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Pipeline Ouganda-Tanzanie : quand les banques font marche arrière

  • Date de création: 07 mai 2021 18:11

(Agence Ecofin) - La pression qu’exercent depuis plusieurs mois les organisations de protection de l’environnement sur les financiers du projet pétrolier ougandais du lac Albert est en train de porter ses fruits. Plusieurs institutions bancaires qui s’étaient déjà engagées ont soit renoncé à y participer, soit déclaré qu’elles allaient y réfléchir. Ce qui met en péril la réalisation du projet, alors que la décision finale d’investissement a été prise le mois dernier seulement.

Rouleau compresseur

Lorsque la construction du pipeline EACOP, destiné à acheminer le brut ougandais vers le port tanzanien de Tanga, a été annoncée, plusieurs groupes de défense de la nature ont exprimé leurs inquiétudes sur la dangerosité du projet pour l’environnement. Des environnementalistes avaient alerté que le tracé de l’oléoduc traverserait des zones sensibles, notamment des écosystèmes qui comprennent des espèces menacées et en voie de disparation.

Pour contrecarrer le plan de Total et de ses partenaires, les activistes ont produit des rapports montrant que les émissions du conduit afficheront 34,3 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an. Pourtant, l’étude d’impact environnemental du projet avait été validée par les autorités ougandaises en décembre 2020.

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Jusque-là, la pression des associations telles que Greenpeace n’avait pas grand écho au sein de l’opinion internationale sur cette question.

Le déclic arrivera le 1er mars 2021, lorsqu’un collectif de 263 ONG provenant de 49 pays, ont dans une déclaration, exhorté les PDG de 25 banques à ne pas participer aux prêts destinés à financer la construction du pipeline.

Le déclic arrivera le 1er mars 2021, lorsqu’un collectif de 263 ONG provenant de 49 pays, ont dans une déclaration, exhorté les PDG de 25 banques à ne pas participer aux prêts destinés à financer la construction du pipeline.

Au moins 2,5 milliards de dollars étaient recherchés par les parties prenantes pour exécuter le projet d’une valeur de 3,5 milliards USD.

Elles ont aussi exigé que Total, qui est l’opérateur du projet, fournisse une compensation complète et équitable aux communautés déjà affectées par les déguerpissements, et que soit promu le développement d’énergies renouvelables durables en Afrique de l’Est, au lieu de projets d’énergies fossiles.

Cette campagne a eu un écho particulier, car elle intervient deux mois après l’annulation par le président américain Joe Biden, du projet de construction du pipeline Keystone XL, un tronçon de 1900 km à 9,1 milliards USD. La ligne devait relier la 3e plus grande réserve de pétrole au monde dans l'ouest du Canada à l'une des plus grandes concentrations de raffineries du monde sur la côte du golfe du Mexique, aux États-Unis. En vrai, ce sont les lobbies de défense de l’environnement qui ont obtenu ce résultat grâce à une pression constante sur les parties prenantes et une présence remarquable dans les médias. Le succès de cette opération a certainement influencé les ONG qui font pression côté ougandais.

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Une première victoire va entraîner chez les activistes un regain d’énergie.

De plus, en ce premier trimestre de 2021, les actionnaires des grandes sociétés pétrolières et bancaires exigent à la chaine des engagements pour la protection de l’environnement. Quelques jours après, la Standard Bank a décidé de suspendre sa participation au projet de financement du pipeline. L’institution financière a expliqué ce revirement par sa volonté de « respecter sa politique de financement envers les projets de combustibles fossiles, qui stipule que dans le cadre de leur mise en œuvre, les exploitants sont tenus de réduire les émissions polluantes. ». Une première victoire qui va entraîner chez les activistes un regain d’énergie. Plusieurs autres banques feront volte-face.

Effet domino

Entre le 11 avril et aujourd’hui, les choses ont beaucoup bougé. Les incertitudes gagnent du terrain parce qu’environ une dizaine d’institutions bancaires se sont retirées du projet, et certaines autres ont suspendu leur engagement vis-à-vis du pipeline, jusqu’à nouvel ordre.

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Une dizaine d’institutions bancaires se sont retirées du projet.

