(Agence Ecofin) - Le président soudanais Omar el-Bechir (photo) a suspendu jusqu'au 12 octobre les travaux du comité formé avec les Etats-Unis pour négocier la levée des sanctions économiques qui pèsent sur le pays depuis 1997, a déclaré mercredi l'agence de presse soudanaise Suna.
La décision intervient, un jour après celle de l’administration Trump qui prolongeait de trois mois la période de probation imposée initialement par l’ancien président américain Barack Obama, quelques jours avant son départ de la Maison Blanche. Le 13 janvier, en effet, l’ancien président des Etats-Unis avait levé partiellement certaines sanctions, en suspendant un embargo commercial imposé par les Etats-Unis depuis 1997, en libérant plusieurs actifs auparavant gelés et en supprimant certaines sanctions financières qui ont affecté l'économie du pays.
Mais en contrepartie, le Soudan devrait se conformer à cinq demandes formulées par l’administration Obama. Selon le communiqué qui avait circulé, le pays nord-africain devrait mener des actions positives et concrètes, notamment le maintien d’une cessation des hostilités dans des zones de conflits au Soudan, l’amélioration de l’accès de l’aide humanitaire au Soudan du sud et le maintien de sa coopération avec les Etats-Unis pour traiter les conflits régionaux et la menace du terrorisme. Seulement sous ces conditions, le pays pourrait obtenir la levée définitive de l’embargo.
Pourtant, tout en estimant que le pays a réalisé des progrès dans chacun de ces domaines, l’administration Trump n’a pas hésité à reporter la levée définitive des sanctions, qui était très attendue du coté de Khartoum pour la reprise des activités économiques.
« Nous regrettons cette décision qui est venue après une longue période de dialogue et de coopération avec les Etats-Unis. Les pays européens, les institutions régionales et internationales et certaines institutions américaines ont reconnu que le Soudan s’est conformé entièrement aux cinq demandes et cela a été confirmé lors des rencontres techniques avec les Américains.», s’est indigné, mercredi, le ministre des Affaires étrangères, Ibrahim Ghandour, après l’allongement de la période probatoire.
Le soudan est encore paralysé par ces sanctions qui constituent une barrière à l’accès au système bancaire international. Une telle posture n’attire aucun investisseur étranger. Les devises sont de plus en plus rares, paralysant sa capacité d’importation puisque le pays est interdit d’opérer en dollars américains. Le contournement du billet vert ne génère toujours pas encore assez de revenus pour combler ce gap de devises.
Selon les chiffres d’Afreximbank, l’inflation a atteint 36% en 2014, mais est passée fin 2016 à 13%. Toutefois, le PIB ne s’est pas contracté sur les trois dernières années, passant de 1,6% en 2014 à 4,8% en 2015 avant de reculer à 3%, à la fin de l’année dernière. Le commerce s’en sort avec une balance déficitaire qui continue de se creuser d’année en année, reflet de l’asphyxie d’une économie contrainte à exploiter juste une faible partie de ses potentialités. Pire, la scission avec la partie australe du pays (Soudan du Sud) qui est partie avec près des trois-quarts des ressources naturelles, a pulvérisé l’économie du pays.
Fiacre E. Kakpo
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.