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Brouille Maroc Algérie : un défi pour l’approvisionnement gazier du royaume

  • Date de création: 03 septembre 2021 17:33

(Agence Ecofin) - Les relations entre Rabat et Alger sont tendues depuis des décennies, notamment en raison de profondes divergences sur le Sahara occidental. Elles se sont dégradées au cours des derniers mois, avec comme point culminant l’Algérie qui accuse son voisin de soutenir le mouvement indépendantiste de la région majoritairement berbère de Kabylie, qui serait lui-même responsable des incendies qui ravagent de grandes étendues de forêts en Algérie depuis le début du mois. La tension est à son paroxysme et risque d’affecter davantage l’activité économique entre les deux pays, dont les frontières terrestres sont fermées depuis 1997.

Péril sur l’approvisionnement gazier marocain

Après plusieurs années de tensions, l’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le royaume du Maroc à compter du mardi 24 août 2021. L’annonce a été faite par Ramtane Lamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères, qui accuse les dirigeants marocains de mener des « actions hostiles » contre son pays.

GME Medgaz

Cette situation va mettre en péril l’approvisionnement gazier régulier au Maroc. En effet, le royaume chérifien abrite un important tronçon du gazoduc GME qui transporte le gaz algérien vers le marché espagnol. Plus de 30% du gaz naturel consommé en Espagne transite sur son sol, à travers deux gazoducs : le gazoduc GME, et Medgaz qui relie directement la ville algérienne de Beni Saf et celle d’Almeria en Espagne. En échange, le Maroc perçoit ses droits de transit de gaz naturel et des royalties.

Décidée à ne plus coopérer avec son voisin, l’Algérie va entreprendre, deux jours après l’annonce de rupture des relations, de rassurer les autorités espagnoles que l’approvisionnement gazier se poursuivra, mais sans passer par le Maroc. C’est le ministre algérien de l’énergie, Mohamed Arkab qui l’a signifié à l’ambassadeur du Maroc en Algérie, Fernando Moràn.

Cette démarche signifie clairement que l’Algérie ne renouvellera plus son contrat de livraison de gaz à l’Espagne via le Maroc. L’accord entre les deux pays expire le 31 octobre prochain et tout porte à croire que la partie algérienne s’apprêtait depuis plusieurs mois à se passer du Maroc.

Cette démarche signifie clairement que l’Algérie ne renouvellera plus son contrat de livraison de gaz à l’Espagne via le Maroc. L’accord entre les deux pays expire le 31 octobre prochain et tout porte à croire que la partie algérienne s’apprêtait depuis plusieurs mois à se passer du Maroc.

Il y a quelques semaines, Toufik Hakkar, le PDG de Sonatrach, la société publique des hydrocarbures de l’Algérie au cœur de la brouille et des incertitudes entourant le renouvellement du contrat, a déclaré que « la compagnie prend toutes les mesures nécessaires pour agir en cas de non-renouvellement du contrat ». Et d’assurer que même le cas échéant, « l'Algérie serait en mesure d'approvisionner l'Espagne, mais aussi de répondre à toute demande supplémentaire du marché sans aucun problème ».

Au mois de juillet, Sonatrach et son partenaire espagnol Naturgy, qui contrôlent respectivement 51% et 49% de Medgaz, ont signé un accord pour élargir la capacité de transport du conduit. Selon les termes du deal, elle doit augmenter de 2 milliards de mètres cubes par an pour atteindre la barre des 10 milliards m3/an. L’extension qui devrait coûter près de 73 millions de dollars, devrait s’opérer « dans les meilleurs délais » pour une disponibilité du pipeline au dernier trimestre 2021. Ainsi, le gazoduc Medgaz pourra bientôt assurer à lui seul la livraison à l’Espagne du gaz algérien.

Au mois de juillet, Sonatrach et son partenaire espagnol Naturgy, qui contrôlent respectivement 51% et 49% de Medgaz, ont signé un accord pour élargir la capacité de transport du conduit.

