(Agence Ecofin) - Après une pige académique au Costa Rica, Esnath Divasoni voulait participer à la lutte contre la pauvreté et la malnutrition dans son pays. Les grillons étant une abondante source de protéine, elle a eu l’idée de les transformer, créant un nouveau modèle économique rentable et facile à reproduire.
L’entreprise agroalimentaire Jumping Protein a installé son unité de production d'insectes comestibles dans une ferme située à Marondera, à une centaine de kilomètres à l'est de Harare, la capitale du Zimbabwe. Spécialisée dans l’élevage et la transformation de grillons, la structure a trouvé le moyen d’en produire toute l'année et en quantité suffisante pour nourrir les populations locales avec une source de protéine largement disponible et peu coûteuse.
La mise en place d’un tel projet ne nécessite pas un gros budget. Dans une petite pièce, de grands récipients transformés en bacs d’alimentation sont empilés sur deux étagères. D'autres récipients servent de couveuses et de distributeurs d'eau. Emballages à œufs, barquettes en plastique usées et autres équipements trouvés facilement sont également utilisés, peut-on lire sur Al Jazeera.
Fascinating to learn about the best diet for crickets devised by Esnath Divasoni. Her schooling was supported by @Camfed the charity whose work the UK funds. Great story about the power of educating girls, what that can mean for community, & fighting hunger in #climatesmart ways https://t.co/Rm5sWzq3qD
— Melanie Robinson (@HMAMelanieR) July 5, 2021
Une fois par semaine, les grillons sont nourris avec une mixture spécialement concoctée à base de haricots secs, de sorgho et d'un peu de calcium, complétée tous les cinq jours par des restes de cuisine et des légumes. Lorsque les grillons sont arrivés à maturité après cinq à huit semaines selon la température, leurs œufs sont collectés pour lancer un nouveau cycle de production, et les adultes sont récoltés. Ils sont ensuite trempés dans de l’eau chaude, puis ils peuvent être bouillis dans de l'eau légèrement salée, frits, grillés ou séchés pour être ajoutés à des plats comme les bouillons et les soupes.
Yesterday I shared some crickets from my thesis experiment. Today a sister shared these cricket noodles?. Adding nutrients to a simple dish while making it super delicious. The key to #End-hunger and #malnutrition is in #EdibleInsects. pic.twitter.com/uE6mfVujRi
— Esnath Divasoni (@esnathmd) November 28, 2019
Esnath Divasoni, la fondatrice, se charge elle-même de pratiquement toutes les activités de son entreprise. Alors qu'elle étudiait les sciences agricoles à l’EARTH University au Costa Rica, elle était déjà déterminée à trouver un moyen de lutter contre la malnutrition et l'insécurité alimentaire dans sa communauté et au-delà. Les grillons, avait-elle découvert, sont une source de protéines durable et abordable.
« Ils sont très nutritifs. Ils sont pauvres en graisses et riches en protéines, en vitamines et en minéraux. De plus, ils nécessitent très peu de ressources et, contrairement au bétail, ne produisent presque pas de gaz à effet de serre », renseigne-t-elle.
Are you open to a nutritious, delicious, and irresistible meal? Crickets? ? Well, they have been predicted to be "proteins of the future" by Esnath Divasoni, an edible insect farmer in Zimbabwe. #TheTrybeAfrica #Zimbabwe #Crickets #Africa pic.twitter.com/HgAYQo4mmk
— The TrYbe Africa (@thetrybeafrica) July 5, 2021
Selon les prévisions du Global Report on Food Crises de 2020, le Zimbabwe fait face à l’insécurité alimentaire occasionnée par les changements climatiques. En proposant une source de protéines alternatives, Esnath Divasoni contribue à améliorer l’alimentation des familles aux revenus modestes, tout en respectant l’environnement.
« Les insectes sont un moyen intelligent de produire des protéines en tenant compte du climat. Ce sont les protéines de l'avenir », affirme-t-elle.
À ses débuts, la jeune entrepreneure a toutefois fait face à la réticence des populations. Pour elles, cultiver des insectes était un gaspillage de temps et d’argent.
« Ils disaient à mes parents : votre fille est partie à l'étranger et maintenant elle apporte ce truc américain dans la communauté. Mais maintenant, c'est une chose normale. » Au fil du temps, elle a réussi à promouvoir son entreprise et vend pour 1 dollar un paquet de 50 grammes de grillons séchés dans les marchés locaux.
Après seulement une année, Esnath Divasoni possède déjà 20 bacs produisant environ 1 000 grillons chacun. Elle a également intégré l'ONG internationale CAMFED (Campaign for Female Education) où elle enseigne son activité aux femmes de sa communauté, afin qu'elles puissent générer un revenu décent.
À l’avenir, elle ambitionne de créer un vaste réseau de producteurs d'insectes comestibles, d'abord au sein de sa communauté, puis à l'extérieur.
Aïsha Moyouzame
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