Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève

Covid-19 : sur la base du scénario le plus optimiste, l’Afrique pourrait perdre 145 milliards $ de PIB en 2020 (BAD)

  • Date de création: 08 juillet 2020 10:39

(Agence Ecofin) - Dans un contexte marqué par la covid-19, la BAD projette désormais, dans le meilleur des cas, une contraction de 1,7% de l’économie du continent en 2020, induisant des pertes de l’ordre de 145,5 milliards $ de son PIB. Avec en perspectives de lourdes conséquences socio-économiques.

La Banque africaine de développement (BAD) a lancé mardi 7 juillet, le premier supplément de son rapport annuel sur les « perspectives économiques en Afrique en 2020», tenant compte du contexte actuel de la pandémie de covid-19.

Ce supplément qui apporte des révisions aux prévisions de croissance et aux perspectives pour l’Afrique pour les années 2020 et 2021, prévoit une contraction du PIB du continent de 1,7% en 2020. Soit une baisse de 5,6 points de pourcentage par rapport aux projections de janvier 2020, en supposant que l’impact de la pandémie sera substantiel, mais de courte durée. 

Toutefois, si la pandémie se poursuit au-delà du premier semestre, la contraction du PIB en 2020 sera plus marquée, de l’ordre de 3,4 %, soit une baisse de 7,3 points de pourcentage par rapport aux projections initiales de croissance.

Dans un tel contexte, la contraction projetée de la croissance en 2020 pourrait coûter à l’Afrique des pertes en termes de PIB de l’ordre de 145,5 milliards $ (scénario de base) et 189,7 milliards $ (scénario pessimiste), sur les 2590 milliards $ de PIB projetés en 2020 avant l’apparition de la pandémie.

Selon le rapport, une partie de ces pertes pourrait même se poursuivre en 2021, dans la mesure où la reprise attendue ne serait que partielle. Ainsi, les pertes du PIB prévues en 2021 pourraient se chiffrer entre 27,6 milliards $ (scénario de base) et 47 milliards $ (scénario pessimiste), par rapport aux prévisions initiales de PIB de 2760 milliards $.

Par ailleurs, en plus d’une hausse de l’inflation provoquée par la pandémie, la BAD craint que les politiques budgétaires expansionnistes menées par les Etats en réponse à la covid-19 n’aggravent considérablement les déficits publics. « En 2020, ces déficits devraient doubler, et atteindre 8 % du PIB dans le scénario de base et 9 % dans le scénario pessimiste ».

Dans la même veine, une augmentation jusqu’à 10 points de pourcentage au-delà de la trajectoire prévue pour 2020 et 2021 du ratio dette/PIB de nombreux pays africains avant l’apparition de la pandémie, « renforce la probabilité d’une crise généralisée et profonde de la dette souveraine » sur le continent. Ce, d’autant plus que la dette africaine contient une part croissante de dette commerciale (euro-obligations et autres créanciers privés) et est très souvent exprimée en devises.

Les perspectives économiques du continent sont rendues encore plus difficiles par la baisse annoncée des envois de fonds de la diaspora, devenus une source majeure de financement étranger pour de nombreuses économies africaines telles que le Cap-Vert, les Comores, la Gambie, le Lesotho, le Liberia ou encore le Sénégal.

L’investissement direct étranger (IDE) sur le continent devrait également connaître un recul avec la réduction ou le report des investissements par les investisseurs en raison des incertitudes. L’aide publique au développement pourrait être aussi affectée par l’impact de la crise sur les économies avancées.

De lourdes conséquences socio-économiques

Pour la BAD, l’impact global de la pandémie sur les résultats socio-économiques reste cependant incertain sur le continent. Il va dépendre de l’épidémiologie du virus, de la gravité de ses impacts sur l’offre et la demande, de l’efficacité des réponses au niveau des politiques publiques et de la persistance des changements de comportement.

Pourtant comme le souligne le rapport, les différents systèmes de santé sur le continent ne sont pas suffisamment préparés pour contenir la propagation du coronavirus. Des insuffisances se reflétant, selon le rapport, dans les chiffres de contamination qui sont « susceptibles d’être sous-estimés en raison des capacités de test limitées dans la plupart des pays ». Une situation qui pourrait entrainer de lourdes conséquences socio-économiques sur le continent.

Le rapport estime, en effet, que le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté en Afrique pourrait atteindre 453,4 millions dans le scénario de base et 462,7 millions dans le scénario pessimiste. En 2021, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté pourrait croître entre 34 et 49,2 millions en raison de la pandémie et de la chute du PIB en dessous des taux de croissance démographique.

Par ailleurs, la BAD estime que dans un scénario de base de contraction du PIB de 1,7 %, 24,6 millions d’emplois pourraient être perdus en 2020 sur le continent. Dans le scénario pessimiste, une baisse de 3,4 % du PIB pourrait entrainer une perte de 30 millions d’emplois. Les travailleurs pauvres qui représentent près de la moitié des salariés seront les plus affectés, entrainant ainsi une hausse du nombre de travailleurs reconvertis dans l’informel comme stratégie de survie.

Borgia Kobri



Enveloppe
Recevez votre lettre Ecofin personnalisée selon vos centres d’intérêt

sélectionner les jours et heures de réception de vos infolettres.