(Agence Ecofin) - Le taux de couverture forestière du Kenya diminue en raison de la population grandissante et de l’expansion industrielle. Pour le reboisement, la start-up Seedballs propose des semences enrobées dans une protection de déchets de charbon, déversées en grande quantité dans les zones les plus touchées.
La start-up Seedballs a introduit une méthode de production de semences pour faire repousser arbres et espèces d'herbe au Kenya et en Afrique. Plus connues sous l’appellation ‘’bombes à graines’’, ce sont des graines à l'intérieur de boules de poussière de charbon mélangée à des éléments nutritifs. Ces semences sont déversées par hélico au-dessus de surfaces dépourvues d’arbres, telles que les clairières, les savanes, les steppes ainsi que les territoires dégradés par la déforestation illégale. Elles sont peu coûteuses et peuvent facilement être dispersées sur de vastes zones souvent difficiles d'accès. La poudre de charbon de bois qui protège les graines est récupérée sur un site de vente de charbon dans la capitale Nairobi.
Seedballs Kenya est née d’une collaboration entre 2 entreprises locales, Chardust et Cookswell Jikos. Leurs fondateurs respectifs, Elsen Karstad et Teddy Kinyanjui (photo), ont voulu réduire le coût du reboisement des terres arides. L’expérience d’Elsen dans la fabrication de briquettes de combustibles à partir de résidus de charbon de bois, a permis à Seedballs de lancer ses activités.
Charcoal-coated seedballs are re-planting Kenya’s lost forests pic.twitter.com/3H2eGLmxOr
— Mashable (@mashable) February 28, 2021
Selon une étude du Programme des Nations Unies pour l’environnement, le taux de couverture forestière du Kenya est passé de 10 % en 1963 à environ 2,5 % de nos jours. La population grandissante et les activités industrielles et agricoles sont à l’origine de la dégradation des terres et de la déforestation. À Nairobi, 750 000 kg de charbon de bois sont consommés chaque jour d’après les données de Seedballs. De cette quantité, 15 % sont des poussières, des copeaux et des déchets industriels de charbon. Ces déchets sont récupérés par Seedballs pour faire les boules de semence.
En plus de réduire les coûts de plantation des diverses espèces végétales, Seedballs protège aussi les graines contre les menaces extérieures. Le revêtement de charbon aide à protéger la graine des prédateurs tels que les oiseaux, les rongeurs et les insectes, ainsi que des températures extrêmes jusqu'à l'arrivée des pluies.
« Grâce à leur petite couche protectrice, les graines tiennent jusqu’à ce que la pluie les lave de la poussière, et qu’elles reviennent à leur état naturel avant de commencer à pousser », déclare Teddy Kinyanjui.
?Seedballs Kenya: it's seedballs are growing forests lost to illegal logging and firewood harvesting. Based on ancient Egyptian idea, the balls of charcoal to keep birds and mice from eating the seeds within are scattered over deforested areas. https://t.co/VqAK4zLI4U pic.twitter.com/oe7iHflEZu
— James Hall (@hallaboutafrica) March 3, 2021
L’utilisation des boules de semences présente toutefois quelques inconvénients, notamment l’interférence avec des cultures vivrières dans les champs, qui pourrait représenter un potentiel problème d’après Seedballs. Par ailleurs, les graines pourraient ne pas germer si elles sont répandues sur des terrains inadéquats.
« S'il n’y a pas assez d'eau, de lumière et de terre pour que les plantes puissent s'ancrer, elles finiront très probablement par mourir », peut-on lire sur le site.
Seedballs est déjà intervenue dans plusieurs projets de reforestation, dont celui de la réserve animalière du Massaï Mara dans le sud-ouest du Kenya, avec 22 000 bombes à graines d’acacia déversées. Depuis sa création en 2016, plus de 13 millions de boules de semences ont été distribuées. À long terme, cette initiative permettra de restaurer la couverture forestière nationale. Pour y arriver, les promoteurs ambitionnent le développement de nouvelles variétés de semences enrobées.
Aïsha Moyouzame
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