(Agence Ecofin) - Quelques semaines après que des mesures strictes ont été imposées par le gouvernement nigérian pour limiter la propagation du COVID-19, les activités ont repris dans le pays alors qu’un déconfinement progressif a lieu. Dans le secteur des transports publics, PlentyWaka, une entreprise de transport urbain par autobus axée sur la technologie a adopté de nouvelles politiques pour assurer la sécurité de ses clients. Le co-fondateur de PlentyWaka Johnny Enagwolor explique comment la pandémie affecte le secteur des transports dans le pays.
Agence Ecofin : PlentyWaka a officiellement repris du service à Lagos le 5 mai 2020, après un mois de confinement. Quelles sont les modifications apportées à vos opérations pour les conformer aux mesures du gouvernement ?
Johnny Enagwolor : La sécurité est un aspect important de notre fonctionnement général. En préparation de la reprise du service, nos bus ont été nettoyés et fumigés pour s'assurer qu'ils étaient exempts de germes et de virus. Lorsque nous avons eu le premier cas connu de virus à Lagos, nous avons placé des désinfectants pour les mains auprès de tous les bus qui étaient utilisés lors des déplacements, et nous avons continué avec cela. Des lingettes et serviettes désinfectantes seront également utilisées pour nettoyer les sièges à intervalles réguliers.
Nous avons aussi ajusté la disposition des sièges dans nos bus, réduisant notre capacité à seulement 8 passagers dans les bus de 14 places et 16 passagers dans ceux de 28 places.
Tous les assistants de véhicules de PlentyWaka ainsi que les chauffeurs ont reçu pour instruction de porter en permanence des masques et des gants. Pendant le trajet, la climatisation sera désactivée et les passagers présentant des signes visibles de maladie ne seront pas autorisés à bord. Nous espérons que nos efforts contribueront à empêcher la propagation du virus et que nous pourrons à notre manière contribuer à ramener une certaine normalité dans la vie des gens.
Agence Ecofin : Beaucoup craignent que le pays ne mette des vies en danger avec la levée du confinement. Comment le COVID-19 affecte-t-il le secteur de la mobilité au Nigéria ?
Johnny Enagwolor : Naturellement, les navetteurs sont préoccupés par l'exposition au COVID-19 dans les espaces publics, en particulier ceux dédiés au transport. Nous nous attendons donc à ce que le nombre de passagers utilisant les bus publics diminue. Ceci bien sûr, affectera les revenus provenant du secteur.
Cependant, en tant qu'industrie, nous devons fournir à nos passagers la confiance nécessaire pour voyager en suivant strictement les directives pour empêcher la propagation. Si les directives appropriées sont bien respectées, les navetteurs seront suffisamment confiants pour continuer à utiliser les transports en commun. À long terme, nous pensons qu’ils s'attendront à ce que les autobus et autres modes de transport maintiennent les mêmes conditions sanitaires.
Agence Ecofin : Récemment, PlentyWaka a enregistré 100 000 trajets sur 7 itinéraires à Lagos et plus de 35 000 téléchargements de son application mobile. Le confinement a-t-il affecté la progression de votre entreprise ?
Johnny Enagwolor : Comme pour la plupart des entreprises au cours de cette pandémie, nos visions pour 2020 ont été un peu abandonnées, car nous avons tous été contraints de revenir en arrière pour élaborer de nouvelles stratégies nous permettant d’atteindre des objectifs raisonnables, même face à la pandémie.
Toutefois, nous devons admettre que cela nous a également affectés positivement, car cela nous a donné la possibilité d'élaborer des plans durables, peu importe la suite. Pour le moment, nous venons de lancer les solutions de bus pour le personnel de PlentyWaka afin de fournir aux entreprises un moyen plus sûr de transporter leur personnel pour aller et venir au travail. Sur le plan opérationnel, les choses ont ralenti, mais ont progressivement repris. Dans l'ensemble, cela nous a donné la possibilité d’analyser nos activités et d'élargir nos services.
Agence Ecofin : Une augmentation temporaire de 20 à 25% des tarifs a été appliquée pour gérer le service limité proposé. Cela a-t-il un impact sur vos activités ?
Johnny Enagwolor : Pas vraiment. Nous avons repris un service complet et allons augmenter notre flotte pour répondre à la demande. De nombreuses activités se déroulent également en coulisses pour garantir que nous pouvons maintenir le service auquel nos passagers se sont inscrits.
Agence Ecofin : Comment les sociétés de transport travaillent-elles pour se remettre du confinement ?
Johnny Enagwolor : Il s'agit d'un processus graduel, car nous n'avons pas tous un calendrier précis pour la fin de ce processus. Cependant, c'est le moment pour chaque entreprise de transport de revenir à son tableau de vision et de trouver des idées créatives. Il y a d'autres opportunités commerciales qui restent à développer, donc si nous pouvons tous trouver ces opportunités, nous serions tous en train de récupérer.
Entretien réalisé par Aïsha Moyouzame
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.