(Agence Ecofin) - Le dollar continue de perdre de la valeur sur les marchés, en raison des mauvais signaux qui caractérisent encore l’économie américaine. Cette situation ne manque pas d’avoir des conséquences sur l’Afrique.
Lundi 30 novembre, l'indice qui mesure la valeur du dollar américain sur un panier d'autres devises est tombé à 91,75 points, selon des données de marchés consultées par l'Agence Ecofin.
C'est son niveau le plus bas depuis le début du mois d'août 2018. Cette baisse de la devise américaine qui vers la mi-mai 2020 a débuté comme une correction passagère sur le marché des monnaies est en train de devenir une situation permanente.
Au début de la crise du coronavirus, le monde financier s'est retrouvé dans la panique, et dans ce contexte, toutes les catégories d'investisseurs avaient besoin du dollar ; ce qui a fait augmenter sa valeur. Mais par la suite, à mesure que tout le monde prend conscience de l'ampleur du problème, la monnaie américaine a été délaissée progressivement pour des actifs comme l'or, et même le bitcoin.
Les investisseurs sont séduits par les solides performances des indices boursiers, comme le S&P 500 qui regroupe les 500 plus grosses entreprises cotées sur les marchés financiers américains. Mais, cette progression cache d'importantes disparités, et surtout un risque de bulle spéculative. Les deuxièmes valeurs refuges pour les investisseurs, les bons et obligations du Trésor, rapportent désormais de faibles rendements.
Malgré la victoire de Joe Biden et le retour à ce qu'on peut appeler « plus de prévisibilité dans l'administration américaine », les indicateurs économiques aux USA ne rassurent pas. Le nombre de cas de contamination depuis le début de la pandémie a déjà atteint les 4 millions dans le pays. C'est moins de 1% de la population, mais au regard du nombre de morts enregistrés, cela crée une panique profonde.
Les ventes de soldes générales (Black Friday) ont chuté de 52%. On a noté un ralentissement de l'activité dans les zones manufacturières de Chicago et de Dallas, et les analystes s'attendent à ce que la Banque centrale continue d'afficher une relative prudence.
Pour l'Afrique, un dollar faible est une bonne chose au final. Le continent a été touché dans son économie, malgré un niveau de contamination faible. La covid-19 a impacté les exportations de la région. Elles ont baissé en volume réduisant ainsi les recettes en devises. Si en plus des baisses de revenus il faut gérer un dollar plus faible, cela fait une double baisse qui aura un impact sur la masse monétaire des pays africains.
La bonne nouvelle c'est qu'un dollar plus faible a un impact positif sur le service de la dette extérieure. La contrainte de mobiliser des ressources pour payer ce qu'on doit est plus faible, et le risque d'une inflation est aussi réduit.
Mais, on ne peut pour l'instant pas dire quels peuvent être les effets d'une baisse prolongée de la monnaie américaine. Sur ce point, les spécificités économiques de chaque pays seront déterminantes.
Idriss Linge
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »