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Au Cameroun, des bibliothèques mobiles en réponse à l’analphabétisme et à la guerre - (Entretien)

  • Date de création: 11 août 2021 15:23

(Agence Ecofin) - L’Extrême-Nord du Cameroun enregistre un haut taux d’analphabétisme, aggravé par la doctrine de Boko Haram. Pour David Wanedam, entrepreneur social engagé pour le développement par la lecture, la solution serait la biblio-moto, un concept de bibliothèque mobile qui prend de l’ampleur à Maroua.

Agence Ecofin : Le projet ‘’Moota Andal’’, qui signifie ‘’Le véhicule du savoir’’, est promu par l’association Lire au Sahel basée à Maroua au Cameroun. Concrètement, qu’est-ce qu’une biblio-moto ? 

David Wanedam : C’est une médiathèque mobile qui veut redonner sa place à la lecture, dans un environnement où cet élément essentiel est délaissé. Nous disposons de deux tricycles aménagés, qui sillonnent la ville avec des livres qu’on prête gratuitement aux usagers. Mais notre cible principale reste les jeunes. C’est vers eux que ce projet est spécifiquement orienté. C’est pour ça que plus de 60 % de nos livres sont des livres jeunesse. Nous avons pu nous offrir ce dispositif grâce à l’ambassade de France au Cameroun et le soutien technique de l’ONG Bibliothèques sans frontières (BSF). C’est BSF qui nous a permis d’avoir un module dénommé Ideas Cube, qui est en gros un serveur mobile, avec 500 Go de produits éducatifs en PDF, video et audio. Grâce à cet ensemble, nous avons des arguments pour intéresser les jeunes à la lecture et tout ce qui gravite autour.

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AE : Comment vous est venue l’idée d’un tel projet ? 

DW : ‘’Moota Andal’’ est né d’un constat selon lequel les bibliothèques publiques sont toutes fermées à Maroua. Le cas le plus triste est celui de la bibliothèque municipale qui est fermée depuis une décennie. C’est un ensemble de constats qui m’ont poussé à m’investir dans ce domaine. Mais pour résumer, c’est vraiment parce qu’il n’existait pas d’espace où on peut trouver une BD dans la ville. Même pas à la vente. J’ai aimé lire les BD. Alors, j’ai voulu transmettre ce virus aux plus jeunes. Mais avec l’idée permanente que l’absence d’éducation, de savoir en général, fait la courte échelle aux extrémismes et à la violence que nous voyons aujourd’hui. 

AE : Les taux d’analphabétisme et de sous-scolarisation dans cette partie du pays sont élevés. Comment ‘’Moota Andal’’ pourrait contribuer à améliorer le contexte actuel ?

DW : Outre ces deux aspects, il faut relever un problème majeur qui est celui des actes de naissance que beaucoup d’enfants n’ont pas. Une récente étude du MINEDUB et de l’UNICEF a indiqué que dans trois départements sur les six que compte de la région, 52% des enfants n’ont pas d’acte de naissance. Cela fait 269 151 enfants inscrits au primaire en 2019-2020. Et on ne parle que de trois départements enquêtés sur six. Un fait qui m’a aussi marqué, c’est que le taux de possession d’un livre est très faible. Ce taux pouvait descendre à 4% dans certaines classes. Comment veut-on qu’un enfant ait envie de lire s’il n’a jamais l’occasion d’entrer en contact avec des livres ? Il faut les lui proposer. Pour nous, la lecture est l’acte essentiel par lequel chacun peut apprendre, découvrir. 

AE : Comment ‘’Moota Andal’’ peut contribuer à la lutte contre la guerre qui sévit dans l’Extrême-Nord depuis plusieurs années ? 

DW : L’enjeu est clair aujourd’hui. Il ne faut pas laisser la place à l’obscurantisme. Dans un environnement où Boko Haram et ses différentes déclinaisons tiennent un discours qui parle aux jeunes, il est important de produire un contre-discours. De se mobiliser et de proposer une alternative plus intéressante. Il est urgent de se mobiliser pour la formation de nos cadets. On doit leur montrer que c’est par le savoir que le Cameroun et l’Afrique peuvent exister. Mêmes nos savoirs endogènes disparaissent progressivement, parce qu’il était oral. Je suis heureux que de plus en plus de gens les mettent dans des livres.

AE : Outre l’aspect social, comment « Moota Andal » crée de la richesse ? 

DW : C’est un modèle socioéconomique hybride. Les associations qui réussissent le mieux sont celles qui arrivent à concilier différents types de revenus et de ressources : bénévolat, cotisations des membres, ressources privées, dons, vente de produits… Aujourd’hui, nous arrivons à exister grâce à ce financement de l’Ambassade de France. Mais ce financement s’achève en septembre. Nous continuons à croire que d’autres partenaires investiront dans ce que nous faisons.

AE : Vous en êtes à vos débuts et comme vous l’avez souligné, le sous-financement constitue un obstacle à l’évolution du projet. Quels sont les autres défis que vous rencontrez ? 

DW : Le principal défi, c’est de briser les barrières. Les parents à qui nous parlons pensent que nous faisons de l’éducation pure. Et que nous sommes une école. D’autres ne comprennent pas du tout l’intérêt qu’il y a à laisser leurs enfants aller dans un espace pour jouer en apprenant, ou parcourir des bandes dessinées. Le second défi est celui de pouvoir répondre à la frange des habitant de Maroua que sont les étudiants. Ils sont un peu plus de 30 000 et passent très régulièrement dans notre bibliothèque pour trouver des livres académiques.

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AE : Pour conclure, quelles sont vos perspectives de développement et comment comptez-vous les atteindre ?

DW : Nous sommes en train de mener un plaidoyer auprès des autorités, pour qu’elles s’investissent plus dans ce domaine. C’est ce qu’il faut encourager dans toute la région. Ensuite, il faut de la compétence pour animer un espace comme la bibliothèque. Il ne faut pas que ce soit seulement un espace monotone. C’est un espace vivant. La suite, c’est de créer un réseau qui permettra de travailler ensemble et pérenniser nos activités.

Entretien réalisé par Aïsha Moyouzame


 
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