(Agence Ecofin) - Après avoir sollicité une aide de ses créanciers publics pour alléger son service de la dette, le Tchad négocie avec ses créanciers privés. Parmi ceux-ci figure le groupe pétrolier Glencore qui avait déjà conclu en 2018 un accord de restructuration de la dette avec N’Djamena.
La Banque mondiale appelle les créanciers privés du Tchad à accélérer leurs efforts pour aider le pays à faire face à sa dette. L’information a été rendue publique dans un communiqué publié le mardi 28 septembre.
Plus précisément, l’institution multilatérale de financement pointe du doigt le groupe pétrolier Glencore et son syndicat de prêteurs auprès de qui N’Djamena avait contracté un prêt de plus de 1,4 milliard $. En raison des difficultés liées à la chute des prix des matières premières enregistrés sur les marchés internationaux ces dernières années, l’Etat tchadien s’était alors révélé incapable de rembourser sa dette, et avait entamé des négociations pour sa restructuration.
Pour rappel, Glencore avait déjà restructuré son prêt avec le Tchad, notamment dans le cadre d’un accord signé en 2018. Cependant, avec la crise actuelle de la covid-19, le pays d’Afrique centrale qui a déjà bénéficié de l’initiative de suspension de la dette du G20 espère un nouveau geste de la part de ses créanciers privés.
« La dette du Tchad est insoutenable et le pays n’est pas en mesure de la rembourser. […] Dans ce contexte, il a sollicité un allégement au titre du Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) (le Cadre commun) approuvé par le G20 et le Club de Paris. En juin 2021, les créanciers bilatéraux publics du Comité des créanciers du Cadre commun pour le Tchad ont décidé de restructurer leurs créances », a indiqué la Banque mondiale dans son communiqué, tout en exhortant « Glencore et les autres créanciers privés à faire de même, à s’engager de façon crédible et sans délai, et à offrir au Tchad un traitement de sa dette comparable à celui prévu dans le Cadre commun ».
Pour l’institution, un effort des créanciers privés du pays d’Afrique centrale lui permettra d’améliorer la viabilité de sa dette et d’aider à financer des besoins sociaux importants tout en soutenant la paix et la sécurité dans la région. On estime à l’heure actuelle que 42% de la population du pays vit en dessous du seuil de pauvreté. De plus, la pandémie de covid-19 a exacerbé les difficultés à l’accès aux services de santé et à l’éducation, alors que le pays a entamé une transition politique difficile, depuis la mort brutale de l’ancien président Idriss Déby Itno.
« Une crise plus profonde aggraverait la situation de toutes les parties - pas seulement celle des citoyens du Tchad, mais aussi de ses voisins et créanciers. Une crise appauvrirait davantage un pays déjà démuni, empirerait la situation des soins de santé et de l’éducation, et mettrait en péril le processus de transition crucial de ce pays fragile. Elle compromettrait également la paix et la sécurité régionales dans le Sahel et en Afrique centrale », a conclu la Banque mondiale.
Notons que pour l’instant, les négociations portent sur un rééchelonnement de la dette du pays envers ses créanciers privés, plutôt qu’une annulation pure et simple.
Moutiou Adjibi Nourou
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