La banque italienne UniCredit a déclaré, selon des propos rapportés par The East African, que ses politiques lui interdisent de financer des projets présentant des risques environnementaux. « Nous confirmons qu'UniCredit a mis en place des politiques strictes pour empêcher la banque de financer des opérations qui présentent des risques environnementaux et qui violent de quelque manière que ce soit les droits de l'homme. », a déclaré Tuulike Tuulas, responsable en charge des relations avec les médias chez UniCredit.

« Nous confirmons qu'UniCredit a mis en place des politiques strictes pour empêcher la banque de financer des opérations qui présentent des risques environnementaux et qui violent de quelque manière que ce soit les droits de l'homme. »

Puis c’est au tour du trio français BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole de tourner le dos à leur compatriote Total sur le projet EACOP, juste après le prêteur Crédit Suisse. La banque australienne ANZ, qui est l’un des financiers de Total (320 millions de dollars fournis à la société française entre 2016 et 2020) a également refusé de participer au projet.

Elle sera suivie de Barclays PLC, partenaire stratégique de Total avec 2,85 milliards de dollars prêtés entre 2016 et 2020. La banque britannique a annoncé dans une note à la presse qu’elle n'a pas l'intention de participer au financement du projet d'oléoduc de pétrole brut d'Afrique de l'Est.

Au milieu de cette série de désistements, Patrick Pouyanné, le PDG de Total, a déclaré dans la presse : « Nous reconnaissons que les projets Tilenga et EACOP représentent des enjeux sociaux et environnementaux importants, que nous prenons en compte de manière responsable. Nous mobilisons des ressources importantes pour que ces projets soient menés de manière exemplaire et créent de la valeur pour les populations des deux pays (…). L’engagement de Total est de répondre à toutes les questions et d’assurer une totale transparence sur les études menées et celles des tiers indépendants, ainsi que sur les actions entreprises en conséquence ».

Les attentistes

Si de nombreux géants de la finance ont déserté le forum, d’autres attendent de voir comment la situation évolue avant de prendre une décision finale. C’est le cas par exemple de Stanbic Bank, dont la directrice générale, Anne Juuko, a indiqué que le financement du projet est un long processus et qu'à ce stade, les conseillers sont encore en train de mettre en place le cadre pour justifier l’opportunité d’investir dans ce projet. Stanbic a même lancé des études indépendantes à cet effet.

Avec 1,96 milliard de dollars injectés dans les activités de Total sur les cinq dernières années, Bank Of America, qui est l’un des partenaires importants de la société française, a refusé de se prononcer sur le sujet. Pareil pour JP Morgan Chase qui avec 2,33 milliards accordés à Total, était initialement annoncé comme un partenaire de référence sur EACOP.

Des institutions bancaires telles que Royal Bank Of Canada, MUFG, Citi, Deutsche Bank, Goldman Sachs et HSBC ont pour le moment refusé de se prononcer sur leur engagement ou non pour la suite.

Macron à la rescousse de Total

Face à la tourmente que traverse Total, le fleuron de son industrie pétrolière, l’Etat français a décidé de lui apporter son soutien. Dans une lettre adressée cette semaine à Yoweri Museveni, son homologue ougandais, le président français, Emmanuel Macron a déclaré : « Vous pouvez compter sur moi pour mobiliser l'expertise et les investisseurs français afin d’accroître la présence économique française en Ouganda et donner ainsi corps à cette relation. Ce sera une occasion majeure d'intensifier les échanges entre nos deux pays et d'élargir encore notre coopération », a-t-il déclaré.

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La première pierre posée en août 2017, pourrait aussi être la dernière.

C’est une lueur d’espoir pour un projet condamné à ne jamais sortir de terre, selon de nombreux observateurs. Une chose est certaine, ces soubresauts sont de nature à affecter le calendrier d’exécution des travaux.

S’il aboutit, le pipeline Ouganda-Tanzanie sera long de 1 443 km, soit le plus long oléoduc chauffé du monde. Il transportera 230 000 barils de pétrole par jour à son pic d’activité. Pour rappel, ses actionnaires sont Total (62%), l'Ouganda et la Tanzanie 15% chacun (détenus par l'intermédiaire de leurs compagnies pétrolières publiques) et China National Offshore Oil Corporation (8%).

Olivier de Souza

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Olivier DE SOUZA
 
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