faisant passer le taux officiel de 307/1$ à 361/1$ avec effet depuis le 3 avril 2020. Dans une récente note sur la santé des banques commerciales nigérianes, l’agence de notation S&P Global Ratings a indiqué qu'une dévaluation de la monnaie nigériane à plus de 20% commencera à devenir un souci. Renflouer les réserves de change avec des apports de fonds des bailleurs multilatéraux serait donc une chose largement appréciée dans le secteur financier du Nigeria.
Idriss Linge
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