Cameroun : le récit de 15 années de promesses non tenues sur Mbalam, un des projets miniers les plus prometteurs au monde
(Agence Ecofin) - Le Pitch
Dans le Sud du Cameroun, à environ 300 km à l’est-sud-est de la capitale Yaoundé, se trouve ce qui peut être considéré aujourd’hui comme l’une des plus grosses déceptions du Cameroun, le projet de minerai de fer de Mbalam. Identifié depuis les années 1980, le potentiel du gisement va être confirmé avec l’arrivée dans la région d’une jeune compagnie australienne, Sundance Resources.
517 millions de tonnes de réserves minérales d’une teneur en fer de 62,2%, une capacité de production annuelle de 40 millions de tonnes de minerai de fer à enfournement direct durant la première phase d’exploitation, un potentiel d’extension considérable du fait des zones inexplorées. Quand il s’agit d’évoquer le projet Mbalam (devenu ensuite Mbalam-Nabeba avec l’association du gisement congolais de Nabeba), les chiffres donnent le vertige.
A cheval sur la frontière du Cameroun et du Congo, l’un des premiers gisements de fer du monde
Le projet n’a rien à envier aux plus grands gisements de fer existant au monde, même pas ceux de Simandou, en Guinée. Il aurait le potentiel de transformer le secteur minier camerounais, en faisant entrer le pays dans le top 10 des plus grands producteurs mondiaux de minerai de fer. Pour cela des investissements de plus de 8 milliards de dollars sont attendus, soit environ 4500 milliards de FCFA. Si la dynamique insufflée par Sundance à ses débuts au Cameroun a suscité beaucoup d’espoirs quant à la réalisation de ce grand rêve, les choses vont se compliquer par la suite entre promesses non tenues et crise des matières premières. Aujourd’hui, force est de constater que pas un seul gramme de fer n’a été produit à Mbalam en 15 ans.
Mars 2006
Sundance arrive au Cameroun
Sundance annonce qu’elle a acquis 100% d’intérêts dans Cam Iron, une compagnie camerounaise détenant le permis EP92 couvrant une zone de 875 km2 dans la province de minerai de fer de Mbalam.
19 mai 2008
Première estimation de ressource inexploitée à Mbalam
Sundance Resources déclare à Mbalam une ressource minérale inférée de 190 millions de tonnes. Il s’agit, apprend-on, d’une minéralisation d’hématite de qualité « Direct Shipping Ore » (DSO) avec une teneur moyenne en fer de 60%. La compagnie mènera par la suite des travaux qui lui permettront de revoir cette première estimation à la hausse.
21 octobre 2008
Le gouvernement camerounais prolonge la durée de validité du permis de Mbalam
Le ministre camerounais des Mines accorde à Sundance une prolongation de 2 ans de son permis d’exploration EP92, qui englobe le projet de minerai de fer de Mbalam. Le permis détenu par la filiale camerounaise de la société (Cam Iron) expire désormais le 27 septembre 2010. Cette prolongation, en accord avec le code minier qui prévoit jusqu’à quatre extensions distinctes de 2 ans des licences d’exploration, permet à Sundance de continuer ses activités sur le projet.
18 décembre 2008
Sundance signe avec l’Etat un accord cadre pour développer le fer de Mbalam
Par le biais de sa filiale Cam Iron, Sundance conclut avec le gouvernement un accord de principe pour le développement du projet Mbalam.
George Jones : « Faire entrer le Cameroun dans le top 10 mondial des pays exportateurs de minerai de fer. »
L’accord-cadre servira de base, apprend-on, à une convention qui devrait être ratifiée par le Parlement camerounais après la réalisation de l'étude de faisabilité du projet. « Il s’agit d'une étape très importante à la fois pour la République du Cameroun et pour la société, car le projet Mbalam devrait être le plus grand projet minier entrepris au Cameroun et son premier grand projet de minerai de fer », commente le président de la société George Jones. Selon lui, le projet Mbalam devrait placer le Cameroun parmi les dix premières nations exportatrices de minerai de fer dans le monde, avec une entrée en production prévue pour 2012. L’entreprise dit viser une production échelonnée allant jusqu’à 50 millions de tonnes par an.
9 octobre 2009
Une étude de faisabilité est présentée au gouvernement camerounais
Après plusieurs mois de travaux au Cameroun, Sundance présente aux autorités camerounaises l’étude de faisabilité et une évaluation d’impact environnemental et social du projet Mbalam. Dans l’étude, il est indiqué que le projet Mbalam est viable si la compagnie arrive à définir des réserves à haute teneur pouvant soutenir une production de qualité DSO sur les 10 premières années d’exploitation. Sundance met aussi en avant l’importance stratégique du projet en tant que source d’approvisionnement à long terme pour les marchés mondiaux, dont « les fondamentaux semblent devoir rester forts à moyen et long terme, alimentés par la croissance de la demande, en particulier de la Chine ». La compagnie propose des conditions fiscales et de développement à inclure dans la convention et demande aussi un permis d’exploitation minière.
2 juin 2010
Sundance fait une première estimation de ressource à Nabeba au Congo
Alors qu’elle avance sur la réalisation d’une étude de faisabilité définitive pour le projet Mbalam, Sundance publie une première estimation de ressource pour le gisement adjacent qui se trouve au pays voisin, le Congo.
L’entreprise dit viser une production échelonnée allant jusqu’à 50 millions de tonnes par an.
