(Agence Ecofin) - Le Covid-19 déjoue pour l'instant les prédictions des experts sur sa portée en Afrique, mais le continent noir va au-devant de gros défis économiques. Une situation qui sera suivie notamment par les banques de la CEMAC (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale) et de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) est celle des travailleurs salariés qui sont bénéficiaires des crédits accordés par ces institutions financières.
Dans les deux zones, les banques centrales ont rapidement agi en apportant des assouplissements sur le refinancement des prêts accordés aux entreprises. La flexibilité introduite est l'admission au refinancement de plus de garanties données par des créanciers privés. On estime à 1000 milliards FCFA, le montant supplémentaire ainsi disponible en zone UEMOA. En zone CEMAC ce n'est pas encore très clair. La Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a autorisé des reports des échéances de remboursement des crédits pour les entreprises tandis que la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) a juste formulé des recommandations dans ce sens.
Si la contrainte de restriction des activités économiques se poursuit, cela deviendra rapidement un problème pour les entreprises obligées de réduire et de réorganiser leurs équipes afin d’éviter des risques de contamination parmi leurs employés. Cela crée une situation de congés partiels, mais qui seront payés alors même que le chiffre d'affaires ne suit pas.
L'accès des entreprises à plus de facilités au crédit bancaire ne sera donc pas d'une grande utilité. Il leur permettra juste de bénéficier d’une trésorerie exceptionnelle en temps de crise qu'elles devront rembourser lorsque la tornade sera passée. En l'absence de mesures concrètes des gouvernements des deux sous-régions pour apporter un soutien aux emplois privés, des défauts de remboursement de crédits de la part de cette catégorie de clients des banques risquent d'augmenter.
Les investisseurs qui ciblent les 13 banques activement cotées sur la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan semblent avoir aussi perçu ce défi de conjoncture parmi tant d’autres. Malgré les mesures de la BCEAO et les premières performances 2019 assez positives dans le secteur, l’indice des sociétés financières de ce marché boursier affichait le 3 avril 2020, une baisse de performance de 13,5% depuis le début de l’année.
Idriss Linge
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