(Agence Ecofin) - La cosse de riz, couche extérieure protégeant le grain et retirée lors du polissage, est souvent jetée ou brulée par les usines de transformation. Au Kenya, ce déchet est en train d'émerger comme un matériau à valeur ajoutée dans une variété d'applications, comme le carburant et l'engrais.
Au Kenya, la cosse de riz, autrefois considérée comme un sous-produit ou un déchet, constitue désormais une matière première pour de nombreux entrepreneurs. Transformée en panneaux de particules, en biocarburant ou en intrant agricole, elle crée de la richesse dans plusieurs secteurs économiques. Le comté de Kirinyaga, qui est l'un des plus grands producteurs de riz du Kenya, a lancé un ambitieux projet de recyclage des cosses de riz en panneaux de particules pour remplacer le bois.
Les panneaux, qui peuvent être utilisés pour fabriquer des meubles et d'autres types d’équipement, sont moins chers et plus denses que le contreplaqué et le bois conventionnel.
« Nous voulons créer une usine de transformation de cosses de riz à Kirinyaga, ce qui permettra de mettre plus d'argent dans les poches des agriculteurs et des autres acteurs de la chaîne de valeur, de créer des emplois pour des milliers de jeunes et de femmes, et de préserver notre environnement », a déclaré la gouverneure du comté, Ann Waiguru, sur Business Daily.
Women deserve a leader who brings inniatives to benefit them. Hon Ann Waiguru is one of the leaders who brings such inniatives #Women4Waiguru pic.twitter.com/KRa2Ww5bOF
— Kijana Ya Nanyuki? (@Lig__msanii) September 1, 2021
Le riz est principalement produit sous irrigation par de petits agriculteurs dans les comtés de Kirinyaga, Busia, Tana River, Kwale, Kisumu et bien d’autres. On compte environ 300 000 riziculteurs qui gagnent leur vie grâce à cette activité. Les déchets issus de la production rizicole sont volumineux et constituent un gros défi en raison de l’absence de moyens de stockage et de transformation. Leur recyclage en produits dérivés est salvateur à la fois pour l’environnement et pour l’économie locale.
Utilisées comme biofertilisants, les cosses de riz ont la capacité d’améliorer l'aération du sol selon les scientifiques, en raison de leur teneur en potassium et en silicium. Elles permettent ainsi de réduire l’usage d’intrants, en particulier les engrais néfastes pour les plantes et pour l’atmosphère. Autre particularité, elles retiennent le dioxyde de carbone dans le sol pendant de nombreuses années. Par ailleurs, elles contribuent à réduire la coupe d'arbres pour le combustible de cuisson.
"Rice husks have many uses and can be processed into bio-fertilisers and added to soil on the recommendation of scientists to improve soil aeration."
— KilimoTrust (@kilimoEAC) September 1, 2021
Read more ??? on what we are doing under the R4iCSA project in Kenya. @BD_Africa @IKEAFoundationhttps://t.co/x70rCP4YHj
L’ONG locale Kilimo Trust travaille sur un projet pilote visant à introduire l'agriculture régénératrice par le biais de la culture durable et de la culture intercalaire, avec des légumineuses comme le niébé et le haricot vert, entre autres. Le projet soutenu par l’entreprise IKEA aborde les questions de changement climatique en réduisant l'utilisation excessive d'eau et d’intrants, et en promouvant l’adoption de pratiques rizicoles durables.
« Nous avons établi un partenariat avec les parties prenantes de la chaîne de valeur qui concevront des fourneaux utilisant la cosse de riz, ce qui réduira la coupe d'arbres pour le bois de chauffage et permettra de mieux préserver l'environnement », a précisé Anthony Mugambi, chef de l'équipe nationale de Kilimo Trust.
Ongoing: Nursery bed preparation for Sustainable Rice Practices (SRP) based experiments (especially water and nutrient management) under the R4iCSA project within the project districts.We are also training both ToTs and farmers for every stage of the crop on SRP aspects. pic.twitter.com/6ZX7Gw4jP5
— KilimoTrust (@kilimoEAC) September 1, 2021
Alex Odundo, un entrepreneur basé dans le comté de Kisumu, transforme les déchets en richesse en fabriquant des briquettes de combustible. Il a mis au point un four spécial pour l’utilisation de biocombustible, non seulement pour un usage domestique, mais aussi dans les écoles et les hôtels.
« L'un de nos objectifs est d'essayer de promouvoir la conservation de l'environnement en réduisant l'utilisation du bois de chauffage et en augmentant celle de l'enveloppe que nous jetons normalement et que nous brûlons », explique-t-il.
Des femmes et des jeunes dans le pays se sont lancés dans la vente de la cosse de riz. Ils collectent les déchets auprès des industriels du secteur et des rizières, et les fournissent aux agriculteurs qui s’en servent comme litière ou aliments pour leurs animaux.
« Nous sommes payés des cacahuètes, car nous vendons une tonne à 200 shillings (1,82 USD), mais nous préférons nous engager dans cette activité plutôt que de rester oisifs, car comme on dit, un esprit oisif est l'atelier du diable », note l’un des jeunes.
Sous d’autres cieux, la cosse de riz est une source d’énergie électrique. Environ 1,5 kg de cosses génère 1 kWh d’électricité. Un processus de gazéification permet en plusieurs étapes (séchage, combustion, pyrolyse et gazéification) de produire un gaz qui actionne des turbines en vue de générer du courant. Dans des pays comme la Guinée Bissau et Madagascar, des centrales de biomasse sont alimentées par ces résidus agricoles.
Ce qui était jadis un déchet permet ainsi d'apporter plus de confort aux populations kényanes. En lui donnant une valeur économique, gouvernements et entrepreneurs changent le récit selon lequel la cosse de riz constitue un casse-tête pour les agriculteurs et les industriels.
Aïsha Moyouzame
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.