(Agence Ecofin) - En Afrique, la contrefaçon touche de nombreux secteurs, de la médecine à l’alimentation en passant par l’industrie textile. Ashifi Gogo, entrepreneur d’origine ghanéenne, a développé une technologie permettant de vérifier l’authenticité des produits que nous consommons.
Sproxil, société basée aux États-Unis, est spécialisée dans la protection des marques pharmaceutiques et alimentaires avec pour principal marché les pays africains. Elle fournit aux consommateurs les moyens de faire un test d'authenticité rapide par SMS ou par une application, pour vérifier un numéro unique sur l'emballage des produits via sa plateforme. Sa solution phare dénommée Sproxil Defender lui permet également d'organiser des promotions ou des concours, ou toute autre incitation à consommer le produit. Sproxil s'associe directement avec des fabricants et des distributeurs légitimes pour appliquer une étiquette de sécurité spéciale, avec un panneau à gratter sur chaque produit.
Show your range, but with your products pic.twitter.com/guxACfjlwE
— Sproxil (@sproxil) March 20, 2021
Ashifi Gogo (photo), fondateur de Sproxil, est un Ghanéen installé aux États-Unis où il a suivi des études en mathématiques, physique et ingénierie. Il a soutenu une thèse de doctorat sur la technologie d'authentification conçue pour les marchés émergents. L’idée de fonder Sproxil vient d’un événement tragique survenu au Nigeria fin 2008.
« 84 enfants sont morts après avoir ingéré du sirop de dentition. Il s'est avéré par la suite que le sirop contenait une forte concentration d'un produit chimique toxique. Le fabricant avait obtenu certains de ses ingrédients auprès d'un fabricant de produits chimiques non agréé », rapporte How We Made It In Africa.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 1 médicament sur 10 est de qualité inférieure ou falsifié dans les pays en voie de développement. Les antipaludiques et antibiotiques sont les plus fréquemment falsifiés. Ces produits peuvent causer de graves maladies, voire des décès chez les patients. La contrefaçon ne se limite pas qu’aux produits pharmaceutiques sur le continent. On retrouve également des produits alimentaires, des textiles, des accessoires automobiles et des téléphones. La vision et le plaidoyer d’Ashifi Gogo en faveur de l'adoption de la technologie pour résoudre ce problème ont poussé de nombreuses entreprises à adopter sa solution.
Parmi les défis rencontrés par l’entreprise, la concurrence provenant des agences de publicité numérique. Ashifi a également souligné l’accès restreint aux fonds de démarrage. Au début, le financement provenait de fonds personnels, de subventions et de prix de concours, mais surtout, des revenus des clients.
« Sachant qu'il ne serait pas facile de lever des fonds de démarrage à six chiffres aux États-Unis, nous avons fixé le prix de notre solution de manière à ce qu'elle soit durable, à ce que nous puissions faire face à nos obligations et à ce qu'il reste un peu d'essence dans le réservoir pour alimenter la croissance. Dans l'ensemble, les revenus des clients sont les héros méconnus lorsqu'il s'agit de financement de démarrage », a-t-il précisé.
Lancée en 2009, il a fallu moins d’un an à Sproxil pour être adoptée par ses premiers clients au Nigeria. À ce jour, la société est dépositaire de plus de 3 milliards de codes numériques uniques pour les produits des marques utilisant sa plateforme. Elle a diversifié son service en ajoutant de nouvelles offres parmi lesquelles Sproxil Informer, un système de suivi et de traçabilité qui permet au fournisseur d'être alerté si le produit ne suit pas le chemin prévu dans la chaîne d'approvisionnement.
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Aïsha Moyouzame
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