(Agence Ecofin) - L'Egypte et le Soudan craignent le projet hydro-électrique de construction du barrage sur le Nil Bleu en Éthiopie, qui risque de compromettre la productivité agricole à travers d'immenses étendues de terres arabes. Le barrage hydroélectrique d’une puissance de 6000 MW, situé à 40 km de la frontière soudanaise, devrait être achevé en 2015.
Les autorités éthiopiennes avaient passé outre les plans d'urgence élaborés par l'Egypte et divulgués par Wikileaks, consistant à traverser l’espace aérien soudanais et à déployer des frappes aériennes pour détruire ce projet hydroélectrique de 4,8 milliards de dollars. L’intention avait d’ailleurs été démentie par l’ambassadeur du Soudan en Ethiopie.
Alemayehu Tegenu, le ministre éthiopien de l'Eau et de l'Energie, a récemment reçu ses homologues égyptien et soudanais à Addis-Abeba pour négocier un accord diplomatique, à la recherche de la coopération technique dans la gestion des ressources naturelles partagées. Mais les deux pays en aval ont tout à redouter de la réduction de leur approvisionnement en eau douce que le barrage éthiopien leur promet. Les deux pays dépendent de l’eau du Nil et de ses sédiments riches en nutriments favorables aux cultures vivrières.
Le réservoir de 63 milliards de m3 d'eau que le barrage retiendra, mettra plusieurs années à se remplir, années durant lesquelles le débit du fleuve sera nécessairement réduit. Sans parler du limon que le barrage retiendra.
Depuis plus d’une décennie, l’Ethiopie poursuit une croissance économique à la chinoise, dévoreuse d’énergie. Son immense potentiel hydroélectrique répond à son besoin. Acceptera-t-elle de freiner son progrès pour ne pas porter préjudice à ses voisins ?
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