(Agence Ecofin) - Construire une centrale électrique artisanale à partir d’un vieux frigo, d’un moteur pour égreneur à maïs et d’un vélo, voilà l’exploit de Colrerd Nkosi. Sans aucune formation, le Malawite a réussi à apporter l’électricité dans le village de Yobe Nkosi en déviant la rivière devant sa maison.
Dans le village de Yobe Nkosi, à plus de 300 km de la capitale Lilongwe, une centrale électrique artisanale alimente désormais maisons et école. Installée à l’écart du hameau, elle fonctionne avec le moteur d’un égreneur à maïs. L’électricité est transportée sur deux kilomètres par des câbles d’acier suspendus à des troncs d’arbre qui font office de poteaux électriques. Les pédales d’un vélo servent de dynamo pour tirer l’électricité d’une rivière, et pour fabriquer la turbine hydroélectrique, il a juste fallu un compresseur de réfrigérateur.
Today we shine a spotlight on Colrerd Nkosi ??, a self-made electrical engineer behind Kasangazi Hydroelectric Power Plant.
— Great News Out of Africa (@greatnewsafrica) September 1, 2021
Nkosi uses low-cost and readily available machines to generate and supply power to Yobe Nkosi Village.#Malawi #malawiinnovation #technologyempowerment pic.twitter.com/IHK7dDRFQs
De retour dans son village après ses études, Colrerd Nkosi (photo) n’a pas pu se résoudre à retourner à un quotidien sans électricité, rapporte l’AFP. Sans formation particulière au métier d’électricien, il a réussi à drainer du courant jusqu’à sa maison à partir de la rivière Kasangazi près de chez lui. Les habitants ayant sollicité son intervention, il a décidé de fournir de l’électricité à tout le village.
VIDEO: ?? In Malawi, only around 11% of the population has access to #electricity - dropping to 4% in rural areas.
— AFP News Agency (@AFP) September 1, 2021
In the village of Yobe Nkosi, Colrerd Nkosi took matters in his own hands, building a DIY hydroelectric turbine, without any professional training, to produce power pic.twitter.com/6Aka9ZJpEs
Vivre sans électricité est la réalité d'environ 85 % des ménages malawites selon l’USAID. D’après les chiffres récents de l’initiative Power Africa, seulement 15% de la population en bénéficie du courant, et seulement 4 % en milieu rural. Dans certains endroits comme Yobe Nkosi, une fois le soleil couché, toute activité cesse. Depuis plusieurs années, les prix de l’électricité sont en hausse. En mars dernier, l’autorité de régulation de l’énergie du Malawi (MERA) a ordonné une hausse de 10,6 %.
Dans ses projets d’électrifier une plus grande partie du pays, la société de service public d’électricité a reconnu qu'il lui est de plus en plus difficile d'offrir de nouveaux raccordements à ses clients, car il existe une disparité flagrante entre ce que ces derniers paient et le coût que l'entreprise encourt pour les réaliser. Les populations ont généralement recours au bois de chauffe et aux sources d’électricité alternative.
Colrerd Nkosi espère limiter l’utilisation du charbon de bois et permettre aux élèves de son village d’avoir de la lumière pour étudier.
« Nous sommes reconnaissants à Colrerd de nous avoir apporté l’électricité. Les mots ne suffisent pas à dire combien cela a changé ma vie. Je peux faire tellement de choses maintenant », témoigne un habitant du village.
Les usagers paient un peu plus d’un euro par mois pour l’électricité. Pour l’instant les contributions ne couvrent pas les frais d’entretien, et Colrerd Nkosi paie le reste de sa poche. Malgré tout, il compte brancher les autres villages et les écoles alentour. Son invention a attiré l’attention des autorités locales. Le ministère de l’Energie a promis d’aider à construire des lignes électriques sûres et fiables pour apporter l’électricité aux 18 000 habitants de la zone.
Aïsha Moyouzame
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