Le concept d’ivoirité a coûté à la Côte d’Ivoire 10 années de cauchemars et des milliers de morts. Il avait été inventé par Henri Konan Bédié pour barrer la route vers le pouvoir à celui qui préside aujourd’hui le pays avec son soutien.

Aujourd’hui l’opposition gabonaise conteste la gabonité du président Ali Bongo, tout comme une partie de l’opposition congolaise affirme que Joseph Kabila serait Rwandais. Aux USA, certains néo-conservateurs américains avaient également tenté de semer le doute sur les origines de Barack Obama, voyant même dans ses papiers officiels des indices de falsification.

Aujourd’hui des Congolais qui se proclament « Alliance des Patriotes », exigent un test ADN pour Joseph Kabila afin de prouver qu’il n’est pas Rwandais, tout comme l’opposition gabonaise en réclame un pour Ali Bongo qui serait selon eux d’origine Nigériane. Comment Jean Ping, qui a présidé aux plus hautes fonctions africaines peut-il se livrer à une telle vilenie et défendre le concept de gabonité pour régler des comptes, visiblement très personnels ?

Sous toutes les latitudes, la filiation est avérée dès lors que les parents reconnaissent la paternité ou la maternité de l’enfant. Un test ADN, heureusement, ne peut pas rompre cette filiation. Heureusement, parce que la nature étant ce qu’elle est, partout dans le monde, un pourcentage non négligeable de pères ne sont pas les vrais géniteurs de leur enfant.

Si demain, des hommes politiques devaient se soumettre à des tests ADN pour prouver leur origine biologique, alors il se trouverait immédiatement un opposant pour expliquer que la mère de tel ou tel chef d’Etat, ou candidat, avait à l’époque un amant étranger, afin de jeter un doute dans l’esprit des électeurs les plus crédules. Mohammed VI est-il vraiment le fils d’Hassan II ? Le vrai père d’Angela Merkel ne serait-il pas polonais ? La mère de Macky Sall n’aurait-elle pas eu un amant malien ? Et si Bouteflika était finalement de sang français ? Seuls des tests ADN pourraient lever ces suspicions...

Le pouvoir gabonais actuel est bien évidemment critiquable et il ne faut pas se priver de le critiquer. Mais on notera toute de même que, ces derniers jours, la FAO a félicité le Gabon pour avoir atteint la première étape des Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD) un an avant l’échéance prévue, pendant que l’UIT annonçait que le Gabon était devenu le pays d’Afrique francophone le plus développé en matière de TIC. Si l’opposition gabonaise estime qu’elle peut faire mieux, qu’elle explique à ses concitoyens son programme, ses options, ses projets et qu’elle anime un débat démocratique argumenté.

Mais il est sans doute plus facile de recourir au concept de gabonité, un concept déshonorant pour les apprentis sorciers qui le manipulent, que ce soit à Abidjan, à Kinshasa, à Libreville ou à Washington.