(Agence Ecofin) - Le charbon est la principale source d’émission de CO2 dans le monde. Alors que les USA et l’UE poursuivent, malgré quelques écueils, leur sortie du combustible, la Chine et l’Inde en sont encore loin, en raison de besoins énergétiques colossaux.
La demande mondiale de charbon devrait augmenter de 6 % en 2021 et atteindre de « nouveaux sommets historiques » en 2022, 2023 et 2024. C’est ce que révèle l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport « Coal 2021 » publié le 17 décembre sur l’état du marché du charbon cette année ainsi que les perspectives à court et moyen terme.
The new @IEA annual coal market report provides a sobering reality check on efforts to cut emissions to net zero
— Fatih Birol (@fbirol) December 17, 2021
Global electricity generation from coal is expected to jump 9% in 2021 to a historic high, driven by the rapid economic rebound
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D’une manière générale, le rapport de l’AIE confirme deux tendances. La première concerne l’insuffisance actuelle des capacités de production d’énergies renouvelables qui obligent, en cas de forte hausse des besoins d’électricité, les pays à revenir aux énergies fossiles. Ainsi, la croissance des besoins mondiaux en charbon cette année est soutenue par la reprise économique rapide et la forte hausse des prix du gaz naturel.
Alors que les capacités de production d’énergie « verte » ou à faible émission de CO2 ne suffisent pas encore à satisfaire la demande, les industries se sont tournées vers le charbon, ce qui devrait entrainer une hausse de 9 % de la production d’électricité à partir de cette source, après des baisses en 2019 et 2020. Les données de l’AIE montrent donc quelques surprises avec notamment une hausse de près de 20 % de la production d’électricité à partir du charbon aux Etats-Unis et dans l’Union européenne, loin devant la Chine (+9 %) et l’Inde (+12 %).
Seulement, et c’est la seconde tendance, la consommation d’électricité dans les pays occidentaux devrait poursuivre en 2022 (et pour les deux années suivantes) le déclin observé au cours de la décennie précédente. Pendant ce temps, la Chine devrait connaitre sur la période une croissance inférieure à 1 % de la demande contre 4 % pour l’Inde.
« L’Asie domine le marché mondial du charbon, la Chine et l’Inde représentant les deux tiers de la demande globale. Ces deux économies [qui dépendent du charbon et dont la population combinée atteint presque 3 milliards de personnes] détiennent la clé de la future demande de charbon », souligne Keisuke Sadamori, responsable du département Energy Markets and Security à l’AIE.
Et l’Afrique ?
Sur le continent, les yeux sont tournés vers l’Afrique du Sud qui représente 90 % de la consommation africaine de charbon. En 2021, la nation arc-en-ciel devrait consommer 183 millions de tonnes du combustible, une hausse de 4,5 % insuffisante pour compenser la baisse de 8 % enregistrée l’année dernière.
Cette tendance devrait se poursuivre puisque l’Eskom (le fournisseur national d’électricité) compte fermer jusqu’à 12 GW de capacités de production d’énergie à partir du charbon d’ici 2030 (soit 30 % de son parc actuel). Rappelons aussi que plusieurs pays occidentaux se sont engagés à mettre 8,5 milliards $ à disposition de l’Afrique du Sud (sous forme de subventions et de prêts) pour que le pays réduise sa dépendance au charbon.
Dans les autres pays producteurs africains de charbon, la décision de la Chine d’arrêter de financer des projets de charbon à l’étranger pourrait limiter drastiquement l’augmentation des capacités de production nationales, même si des pays comme le Botswana ou le Zimbabwe comptent toujours sur ce combustible pour réduire leur déficit énergétique.
Emiliano Tossou
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Sofitel Manhattan, NY, USA