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La politique énergétique de Joe Biden redonne espoir aux pays producteurs de pétrole conventionnel

  • Date de création: 22 janvier 2021 15:29

(Agence Ecofin) - Avec 11 millions de barils extraits par jour, les États-Unis sont devenus en 2018 le plus gros producteur de pétrole au monde, devant l’Arabie Saoudite et la Russie. Un an plus tard en novembre 2019, le pays est aussi devenu un exportateur net du combustible. Un revirement surprenant pour un pays qui importait plus de 10 millions de barils par jour dix ans plus tôt. Cette performance, les USA la doivent au boom de l’industrie du schiste, longtemps décriée, mais qui a obtenu un soutien de taille avec l’administration Trump. La tendance pourrait néanmoins s’inverser.

Le président élu, Joe Biden, prêche pour l’arrêt de la fracturation hydraulique sur le territoire américain et compte débloquer 2000 milliards de dollars pour faire du pays le leader mondial de la transition vers les énergies propres. Une opération qui libèrerait le marché de l’emprise du schiste, offrirait un boulevard aux pays producteurs de pétrole conventionnel et redresserait les cours longtemps malmenés par la surabondance de l’offre.

La politique pétrolière de Biden décryptée

Questionné en mars 2020 sur comment il compte conduire la politique pétrolière des États-Unis s’il est élu, Joe Biden a déclaré : « Nous ne nous débarrassons pas des combustibles fossiles. Nous nous débarrassons des accompagnements pour les combustibles fossiles, mais nous ne nous débarrasserons pas des combustibles fossiles avant longtemps ».

Une déclaration qui a jeté un froid sur le secteur, étant donné que dans le pays, les aides se résument aux subventions, aux facilités fiscales et aux appuis financiers venant des caisses publiques. Dans cette nouvelle configuration, le segment spécifiquement visé est l’industrie du schiste qui pollue énormément et qui est aux antipodes de la vision du parti démocrate au sujet de l’énergie.

Dans cette nouvelle configuration, le segment spécifiquement visé est l’industrie du schiste qui pollue énormément et qui est aux antipodes de la vision du parti démocrate au sujet de l’énergie.

Le nouveau président américain a déclaré sans équivoque qu’il n’interdirait pas la fracturation hydraulique. Son objectif est donc d’étouffer progressivement le segment du schiste par la réglementation, jusqu’à ce qu’il disparaisse et laisse la place au pétrole conventionnel et au gaz naturel, dans un premier temps tout au moins.

Il veut interdire toute nouvelle attribution de permis sur des périmètres publics à terre ou en offshore. Une mesure à portée limitée, puisque les Américains ont le droit d’exploiter à leur propre compte les gisements qu’abritent les terrains dont ils sont propriétaires, et que l’on a observé au cours des derniers mois, une hausse significative des demandes de permis (de 60% en 2018 et 2019 à 85% en 2020 dans l’État du Nouveau-Mexique).

Par ailleurs, la future nouvelle administration a averti qu’elle obligerait les pollueurs à supporter le coût total de la pollution au carbone occasionnée, mesure qui n’avait pas cours sous Trump.

Par ailleurs, la future nouvelle administration a averti qu’elle obligerait les pollueurs à supporter le coût total de la pollution au carbone occasionnée, mesure qui n’avait pas cours sous Trump.

Ces mesures, reconnaissent les analystes, devraient sérieusement affecter la viabilité de l’industrie du schiste déjà aux prises avec d’énormes dettes contractées via des lignes de crédit faramineuses ouvertes par l’exécutif finissant.

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Son objectif est donc d’étouffer progressivement le segment du schiste par la réglementation.

Avec sa technique de la fracturation hydraulique, l’industrie du schiste cause d’énormes dégâts environnementaux en dopant les émissions de méthane, laissant derrière elle des paysages lunaires, polluant les eaux, entraînant des séismes locaux ou encore, chamboulant les voies migratoires des oiseaux.

Interrogé sur la question de la pertinence de la vision de Biden avant l’élection, Dan Brouillette, le secrétaire américain à l’énergie, a répondu : « Je pense que chaque changement d'administration, s’il y a changement, va obliger le peuple américain à évaluer les nouvelles politiques. Mais je ne sais pas si le peuple américain va accepter de faire un pas en arrière par rapport à cette indépendance énergétique qui a été obtenue au cours des trois ans et demi à quatre ans passés ».

Quelques semaines après cette déclaration, le 5 janvier 2021, le parti démocrate remportait la majorité au Sénat, ouvrant un boulevard vers le succès pour la politique pétrolière de la future nouvelle administration américaine.

