(Agence Ecofin) - Il y a une dizaine d’années, moins de la moitié des pays africains disposaient d’une quelconque forme de connexion à la fibre optique. Le Sénégal faisait partie de ce lot, lui qui dispose de la fibre optique depuis 2000. Au Sénégal, en effet, la connexion à la fibre optique a commencé relativement tôt, comparativement à beaucoup de pays africains.
Depuis plusieurs décennies, le Sénégal dispose, toutes proportions gardées, d’une assez bonne infrastructure téléphonique. Celle-ci commence à s’affirmer dès après le milieu des années 1970. En 1977 et 1978, la Sonatel, alors unique opérateur du pays, bénéficie déjà des câbles sous-marins Antinea et Fraternity. Le premier connecte Dakar à Casablanca avec 640 circuits dont 160 reliés à la Sonatel. Le second connecte Dakar à Abidjan avec 480 circuits dont 56 reliés à la Sonatel. Il ne s’agissait pas cependant de câbles numériques, mais de câbles analogiques. Atlantis-1, installé après Antinea et Fraternity, était aussi un câble analogique. Il a été construit en 1982 pour renforcer les services d’Antinea et de Fraternity, et se compose de deux segments : le S1, qui relie Dakar à Récife, au Brésil, pour 12 circuits appartenant à la Sonatel sur les 1380 circuits du câble ; et le S2, qui relie Dakar à Burgau, au Portugal, pour 560 circuits appartenant à la Sonatel sur les 2580 circuits du câble.
Ainsi, avant l’arrivée des câbles à fibre optique, qui consacrent l’entrée du Sénégal dans la technologie numérique, le pays est relié au reste du monde par les câbles Antinea, Fraternity et Atlantis-1. Cette connexion internationale est renforcée par un système géré par la station terrienne de Gandoul, à une cinquantaine de kilomètres de Dakar, dont les deux grandes antennes alimentent 1186 circuits pour les communications internationales.
Démocratisation de l’Internet
C’est avec Atlantis-2 que la Sonatel entre dans la technologie de la fibre optique et le Sénégal dans les télécommunications numériques. Initié en 1997, Atlantis-2 a coûté 370 millions d’euros pour un câble sous-marin de 12 000 km. Propriété d’un consortium d’opérateurs dont l’opérateur brésilien Embratel est l’actionnaire le plus important (100 millions d’euros d’investissement), le câble Atlantis-2 connecte l’Amérique du Sud à l’Europe, en passant par les îles du Cap-Vert et le Sénégal. La Sonatel y a investi 10 millions d’euros. La capacité de ce câble, inauguré en 2000 – 5 Gb/s − permet à la Sonatel d’être reliée à la France avec une capacité de 45 Mb/s.
6 millions d’appels téléphoniques par seconde
Les infrastructures numériques se poursuivent avec le projet SAT-3/WASC/SAFE auquel la Sonatel participe également. Initié pour résoudre le problème de la faible connectivité africaine (à l’époque, seulement 20 pays africains avaient des infrastructures de fibre optique), SAT-3/WASC/SAFE, long de 27 000 km, a une capacité de 120 Gb/s, ce qui correspond à une possibilité de gestion simultanée de 6 millions d’appels téléphoniques par seconde. Le projet lui-même est le fruit d’un partenariat entre de nombreux acteurs, dont France Télécom et la Sonatel. Il a permis d’installer le haut débit au Sénégal, car c’est peu après la mise en fonction de ce câble, en 2002, que l’ADSL y fait son apparition, en 2003, permettant une très remarquable réduction des coûts d’accès. Le projet aura coûté à ses actionnaires la bagatelle de 650 millions de dollars (environ 450 milliards de francs CFA).
La Sonatel est aussi partie prenante du projet ACE (Africa Coast to Europe), un nouveau câble sous-marin en construction. Initié par 17 opérateurs, les 14 000 km de ce câble vont connecter la côte africaine à l’Europe à partir de cette année 2011, tout en intégrant les plus récentes technologies sur les câbles sous-marins dans une capacité totale de 1,92 Tbit/s.
Une démocratisation de l’Internet
La fibre optique a permis à la Sonatel de franchir de nouvelles étapes dans ses offres de services. Grâce à l’introduction de l’ADSL, une démocratisation de l’Internet s’est progressivement installée avec, à la clé, une véritable baisse des coûts des connections. Dans les cybercafés, le coût de la connexion horaire est passé de 1500/2000 FCFA à une moyenne de 200 FCFA. Pour les particuliers, la connexion permanente a été rendue possible à des coûts abordables ce que ne permettait auparavant que l’abonnement à une ligne spécialisée à un prix prohibitif, uniquement accessible aux entreprises. L’opérateur sénégalais a aussi permis à d’autres opérateurs de la sous-région, de lancer l’ADSL dans leur pays, en passant par le hub de câbles sous-marins de Dakar. Cela a été le cas pour le Mali, la Mauritanie, la Guinée et le Burkina Faso.
L’utilisation de la fibre optique des câbles sous-marins a permis au Sénégal, et grâce à la multiplication des points d’accès sur le territoire, de rendre aujourd’hui l’Internet disponible en n’importe quel point du pays. Tous les Sénégalais, quel que soit l’endroit où ils se trouvent dans le pays, ont maintenant la possibilité de se connecter à l’Internet et de bénéficier des 5,9 Gbps de bande passante, l’une des plus importantes du continent.
Alain Just Coly
Article paru dans le magazine Réseau Télécom Network No 50
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