(Agence Ecofin) - La covid-19 a contraint les banques à restructurer certains crédits accordés à leurs clients. Cela traduit une baisse future des revenus. Parallèlement, les provisions pour se couvrir des risques de non-remboursement de certains prêts affectent la rentabilité. Deux facteurs qui font fuir certains investisseurs.
Les banques kényanes cotées sur le Nairobi Securities Exchange continuent de voir leurs valeurs boursières baisser. C'est le signe que les investisseurs se montrent prudents quant à la possibilité pour ces banques de générer des marges en hausse au cours de cette année. Des données de Capital IQ suggèrent qu’elles ont vu leurs valeurs reculer entre 12% et 35% depuis le début de l'année.
Cette contreperformance boursière est observée alors que l'activité d'exploitation de ces banques a été marquée par la hausse de 9,2% des crédits accordés à l'économie au cours du mois d'avril 2020, signe que les intermédiaires financiers renouvellent leur confiance aux acteurs économiques. Par ailleurs, la valeur boursière des banques kényanes qui sont cotées en bourse demeure assez faible avec des ratios de cours sur bénéfice qui sont plus bas que la moyenne de ce marché financier.
Les investisseurs ont été attentifs à la progression du niveau de restructuration des crédits. L'encours global de la dette bancaire révisée était de 102 milliards de shillings (960 millions de dollars), dont 48,7% qui ont vu les paiements d'intérêt réorganisés sur des périodes allant de 9 mois à un an. Or normalement, les revenus d'intérêt constituent encore jusqu'à 50% du chiffre d'affaires des banques au Kenya.
Dans le même temps, les banques ont dû réduire leurs marges pour se protéger du risque de défaut de leurs clients. « Avec des tensions supplémentaires qui devraient survenir à partir du deuxième trimestre 2020, nous pensons que des provisions supplémentaires pour pertes sur prêts pourraient encore être nécessaires, d'autant plus que les préoccupations économiques autour de la covid-19 deviennent plus sévères », a déclaré la firme d'investissement kényane Kestrel Capital, dans une note d'analyse.
Idriss Linge
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