(Agence Ecofin) - En marge de la conférence internationale sur les mines au Cameroun (Cimec) qui s’est ouverte à Yaoundé mercredi dernier, 29 mai 2013, l’agence EcoFin a rencontré David Meehan, le directeur des opérations de Sundance Resources Limited et chef du projet d’exploitation de fer de Mbalam-Nabeba. Il fait le point sur ce projet d’exploitation de fer de Mbalam que pilote sa filiale camerounaise Cam Iron SA. Selon la convention minière signée en novembre 2012, l’investissement global que nécessite le projet Mbalam-Nabeba est de 8,7 milliards de dollars. Avec ce montant, Cam Iron SA, la filiale camerounaise de Sundance Resources, va exploiter, sur une superficie de 783 km2, 200 milliards de tonnes de fer, dont 150 milliards de tonnes de minerai riche. Le ministère camerounais en charge des Mines affirme que le Cameroun percevra des royalties d’environ 6000 milliards de FCFA versées par Sundance sur les 25 années d’exploitation.
Agence Ecofin : Après l’abandon des négociations en vue du rachat de Sundance Ressources Limited par l’entreprise chinoise Hanlong Africa, où en êtes-vous avec la recherche d’un autre partenaire pour le développement du projet d’exploitation de fer de Mbalam-Nabeda au Cameroun et au Congo ?
David Meehan : Nous sommes absolument convaincus que nous aurons d’autres partenaires. Pour plusieurs raisons. La raison principale c’est que c’est un très bon projet en termes de qualité et de quantité de fer. C’est un très bon projet parce que nous avons terminé toutes les études, c’est un bon projet parce que nous avons conclu avec le gouvernement camerounais plusieurs accords et conventions. En plus, c’est le projet d’exploitation de fer commercialement le plus viable dans la sous-région Afrique centrale. Pour ceux qui veulent investir dans les projets miniers, notre projet est le meilleur en Afrique centrale.
AE : Apparemment, parmi les potentiels partenaires chinois se trouvent encore les entreprises chinoises. C’est bien cela ?
DM : Le gouvernement chinois va soutenir un autre partenaire chinois, mais nous sommes en train de discuter avec d’autres potentiels partenaires en Chine, mais aussi en dehors de la Chine pour trouver quel sera la meilleure solution pour nous, pour le Cameroun et pour le projet. Nous travaillons durement pour cela et nous avons le soutien total du gouvernement camerounais. Nous aurons bientôt le nom de notre futur partenaire.
AE : Avec quelles compagnies chinoises discutez-vous ?
DM : Nous discutons avec les compagnies spécialisées dans le fer et l’acier, avec les banques chinoises de financement et avec les compagnies chinoises de construction. Je ne peux pas vous dire qui sera le partenaire final. A ce stade, les discussions sont confidentielles. Quand nous aurons suffisamment avancé avec les discussions, nous allons inviter le ministre camerounais Louis Paul Motazé en Chine et le gouvernement camerounais sera associé dans le choix final du partenaire.
AE : Vous avez déjà invité M. Louis-Paul Motazé ?
DM : Nous les avons invités de venir en Chine quand nous aurons suffisamment avancé dans le travail.
AE : Ce sera quand ?
DM : Probablement en août prochain ou en juillet. Je ne sais pas exactement. Ce n’est pas encore finalisé. Il n’y a pas de doute la dessus, il y a des personnes qui veulent s’associer à nous en Chine, en Europe et au Moyen Orient. Nous recherchons le meilleur partenaire pour nous, pour le projet et pour le Cameroun.
AE : Au Moyen Orient qui sont les potentiels partenaires ?
DM : Au Moyen Orient, ce sont beaucoup plus les partenaires financiers qui sont intéressés. Pas les compagnies spécialisées dans l’acier et l’exploitation du fer. Encore moins les entreprises de construction. Je ne veux pas donner des noms maintenant. Nous avons des clauses confidentielles avec les personnes avec qui nous discutons. Nous travaillons avec plusieurs partenaires et il est très tôt de les nommer en ce moment.
AE : Quand comptez-vous terminer ces discussions avec vos potentiels partenaires ?
DM : Nous allons terminer les discussions probablement au mois de juin 2013 et nous aurons donc une shortlist. Trois mois plus tard, nous saurons qui sera le partenaire final.
AE : Vous avez déjà obtenu la convention minière, avez-vous déjà complété toutes les exigences sollicitées par le Cameroun pour qu’il vous accorde le permis d’exploitation ?
DM : Oui. Nous avons rempli toutes les exigences demandées par le code minier camerounais pour avoir un permis d’exploitation.
AE : Les populations camerounaises s’inquiètent du fait que le chemin de fer qui sera construit pour acheminer le fer au port à Kribi ne sera pas disponible pour le transport des populations riveraines, mais uniquement pour le transport du fer qui sera exploité de Mbalam. Pourquoi avoir finalement choisi de construire une route le long du chemin de fer au lieu de permettre les trains pour passagers sur le chemin de fer qui sera construit ?
DM : Les gens doivent comprendre que les trains qui transportent les minerais sont très différents de ceux qui transportent les populations. Mettre conjointement sur un chemin de fer les trains transportant les minerais et les trains transportant les passagers n’est pas sécurisant. Nous sommes une compagnie qui refuse de faire ce qui n’est pas sécurisant et qui refuse de mettre en danger la vie des populations camerounaises. Si vous allez partout dans le monde où vous trouvez les grandes exploitations de minerais, il y a des chemins de fer simples pour les passagers et les chemins de fer pour les minerais. Ce que nous avons proposé au gouvernement camerounais c’est de construire une route bitumée le long du chemin de fer et de mettre un bus de transport public à la disposition des populations qui veulent voyager. Nous avons signé un engagement légal à ce sujet avec le gouvernement camerounais. Nous ne pouvons pas mettre la vie des citoyens camerounais en danger en leur permettant de voyager sur le chemin de fer parce que cela ne serait pas sécurisé.
AE : Combien envisagez-vous investir pour cette route ?
DM : Nous comptons investir 200 millions de dollars US pour la construction de cette route.
AE : Et finalement combien coutera le chemin de fer quant-à lui ?
DM : Le chemin de fer coutera trois (3) milliards de dollars US.
AE : Et c’est le partenaire que vous recherchez qui financera aussi cela…
DM : Exact.
AE : De nombreux Camerounais, notamment les populations riveraines de Mbalam où sera exploité le fer, attendent en vain la concrétisation de ce projet depuis des dizaines d’années. Le fait que votre potentiel partenaire Hanlong ait jeté l’éponge il y a quelques mois a conforté le pessimisme de certains. Quelles assurances donnez-vous aux populations pour la réalisation de ce projet ?
DM : Ce projet sera absolument réalisé.
AE : Comment justifiez-vous cet optimisme ?
DM : Nous avons signé de nombreux engagements avec l’Etat camerounais. Et nous avons déjà dépensé 300 millions de dollars pour la mise sur pied de ce projet. Nous n’allons donc pas abandonner ce projet. Si nous n’étions pas engagés, nous serions déjà partis et nous n’aurions pas autant investir dans ce projet. Et nous continuons à investir quatre millions de dollars US chaque mois. Nous sommes au Cameroun pour implémenter ce projet.
Propos recueillis par Beaugas-Orain Djoyum
Accra, Ghana