(Agence Ecofin) - Seuls 3 % des 1,7 milliard de dollars levés par des start-up africaines sont allés à des équipes promotrices exclusivement féminines, d’après Briter Bridges et la Banque mondiale. Une disparité qui s’expliquerait notamment par l’absence des femmes dans les secteurs financiers et technologiques.
‘’In search of equity’’ est un rapport de Briter Bridges et du Gender Innovation Lab de la Banque mondiale qui vise à fournir une analyse sexospécifique de la situation du financement des start-up en phase de démarrage. Publiée début octobre, l’enquête a examiné 1 112 entreprises opérant en Afrique qui ont reçu des fonds de capital-risque entre 2013 et mai de cette année. Ces entreprises ont levé 1,7 milliard de dollars à travers 1 585 transactions, toutes inférieures à 20 millions de dollars.
Elle a aussi révélé que 75 % des 1 112 entreprises avaient des équipes promotrices exclusivement masculines, 9 % des équipes exclusivement féminines et 14 % un mélange de fondateurs masculins et féminins. Seuls 3 % des 1,7 milliard de dollars sont allés à la seconde catégorie, 76 % étant dirigés vers la première. L’étude a été menée au sein de start-up des domaines de la FinTech et de la technologie, qui sont parmi les plus financées sur le continent.
Selon les données recueillies auprès des promoteurs ayant participé à l’analyse, cette disparité financière pourrait s’expliquer par l’absence de femmes leaders dans les secteurs de la finance et de la technologie en général. Il y a aussi un manque de confiance des investisseurs, qui auraient tendance à associer les caractéristiques d'un entrepreneuriat réussi aux hommes plutôt qu'aux femmes. D’après une étude mondiale menée par le groupe bancaire international HSBC en 2019, une telle disparité s’observe également au sein des structures d’investissements, majoritairement composées d’hommes.
Pourtant, l’Afrique présente le taux le plus élevé de femmes entrepreneures, avec 24 % contre 11 % en Asie du Sud-Est et Pacifique, 9 % au Moyen-Orient, 6 % en Europe et Asie centrale. Cependant, il faut noter que ces entreprises sont pour la plupart plus petites et moins rentables que celles créées par des hommes (6 fois moins de capital et des profits inférieurs de 40 %).
Comme solutions potentielles, encourager davantage de filles à faire carrière dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques (STEM), et leur présenter l'entrepreneuriat comme une option viable. Ces deux actions conjointes pourraient contribuer à accroître la présence de femmes dans les entreprises, qui pourraient ensuite fonder des start-up.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre le fossé financier lié au genre en Afrique, dans un contexte où les femmes représentent 58% de la population active.
Aïsha Moyouzame
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.