Retombées pour l’économie américaine

Selon le rapport « Les progrès de l’Amérique en péril » de l’Institut américain du pétrole (API), en cas de mise en exécution de la politique énergétique de Biden, on enregistrera une perte cumulée du PIB équivalente à 7,1 milliards de dollars d’ici 2030.

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L’Institut américain du pétrole prédit une perte de 7,5 millions d’emplois.

Par ailleurs selon les estimations, 7,5 millions de personnes perdront leurs emplois d’ici 2022. C’est 4,8 % du total des emplois dans le pays, et à cette date, les États les plus touchés seront le Dakota du Nord, l’Oklahoma, le Nouveau-Mexique, le Wyoming, la Louisiane, la Virginie-Occidentale, le Kansas et le Colorado.

C’est 4,8 % du total des emplois dans le pays, et à cette date, les États les plus touchés seront le Dakota du Nord, l’Oklahoma, le Nouveau-Mexique, le Wyoming, la Louisiane, la Virginie-Occidentale, le Kansas et le Colorado.

Pendant sa campagne électorale, le président Trump s’est énormément appuyé sur les prédictions de ce rapport, brandissant les risques d’une récession économique. A la frustration et aux craintes que ces chiffres risquaient d’engendrer dans l’opinion, Joe Biden a répondu : « Si nous faisons preuve d'ambition pour produire de l'électricité propre de fabrication américaine, tout en construisant l'infrastructure nécessaire pour électrifier les principaux secteurs de notre économie, nous pourrons faire face à la menace existentielle du changement climatique. Nous pourrons aussi créer des millions d’emplois de qualité et rendre la croissance économique plus accessible dans chaque État. Nous pourrons pour finir, être les premiers au monde à inventer, fabriquer et exporter des technologies énergétiques propres ».

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« Nous pourrons pour finir, être les premiers au monde à inventer, fabriquer et exporter des technologies énergétiques propres. »

De plus, poursuit le rapport, le pays passera d'une autonomie énergétique croissante, caractérisée par une baisse des importations, à une dépendance à l'égard des fournisseurs étrangers pour 21 % de ses besoins énergétiques, d'ici 2030. Il passera de même d'exportateur net de gaz naturel à importateur, avec plus de 30 % du combustible acheté depuis l’étranger, jusqu’en 2030.

Si les experts du secteur sont divisés sur cette politique, la majorité d’entre eux ont averti que les mesures menaceront la sécurité énergétique en réduisant l’indépendance du pays.

Une opportunité pour les producteurs de pétrole conventionnel

Les conséquences économiques de la politique pétrolière de Biden suscitent des craintes fondées, mais représentent une occasion en or pour la reprise du marché du pétrole conventionnel. Si (par prudence ?) la question n’est quasiment jamais évoquée au sein des producteurs de pétrole conventionnel, notamment ceux de l’OPEP, la réduction voire la disparition du schiste américain du marché sera sans doute considérée comme le meilleur cadeau de l’administration Biden.

Si la question n’est quasiment jamais évoquée au sein des producteurs de pétrole conventionnel, notamment ceux de l’OPEP, la réduction voire la disparition du schiste américain du marché sera sans doute considérée comme le meilleur cadeau de l’administration Biden.

La production américaine de schiste a constitué un sérieux revers pour le pétrole conventionnel depuis les 7 dernières années tout au moins. Même avec les réductions de la production au sein du groupe de l’OPEP et de ses alliés, l’offre globale est souvent supérieure à la demande, à cause du schiste qui cherche constamment des débouchés et qui a initialement entraîné une réduction des importations aux USA.

Le 11 janvier 2021, Suhaïl Al Mazrouei, le ministre émirati du Pétrole, a appelé les producteurs américains de schiste à ne pas inonder de nouveau le marché. Une demande qui survient dans un contexte marqué par la reprise satisfaisante des cours, après une année 2020 passée sous la barre des 40 dollars. Des cours qui ont affecté l’ensemble du secteur et plus principalement les producteurs de schiste, qui ont d’ailleurs enregistré des niveaux de faillites record.

Cette performance est due à l’annonce de Riyad de réduire sa production d’un million de barils supplémentaires par jour, et au début des campagnes de vaccination anti-Covid qui devraient relancer la mobilité et la consommation mondiale de carburant.

Lorsque le pétrole conventionnel devient rentable, l’industrie du schiste met plein gaz sur la production afin de profiter de la stabilité des prix. Cette fois, elle vit peut-être ses dernières heures et pourrait ne plus entraver très longtemps l’adéquation entre l’offre et la demande.

Olivier de Souza

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Olivier DE SOUZA
 
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