(SIMA) - Parier sur l’idée que la prochaine plus grande superstar planétaire de la musique viendra d’Afrique n’est plus ubuesque. Le regard sérieux que jettent les Majors de l’industrie musicale mondiale sur les artistes africains depuis quelques années démontre que sur le continent, il y a un réel potentiel de prendre le lead. Ces grandes maisons jouent des coudes pour avoir la plus grosse part de marché. La musique africaine et ses acteurs en profitent et se portent de mieux en mieux.
L’Afrique, le nouvel eldorado de la musique mondiale
Produire et gérer la carrière d’artistes africains comme Burna Boy, Fally Ipupa, Diamond Platnumz ou Yemi Alade, c’est le nec plus ultra du showbiz. Même si elle n’a pas encore atteint des seuils honorables en termes de chiffres d’affaires dans un pays comme la France ou dans le monde (elle ne représente que 2 % des revenus de l’industrie musicale en France et 0,7 % des royalties perçues au niveau mondial), la musique africaine règne de plus en plus sur les hits mondiaux. C’est une bonne raison de croire qu’elle explosera véritablement d’ici quelques années.
Ce potentiel n’a pas échappé aux yeux de quelques Majors qui ont vite fait de s’installer dans certains pays du continent afin d’avoir la meilleure position possible. Ainsi, Universal Music et Sony Musical, deux poids-lourds du domaine, ont déposé leurs valises dans un pays comme la Côte d’Ivoire, réputé depuis des dizaines d’années pour être le carrefour de la musique du continent.
La présence de ces Majors sera d’ailleurs examinée au cours d’un panel de haut niveau lors de la 1ère édition du Salon des industries musicales de l’Afrique francophone (SIMA), qui se tiendra du 17 au 18 novembre 2022 au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan. «La place et le rôle d’une Major dans l’industrie musicale africaine : entre fantasmes, réalités et opportunités», voici le thème de ce panel qui sera animé par Franck Kacou, directeur général de la maison de disques Universal Music Africa! Avoir la présence de Majors tels que Universal, Sony, Warner réunies au cours de ce Salon est une aubaine pour de nombreux artistes ainsi que pour l'écosystème musical d’Afrique francophone qui seront présents.
« Nous avons une vision, donc accompagnons plus naturellement les artistes, les labels qui en ont une également complémentaire à la nôtre. Nous souhaitons multiplier les success stories locales pour inspirer et créer des vocations. Mais la musique a ceci de merveilleux que rien ne nous empêche, dans le contexte actuel, de saisir des opportunités à l’extérieur de nos marchés», a affirmé Franck Kacou dans une récente interview.
En attendant de les écouter davantage évoquer ce sujet, il est déjà clair que l'attention singulière de ces Majors a un impact certain sur l’état de l’industrie musicale locale et internationale.
L’impact des Majors dans la musique africaine
En effet, en injectant des sommes faramineuses dans les projets discographiques d’artistes africains, elles assurent à ceux-ci un boom littéral : plus de visibilité à l’étranger, donc plus de streaming, de tournées et beaucoup de bénéfices pécuniaires.
Ce n’est pas le rappeur ivoirien à succès Suspect 95 qui nous dira le contraire:
« Moi, je ne vois pas les Majors comme des structures qui vont faire de la magie du jour au lendemain. Je vois plus ça comme des gens qui vont déployer une vraie énergie pour t’amener plus loin. Lorsque tu n’es pas signé, il y a des portes auxquelles tu ne peux pas avoir accès comme la promo, etc. Même avec internet ! Une Major, elle est là pour t’aider à développer ton talent et pas pervertir ton art», a-t-il déclaré.
Pour A’salfo, star africaine de la musique Zouglou et leader du groupe Magic System, l’arrivée en force des Majors est perçue comme une bouffée d’oxygène pour les artistes. « Ça va redonner un espoir aux artistes ici, qui n’avaient plus de producteurs et qui avaient leurs maquettes dans leurs tiroirs. Aujourd’hui, ces maquettes pourront ressortir», a-t-il confié au micro de RFI.
Autre impact des Majors dans le paysage musical africain: l’incitation au travail des artistes. Avoir la possibilité pour un artiste de travailler avec une Major équivaut au recrutement d’un footballeur par un club de football de classe mondiale. Il n’est pas question de dormir sur ses lauriers si l’on veut satisfaire le recruteur et maintenir le contrat. On constate alors un regain de qualité dans les différentes productions de ces artistes qui travaillent d’arrache-pied afin de mériter la confiance de leurs puissants nouveaux producteurs.
Deux, trois ou quatre Majors présentes sur le continent, c’est un bon départ mais il faudra penser à structurer davantage l’industrie musicale africaine afin d’en attirer davantage pour le plus grand bonheur des acteurs et des mélomanes.
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