(Agence Ecofin) - Après avoir constaté la forte demande en piment sur le marché d’exportation, Magaret Komen a quitté son travail en Angleterre pour créer une entreprise de transformation de ce fruit dans son pays. Au bout de quelques années, elle a réussi à valoriser le chili kényan à l’international.
À Eldoret, ville située dans le comté d’Uasin Gishu au Kenya, l’entreprise Mace Foods s’est spécialisée dans la transformation de piment sous différentes formes. Son produit phare, le chili (African Long’s Eye et Long Cayene), est cultivé sur une surface de plus de 200 hectares principalement dans les provinces du Kenya Occidental, de Nyanza et de la Vallée du Rift. Déjà très présente sur le marché local avec une part de 44% de l’industrie, Mace Foods a conquis l’Occident et les États-Unis avec une représentation en Allemagne qui assure la chaîne de distribution.
C’est en 2001 que Margaret Komen, la fondatrice, a eu l’idée de transformer le piment. Après une carrière professionnelle en Angleterre, elle a obtenu un diplôme en science alimentaire et nutrition, et un stage durant lequel elle a décroché son premier client lors d’un salon de l’alimentation. Elle n’avait alors aucune expérience dans cette industrie et ne possédait pas de société enregistrée.
« Du côté des clients tout semblait réglé, mais sur le terrain ici au Kenya, rien n’était en place. L’histoire des origines de Mace Foods est une combinaison de passion et de chance », a-t-elle confié sur How We Made It In Africa.
Margaret Komen a en effet observé une forte demande et glané de nombreux renseignements sur le piment durant cette exposition. L’Inde, premier exportateur de piment vers l’Europe à l’époque, avait été interdite de commerce cette année à cause de la présence de colorants cancérigènes dans les cargaisons. Les acheteurs cherchaient des sources alternatives, et elle a profité de cette opportunité pour se lancer.
De retour au Kenya, Margaret a acheté un sac de piment qu’elle a transformé en poudre et expédié à son client en Allemagne. Ce dernier a approuvé l’échantillon et passé une commande d’un conteneur, ce qui lui a permis de décrocher ses premiers financements auprès de ses proches et d’une banque pour officiellement créer Mace Foods en 2002. Au fil des années, l’entreprise a réussi à gagner du terrain en Espagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Italie.
En plus d’offrir un vaste marché à l’industrie kényane du piment, Mace Foods contribue à l’augmentation des revenus de plus de 5 600 petits exploitants travaillant sous contrat. Elle emploie également près d’une centaine de personnes impliquées dans la gestion et les opérations de son usine.
Toutefois, sa croissance a été ralentie dès le départ, à cause de l’accès difficile à la matière première, les défis climatiques et plus récemment, le Coronavirus avec la fermeture des frontières ayant affecté les activités d’import-export. Pour y faire face, Margaret Komen a développé une nouvelle stratégie marketing orientée sur le marché local. En outre, elle est entrée en contact avec des exploitants hors d’Eldoret afin d’assurer une continuité dans les approvisionnements.
Depuis son lancement, Mace Foods a été plusieurs fois soutenue par des organisations d’envergure comme l’USAID, le Centre du commerce international de Genève et la Kenya Climate Venture. Des reconnaissances qui lui ont permis de faire passer sa capacité de production annuelle à plus de 80 tonnes métriques et de réaliser un chiffre d’affaires de 250 000 USD par an.
À présent, Margaret Komen espère obtenir des fonds pour diversifier son offre et ainsi devenir une pionnière dans la fabrication de dérivés de piment pour l’industrie pharmaceutique et alimentaire.
Aïsha Moyouzame
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