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Faillite présumée de la BIAC : une tempête dans un verre d’eau en RD Congo

Depuis quelques jours, la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) semble dans la tourmente : retraits massifs, rumeurs d’éviction des cadres dirigeants, déchaînement médiatique, faillite présumée...  La deuxième institution bancaire du pays par deux communiqués de presse a tenu à rétablir, dans un langage d’initiés, sa vérité. Au-delà des chiffres et des statistiques, subsiste une vraie interrogation pour l’épargnant : la BIAC va-t-elle fermer ? Assurément non ! Retour sur une tempête dans un verre d’eau.

Un contexte difficile, une économie congolaise résiliente

La contraction de la demande chinoise en termes de matières premières et la chute des cours du pétrole ont contribué à la baisse des recettes liées aux exportations. Ce ralentissement de la croissance se traduit pour les Congolaises et les Congolais par une dépréciation du Franc congolais en comparaison du dollars et pour l’Etat congolais par une rupture des équilibres financiers. Cela s’est traduit concrètement pour l’Etat congolais par une perte de recettes fiscales de 97,9 milliards CDF pour la période de janvier-février 2016 (pour un total de 556.8 milliards CDF) comparativement à la même période en 2015 où les recettes fiscales étaient de 654.7 milliards CDF.

Dans un passé récent, cette perte de valeur de la monnaie aurait entrainé automatiquement une hausse généralisée des prix. L’inflation est pour l’instant maîtrisée grâce aux mesures gouvernementales. Comparativement à l’Angola et d’autres pays frontaliers, l’économie congolaise s’en sort relativement bien.

 

Un secteur bancaire touché, une Banque centrale et un Gouvernement à la manœuvre

Le Congo est marqué par un profond déséquilibre entre la consommation intérieure et la production nationale. De ce fait, le recours aux importations est une nécessité qui soutient la demande de devises. Le secteur bancaire, qui devrait fournir l’économie congolaise en devises, a connu un recul de 1.1 % au dernier trimestre 2015 après une progression positive pendant 4 ans marquée par un PNB passant de 215.5 millions à 522.1 millions de dollars américains. Malgré une stabilisation du coefficient d’exploitation à 75% les deux dernières années, le risque de dégradation n’est pas loin et la solvabilité des banques est en danger.

Pour juguler l’inflation et éviter toute conséquence sociale désastreuse, le Gouvernement a pris 28 mesures fin janvier 2016 dont certaines impactent directement le secteur bancaire. Les membres de l’Association Congolaise des Banques (ACB) ont d’ailleurs bien accueilli ces mesures.

Au vue de la crise existante, la BIAC bénéficie du concours de la Banque centrale du Congo et du Gouvernement. En effet, une opération de réescompte de 16 milliards de francs congolais accordée par le régulateur a permis un accroissement des liquidités de la BIAC. Ensuite, des discussions sont en cours pour le recouvrement des dettes publiques qui représentent 24,3 milliards de francs congolais. Il faut savoir que la BIAC contribue au développement de la RDC grâce au financement de l’action publique aux alentours de 30% de son portefeuille crédit.

 

Un marché bancaire attractif, une BIAC moderne et innovante

Ne nous y trompons pas : Equity Bank rachète ProCrédit Bank, la banque commerciale du Kenya (KBC) désire s’installer en RDC,... Le secteur bancaire congolais est attractif : un taux de bancarisation faible près de 5% ce qui signifie des marges de progression significatives pour les acteurs ; une amélioration sensible du climat des affaires ; une croissance certes fragile mais relativement importante,...

Dès lors, ce serait envoyé un mauvais signal sur les marchés si le régulateur ne jouait pas son rôle. De plus, en intervenant auprès des banques en difficulté, la Banque centrale renforce sa crédibilité et démontre par la même le fonctionnement des institutions publiques. En outre, la BIAC constitue un des fleurons de l’économie congolaise  et est un acteur important de la bancarisation. Avec plus de  150 agences sur l’ensemble du territoire, une présence dans 16 villes du pays, la BIAC possède le réseau le plus dense du pays et contribue au désenclavement financier du territoire. Elle se distingue comme banque de proximité et compte plus de 340 000 petits épargnants. Refuser d’aider la BIAC constituerait un risque économique et politique inenvisageable pour un Gouvernement dont l’objectif est d’améliorer la condition des Congolais. 340 000 petits épargnants en colère : situation intolérable pour un Gouvernement qui a démontré sa maîtrise des marchés financiers.

Sa proximité avec ses clients, la BIAC l’a manifestée en proposant constamment de nouveaux produits notamment d’épargne avec Ekonzo ou de monétique avec la carte Heyano. Ce dynamisme on le doit à Michel Losembe l’actuel Directeur Général. Michel Losembe est au secteur bancaire congolais ce qu’était Steve Jobs à l’informatique. Hommes de terrain et de conviction, ils ont en partage cette capacité de comprendre leur secteur et de créer l’innovation. Bien que venant de la partie corporate du métier par son passage à la Citi, il a relevé les défis d’une banque universelle dont la force repose sur son secteur retail. Il a restructuré la BIAC , a mis en place de nouveaux outils de gestion et a su pour cela s’entourer de personnes reconnues comme Anne Mbuguje, directrice commerciale. Dans le cas où les rumeurs évoquant son départ seraient fondées, Mme Mbuguje est pressentie comme la remplaçante de M. Losembe. Femme de cœur et de conviction, banquière de métier, Anne Mbuguje aurait la lourde tâche d’achever les chantiers lancés par Michel Losembe et qui ont permis de faire de la BIAC une des banques préférées des Congolais.

En conclusion, la probabilité est faible que la BIAC puisse fermer ses portes. La Banque centrale du Congo va probablement renouveler la ligne de crédit de la BIAC contribuant ainsi à sécuriser l’épargne publique comme l’a précisé la réunion économique présidée par le Premier Ministre Matata Ponyo.

Madimba Kadima-Nzuji

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