(Agence Ecofin) - Le secteur sud-africain de la volaille attise toutes les convoitises. Alors que les producteurs bataves, allemands et britanniques pourront bientôt se lancer à l’assaut du marché sud-africain, grâce à l’expiration prochaine de la législation protectionniste appliquée par le gouvernement, les USA, de leur côté, font monter la pression sur Pretoria pour qu’elle révise la taxe anti-dumping qu’elle applique sur les volailles américaines depuis 2000. Washington dénonce cette taxe qu’elle qualifie d’injuste.
Mais l’Afrique du Sud fait jusque-là la sourde oreille aux requêtes américaines et estime que sa politique fiscale est en accord avec les textes de l’organisation mondiale du commerce (OMC). «Faux!», retoquent les Américains qui exhibent une décision de l’OMC en leur faveur contre Pékin sur une question analogue. Mais bien vite le débat s’éloigne du terrain du droit et les USA brandissent le spectre d’une sortie de la patrie de Mandela de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), une loi facilitant l’accès de la production des pays africain au marché américain, pour forcer la main à l’exécutif sud-africain.
Chris Coons, le croisé de la volaille américaine
«Abandonnez vos taxes injustes sur les volailles américaines ou apprêtez-vous à voir vos bénéfices liés au commerce avec les USA disparaître» a récemment déclaré Chris Coons, sénateur de l’état américain du Delaware, aux autorités sud-africaines. L’élu de cet état qui est le leader américain de la production de volailles, est prêt à se lancer dans une croisade contre le renouvellement de l’AGOA pour l’Afrique du Sud. «Je trouverai un moyen d’empêcher l’Afrique du Sud de bénéficier de l’AGOA si nous ne pouvons pas résoudre le problème de leur ban illégal des importations américaine de volailles. Il n’est pas juste qu’ils continuent à en profiter alors qu’ils ne jouent pas franc-jeu avec les exportations américaines» a-t-il affirmé.
Cette détermination lui vaut le soutien des producteurs américains, qui estiment à l’image de James Sumner, président de l’USA Poultry and Egg Export Council que « cela n’a aucun sens pour les USA d’accorder des tarifs préférentiels à des pays qui traient nos produits commerciaux de façon injuste». Mais au-delà d’une question de principe, l’accès libre au marché sud-africain constitue un enjeu primordial. Dans un contexte où la Russie a fermé ses portes aux produits agro-alimentaires occidentaux en raison de la crise ukrainienne, l’Afrique du Sud, dont la consommation de volailles est évaluée à 405 millions de dollars, constitue un débouché intéressant. D’autant plus que ce marché, le plus grand du continent, enregistre une croissance annuelle de 8,5%.
Aussi la résistance de Pretoria, fait-elle enrager les éleveurs américains dont les ventes dans le pays ne représentent que 20 millions de dollars alors qu’ils pourraient gagner 5 fois plus sans la taxe anti-dumping.
Mais tout laisse à penser qu’un accord sera trouvé au vu de l'importance de l'AGOA pour l'Afrique du Sud. Selon Sidwell Medupe, porte-parole du département américain du commerce et de l’industrie, l’AGOA a rapporté 3,6 milliards de dollars à l’ex première économie du continent africain en 2013. Grâce à l’accord, 42% des exportations sud-africaines en direction des USA ont pu entrer dans le pays sans droits de douanes.
L’Afrique du Sud qui vise le renouvellement de l’AGOA pour une durée de 15 ans sans aucun critère nouveau ou onéreux, a d’ores et déjà indiqué que des négociations sont en cours avec Washington. La nation arc-en-ciel explore actuellement la piste de l’allocation de conditions préférentielles à un quota de volailles américaines contre le renouvellement de l’accord.
Aaron Akinocho
Bruxelles, Belgique - Paying More for a Sustainable Cocoa.