(Agence Ecofin) - Les ventes de Lafarge Africa Wapco, le groupe filiale au Nigéria du geant mondial des matériaux de construction Lafarge/Holcim, a plongé de 7,4% sur le Nigerian Stock Exchange, au terme de la journée du 9 avril 2018, et cela, malgré l'annonce d'un dividende de 1,5 naira pour chaque action.
Les investisseurs du marché financier nigérian semblent être restés sur les mauvaises nouvelles qui ont découlé des performances financières de l'entreprise au cours de l'année 2017, alors qu'ils avaient été invités à souscrire à une augmentation de capital, avec des promesses d'amélioration de rendement.
Les ventes ont bel et bien décollé, et sont passées de 219,1 milliards de nairas (monnaie nigériane) à 299,15 milliards de nairas, soit une amélioration de 80 milliards de nairas (241 millions de nairas, si on prend en compte le taux de change de 331,1 nairas pour 1 $ utilisé dans le rapport financier).
Mais l'entreprise a du faire face à une hausse toute aussi significative (204,4 millions $) de ses charges d'exploitation, notamment les coûts variables, comme les dépenses de distribution qui ont bondi de près de 53,7 millions $.
Mais une part importante des charges est venue d'une situation exceptionnelle. Le groupe avait décidé de construire une voie d'évacuation de sa production à partir d'un de ses sites de la région de Calabar (sud-est du Nigéria). Il y a engagé 12,4 milliards de nairas. Par la suite, ses dirigeants ont eu recours à une firme d'audit indépendante, pour savoir si l'ouvrage serait susceptible de soutenir son activité. Le verdit de l'audit a été qu'il fallait réaliser des travaux suplémentaires impliquant une moins value à ajouter de près de 19 milliards de nairas.
Le management de Lafarge Africa a expliqué à Reuters, que c'est cette situation exceptionnelle qui a gonflé les charges de l'entreprise, et conduit à un creusement de son déficit avant impôts à 34 milliards de nairas, contre 22,8 milliards de nairas en 2016.
Dans ce contexte, le groupe a réalisé une perte de 34 milliards de nairas en 2017, contre un résultat négatif de seulement 23,4 milliards de nairas en 2016.
L'entreprise demeure toutefois optimiste sur ses perspectives de 2018 et n'hésitera certainement pas à puiser dans ses confortables réserves de revenus de plus de 160 milliards de nairas, pour recompenser ses actionnaires. Si en 2016 la perte avait été compensée par une remise d'impôts, en 2017 une telle situation ne s'est pas repétée et le dividende de 1,5 naira paraît inespéré, face à une perte par action de 6,5 nairas environ.
Pour 2018, ses responsables espèrent que la reprise de l'économie en Afrique du sud et au Nigéria (ses deux principaux marchés), va entraîner un rebond des ventes et donner plus de rendements, aux 364 millions $ injectés en 2017 dans l'amélioration de la production, après l'augmentation de capital. Le bénéfice d'exploitation non consolidé (sans tenir compte des filiales) de Lafarge Wapco (la filiale nigérianne) qui a presque triplé, semblent soutenir cette position.
Idriss Linge
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