(Agence Ecofin) - Comme chaque fin d’année (voir 2017, 2016, 2015, 2014, 2013), l’équipe de l’agence Ecofin a sélectionné les événements qui auront, de son point de vue, le plus d’impacts sur les économies africaines. Chacun a établi sa sélection et, au décompte des points, voici les informations majeures qui se sont détachées.
1) 44 pays africains signent l’accord de libre-échange continental (ZLECA)
C’est en janvier 2017 que la 28e Conférence de l’Union Africaine a confié au Président nigérien Mahamadou Issoufou le pilotage du processus de mise en place de la Zone de libre-échange continental (Zlec). 15 mois plus tard, le 21 mars 2018, à Kigali, la ZLECA est officiellement lancée. Seule fausse note majeure, le Nigeria suspend sa participation. Mais le projet avance. 44 pays ont signé l’accord, et les processus de ratification sont en cours. La ZLECA représente un marché de 1,2 milliard de personnes, pour un PIB de 2500 milliards $. Selon l’Union Africaine (UA), cet accord permettra, en 4 ans, d’augmenter de près de 60% le niveau de commerce intra-africain.
2) Des Etats africains décident de taxer internet et les réseaux sociaux
Certains on déjà fait le pas, d’autres s’y préparent : la gratuité de l’internet est remise en cause en Afrique. Alors que la plupart des gouvernements reconnaissent que l’économie numérique représente une opportunité historique pour le développement du continent, certains Etats comme l’Ouganda, le Tchad, le Bénin, la Zambie ou le Sénégal voient davantage dans l’Internet un facteur de subversion ou bien un risque de manipulation de masse ou encore une menace pour les investissements et les contributions fiscales des opérateurs télécoms.
3) Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix
Connu comme «l'homme qui répare les femmes», le docteur Denis Mukwege, 63 ans, est un gynécologue qui soigne les victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo. Ce Prix Nobel sonne comme une reconaissance internationale (tardive) des souffrances inimaginables qu’endurent depuis tant d’années les populations de l’est de la RDC, et particulièment les femmes.
4) L’UA lance le projet de marché unique du transport aérien africain
Il aura fallu près de 20 ans de négociations : le 22 janvier 2018 à Addis Abeba, le projet de « ciel africain unique » est lancé grâce la signature de 23 pays : Afrique du Sud, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Cap Vert, République du Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Gabon, Ghana, Guinée, Kenya, Libéria, Mali, Mozambique, Nigéria, Niger, Rwanda, Sierra Leone, Swaziland, Togo et Zimbabwe. A la clé : 300 000 emplois directs et 2 millions indirects.
5) Donald Trump choque les Africains
Le président des Etats Unis traite les pays africains de « pays de merde ». Il se retire des Accords de Paris alors que l’Afrique est incontestablement la première victime des changements climatiques. Il exclut le Rwanda des accords de l’AGOA pour la simple raison que le pays de Kagamé ne veut plus importer de vêtements de seconde main. Alors, lorsque Donald Trump invite les Africains à se méfier des Chinois, on peut raisonnablement se demander s’il s’agit d’un conseil d’ami…
6) Les femmes prennent le pouvoir en Afrique subsaharienne
En Afrique subsaharienne, 26 % des femmes créent leur entreprise, c’est le taux le plus élevé au monde, selon un rapport du cabinet Roland Berger. Les banques et les fonds d’investissement réalisent tout l’intérêt qu’il y a investir sur les femmes... Dans le même temps, sur le plan politique, plusieurs pays expérimentent avec succès une participation significative des femmes à la gestion des affaires : au Rwanda, elles s’octroient 50% des sièges au gouvermenent et 60% au Parlement. En Ethiopie, la parité s’impose au gouvernement, Sahle-Work Zewde devient la première femme à présider le pays et Meaza Ashenafi, une militante des droits de la femme, prend la tête de la cour suprême.
7) L’Afrique revendique la restitution de son patrimoine culturel
L’Afrique veut récupérer son patrimoine culturel, dérobé essentiellement par les pays occidentaux. La France annonce son intention de rendre dans les meilleurs délais 26 oeuvres au Bénin. Une première qui contraste avec la fin de non-recevoir opposée en 2016 par le gouvernement Hollande.
8) Bolloré tombe de son piedestal
Déjà condamné, en 2013 par la justice française, à verser plus de 2 millions d’euros à son concurrent Necotrans, perquisitionné en 2014 et en 2015, puis débouté en 2017 par la justice béninoise dans l’affaire de la boucle ferroviaire, Vincent Bolloré subit, en avril 2018, 48 heures de garde à vue qui aboutiront à sa mise en examen pour « corruption d'agents publics étrangers » et « trafic d'influence ». Puis en septembre 2018, sa filiale Camrail est reconnue coupable d’« homicide involontaire » dans la catastrophe ferroviaire d’Eseka, qui a fait 79 morts en 2016 au Cameroun.
9) Avec Abiy Ahmed, l’Ethiopie se libère de ses vieux démons
Le nouveau premier ministre éthiopien, élu en mars 2018, met fin à 20 années de conflit avec l’Erythrée, instaure la liberté de la presse, libère les journalistes emprisonnés, ouvre les entreprises publiques aux investissements privés, invite Safaricom à développer M-Pesa dans son pays, met en place le visa à l’arrivée pour tous les Africains, nomme 50% de femmes au gouvernement, féminise la haute fonction publique, fait incarcérer 60 personnalités dans une vaste opération anti-corruption, et décrète la tolérance zéro pour les violations des Droits de l’homme… le tout en moins de 9 mois.
10) Paul Biya gagne à nouveau les élections, mais perd la CAN 2019.
Réélu au terme d’une campagne riche en débats, Paul Biya est rapidement confronté à la décision du Comité Exécutif de la CAF, de retirer au Cameroun l’organisation de la CAN 2019. En proie à une triple crise sécuritaire, à l’Ouest avec les violences perpetrées par les indépendantistes anglophones, au Nord avec Boko Haram et à l’Est avec les débordements des conflits centrafricains, le pays avait consenti de lourds efforts pour réaliser les infrastructures nécessaires à une CAN augmentée de 16 à 24 équipes. Pas assez selon la CAF qui, au final, confirmera la CAN 2021 au Cameroun et, en principe, celle de 2023 à la Côte d’Ivoire.
Sur le plan sectoriel, les principaux événemements retenus :
FINANCE
TELECOM
ELECTRICITE
AGRO
HYDROCARBURES
MINES
Casablanca, Maroc : « Quelle assurance dans un monde d’incertitudes ? »