Il faut savoir que le volume convoyé par l’Algérie représente près de la moitié de la consommation marocaine de gaz. En 2020, les échanges de gaz naturel via GME ont totalisé 3,67 milliards de mètres cubes, et ceux de Medgaz 5,39 milliards de mètres cubes, d’après des données de S & P Global Platts.

En outre, les autorités algériennes ont signifié qu’outre la demande croissante du pays de la péninsule ibérique, elles sont disposées à satisfaire celle des marchés européens grâce à la flexibilité des capacités de production de leurs usines de GNL.

La semaine avant la décision algérienne de couper les ponts avec le voisin marocain, Amina Benkhadra, la directrice de la société publique marocaine des hydrocarbures, a déclaré que « la volonté du Maroc de conserver cette voie d'exportation a été exprimée de manière claire et cohérente à tous les niveaux depuis plus de trois ans. Nous l'avons dit verbalement et par écrit, publiquement et dans des discussions privées, toujours avec la même clarté et la même cohérence ». Jusqu’ici, les autorités algériennes ont ignoré cette déclaration.

Quelles alternatives pour le Maroc ?

Face au refus de l’Algérie de poursuivre sa coopération gazière, le Maroc va, le 30 août démarrer les préparatifs visant à lancer la deuxième phase des études d’ingénierie avant-projet (FEED) du gazoduc Nigéria-Maroc, un projet titanesque qui devrait acheminer du gaz nigérian dans le royaume, puis vers l’Europe. D’après des informations relayées par Le Desk, la société publique marocaine des hydrocarbures (ONHYM), a sollicité un financement de la Banque islamique de développement (BID) pour cette seconde phase des FEED. On apprend que l’OPEP interviendra comme bailleur dans cette opération.

La première phase de cette étude a été réalisée par la société britannique Penspen. Mais ce projet nécessite la mobilisation de plus de 20 milliards de dollars pour une longueur prévue de 5700 km. D’ailleurs, il devrait entrer en production d’ici 24 ans, avec une réalisation par étapes, vu qu’il doit transiter par 12 pays.

Face à l’urgence à court terme de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement, le gazoduc Nigéria n’est clairement pas une option.

Le Maroc doit s’activer pour sécuriser de nouvelles sources d’approvisionnement. En clair, cela lui reviendrait plus cher et impliquerait de nouveaux investissements dans la logistique gazière. Plusieurs options se présentent.

A très court terme, l’option du gaz naturel liquéfié (GNL) pour remplacer l’offre algérienne reste accessible. Cependant, le pays ne dispose pas encore des infrastructures de regazéification adéquates pour traiter les volumes nécessaires à satisfaire la demande, une fois le GNL importé. Un projet de construction d’une unité flottante de stockage et de regazéification à Mohammedia est toujours en cours d’étude. Il devient impératif pour Rabat d’investir davantage dans la logistique gazière. 

Cependant, le pays ne dispose pas encore des infrastructures de regazéification adéquates pour traiter les volumes nécessaires à satisfaire la demande, une fois le GNL importé.

A l’échelle nationale, plusieurs projets de production de gaz naturel sont en cours de développement dans l’Est et en mer. La société britannique Sound Energy travaille à installer une plateforme de liquéfaction du gaz de Tendrara (TE-5). Un accord d’off-take de cette future production a déjà été signé avec l’entreprise locale Afriquia Gaz.

Cette installation, devrait permettre de satisfaire, dès 2025, environ 9 % des besoins annuels en gaz du Maroc. Afriquia distribuera le combustible sous forme de GPL, de butane et de propane. Quid de la production électrique à partir du gaz naturel ?

La production locale reste quant à elle, l’un des meilleurs atouts du pays. En l’état actuel des choses, même dans ce schéma, le retrait de l’offre algérienne en gaz entraînera un important gap entre l’offre et la demande. Il faudra attirer de nouveaux acteurs en amont pour de nouveaux projets qui accéléreront la production.

Quoiqu’il en soit, les défis liés à l’approvisionnement gazier seront importants pour le Maroc.

Olivier de Souza

olivierdesouza


Olivier DE SOUZA
 
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