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L’acceptabilité sociale et la participation citoyenne sont les clés de succès de la transition énergétique en Afrique du Nord (NRGI)

  • Date de création: 30 septembre 2022 07:53

(Agence Ecofin) - Des projets d’énergies renouvelables ont déjà suscité de fortes résistances communautaires, et même des protestations sociales liées essentiellement à l’expropriation des terrains.

L’acceptabilité sociale et l’implication des citoyens et de la société civile dans la réalisation des projets d’énergies renouvelables constituent des facteurs déterminants pour le succès de la transition énergétique dans les pays d’Afrique du Nord, a estimé l’ONG Natural Resource Governance Institute (NRGI) dans un rapport publié le 20 septembre 2022.

Intitulé « Transition énergétique participative en Afrique du Nord », le rapport précise que les projets énergétiques ont déjà suscité des résistances communautaires et des tensions sociales dans la région, notamment autour de l’expropriation des terres.  C’est notamment le cas en Tunisie, où la société civile s’est mobilisée depuis 2011 contre l’implantation d’une ferme éolienne à Borj Salhi-Nabeul (Côte-est), suite à des défaillances qui ont entaché ce projet au niveau de l’expropriation des terrains et de la perception de l’impact social et environnemental.  

Au Maroc, une étude sociologique ayant précédé le projet du complexe solaire marocain Noor Ouarzazate I a prouvé que 45% des habitants de la région interrogés ont été mal informés sur le projet, ce qui a nourri un certain scepticisme.

L’Algérie n’a pas connu jusqu’ici des manifestations contre les projets d’énergies renouvelables, seules des protestations ont eu lieu pendant plusieurs mois en 2015 contre l’exploration du gaz du schiste dans la région d’Aïn Salah (Sud).

Le rapport souligne que « la terre est le piédestal de l’acceptabilité sociale » des projets d’énergies renouvelables, car la propriété terrienne est bien ancrée dans la culture maghrébine. Aucune communauté n’accepterait facilement l’expropriation d’une partie d’une propriété collective ou individuelle contre une compensation de la part de l’Etat, et les modes opératoires de type juridique ou judiciaire ne pourraient résoudre les conflits avec les communautés locales.

Natural Resource Governance Institute a d’autre part indiqué que le manque de transparence autour des projets d’énergies renouvelables conduit à des attentes sociétales irréalistes, notamment autour de l’emploi. Cela peut éventuellement conduire à une frustration et à des conflits lorsque ces attentes ne sont pas satisfaites.

Collaborer avec la société civile

Pour assurer l’acceptation sociale des projets d’énergies renouvelables, l’ONG basée à New York recommande de privilégier l’implication des citoyens dans la réalisation de ces projets et de collaborer avec la société civile pour qu’elle joue le rôle d’intermédiaire entre les populations locales et les acteurs de la transition énergétique pour protéger les intérêts du citoyen et assurer la diffusion de l’information auprès des communautés.

L’engagement des citoyens en faveur de la transition énergétique favorise l’émergence d’une prise de conscience des questions énergétiques chez les populations locales. Cette implication ne pourrait voir le jour qu’avec une simplification du discours communiqué aux populations.

Le rapport note que le Maroc compte des cas réussis de transition énergétique participative à l’instar du projet Noor Midelt, qui a adopté une démarche participative en procédant par réunions d’information et en établissant un accord des parties prenantes selon les exigences de performance de la Banque européenne d’investissement (BEI).

La Tunisie dispose du cadre juridique le plus adapté pour promouvoir les pratiques de la citoyenneté énergétique avec le processus de décentralisation engagé en 2018, mais l’instabilité politique et sociale du pays limite jusqu’ici l’efficacité de ces mécanismes.

La particularité de l’Algérie réside cependant dans la « désétatisation » des pratiques de l’écocitoyenneté qui ont émergé d’une cohésion sociale et culturelle dans quelques régions pour produire des modèles de réussite qui méritent d’être généralisés. Le modèle le plus emblématique est celui du village de Ksar Tafilelt à Ghardaïa (Sud d’Alger) où les quelque 6000 habitants sont majoritairement des mozabites de religion musulmane ibadite. Il s’agit d’un village écologique lancé à la fin des années 1990 par la fondation Amidoul. Ce village alimenté par l’énergie solaire a gagné le prix de l’environnement de la ligue arabe en 2014 avant de décrocher le premier prix de cité durable à la COP22 à Marrakech en 2016 pour avoir allié l’architecture, le développement durable, la préservation de l’environnement et le cadre de vie.