Selon les nouvelles déclarations, les ressources du projet peuvent soutenir une production de 35 millions de tonnes par an pour une durée de vie de la mine de plus de 25 ans - comprenant la production de DSO pendant au moins les 10 premières années, suivie d'une production de concentré et de boulettes d'itabirite de plus de 15 ans. Sundance indique vouloir se concentrer sur l'obtention du financement et la recherche d’aciéries potentielles ainsi que de grands fournisseurs d'infrastructures intéressés par des montages financiers de type construction-exploitation.
19 juin 2010
Sundance perd ses administrateurs dans un crash aérien au Congo
Plusieurs dirigeants de Sundance périssent dans un crash aérien au Congo. Parmi les victimes figurent Geoff Wedlock, président de Sundance, et Ken Talbot, l’un des hommes les plus fortunés d’Australie, membre du Conseil d’administration de Sundance.
14 septembre 2010
Sundance conclut des protocoles d’accords avec des entreprises d’infrastructures chinoises
Sundance conclut avec China Harbour Engineering Company un mémorandum d’entente afin « d’établir l’étendue, le coût et le programme de livraison du port proposé pour les matériaux en vrac » à Lolabe, au Cameroun. Le port est, apprend-on, nécessaire pour soutenir le projet de minerai de fer, à cheval entre le Cameroun et le Congo. L’accord intervient quelques jours après un autre protocole d’accord conclu avec CRCC China-Africa Construction Ltd, pour établir la portée, le coût et le programme de livraison de la voie ferrée et du matériel roulant nécessaire pour soutenir le transport de la production future. Le protocole d'accord reconnaît que le projet ferroviaire minier fera partie intégrante du projet minier lui-même et du projet de développement portuaire de Lolabe. Il est mentionné un certain nombre d’autorisations réglementaires du gouvernement camerounais, nécessaires pour que les accords aillent au bout.
4 octobre 2011
Hanlong Mining veut acquérir Sundance pour 1,65 milliard de dollars australiens
Les derniers développements sur le projet Mbalam ont accru la valeur de Sundance. L’entreprise australienne reçoit une offre de rachat de Hanlong Mining, qui la valorise à 1,65 milliard de dollars australiens (1 dollar australien = 0,75 dollar US).
27 avril 2012
Sundance conclut un accord avec le Cameroun pour la convention de Mbalam
Les parties prenantes du projet Mbalam parviennent à un accord sur les conditions clés devant soutenir une convention minière. Cette étape était cruciale pour la finalisation du rachat de Sundance par Hanlong. Il est ainsi prévu que le gouvernement dispose d’une participation libre de 10% dans le projet et peut négocier une participation contributive de 10% supplémentaire. La convention et le permis d’exploitation auront une durée de validité initiale de 25 ans, et la propriété des infrastructures ferroviaires et portuaires devra être transférée au Cameroun après 25 ans. Les termes de ce transfert sont encore en cours de négociation.
L’entreprise australienne reçoit une offre de rachat de Hanlong Mining, qui la valorise à 1,65 milliard de dollars australiens (1 dollar australien = 0,75 dollar US).
Les parties conviennent d’un certain nombre d’autres clauses, y compris une redevance de 2,5%, des impôts ainsi que des incitations fiscales. A ce moment, le projet Mbalam est présenté comme un des plus grands investissements jamais réalisés au Cameroun et pouvant être la base de l'industrie régionale d'extraction du minerai de fer. Le projet devrait générer des avantages économiques substantiels pour la République du Cameroun et ses citoyens sous la forme d'emplois à long terme, avec des milliers d'emplois directs et indirects et des retours économiques importants. La convention sera effectivement signée quelques mois plus tard le 30 novembre 2012.
8 avril 2013
Après plusieurs mois de tergiversations, Sundance résilie l’accord avec Hanlong
La signature d’une convention minière avec le Cameroun était censée être un des derniers obstacles pour la finalisation de l’accord entre Sundance et Hanlong. Toutefois, après plusieurs mois de tergiversations, la compagnie australienne annonce qu’elle résilie l’accord et entre en pourparlers avec d’autres parties, chinoises et non chinoises, concernant leurs intérêts dans le projet de minerai de fer de Mbalam-Nabeba.
L’annulation de l’accord de rachat avec Hanlong a porté un sérieux coup à la dynamique du projet.
Selon les détails énoncés sur son site, Sundance explique sa décision par le fait que la condition de financement n'a pas été remplie et qu’elle a été informée par Hanlong qu'il était peu probable que les autres conditions requises soient remplies. « Cela nous permettra de concentrer tous nos efforts sur les discussions avec d'autres parties qui ont exprimé un vif intérêt pour le projet Mbalam-Nabeba », indique néanmoins optimiste George Jones, président de Sundance.
25 mars 2014
Sundance signe un accord d’écoulement avec un géant mondial du négoce
L’annulation de l’accord de rachat avec Hanlong a porté un sérieux coup à la dynamique du projet. Pourtant, les parties prenantes essaient de repartir de l’avant. Sundance conclut un accord d’écoulement à long terme avec Noble, un leader mondial du commerce des matières premières. Selon les termes, Noble achètera les produits de Mbalam pendant les 10 premières années d’exploitation. Cela n’inclut pas la part des autres parties prenantes, estimée à 50% de la production totale. Sundance indique que ce contrat facilitera le bouclage d’un financement pour la construction du port, du chemin de fer et des mines.
6 juin 2014
Standard Bank et Mota-Engil Africa arrivent sur le projet Mbalam
Sundance nomme Mota-Engil Africa pour la construction d'infrastructures portuaires et ferroviaires d’un montant de 3,5 milliards de dollars. Dans le même temps, on apprend que le groupe Standard Bank a été désigné comme conseiller financier et arrangeur principal mandaté pour le projet. Les discussions sont bien avancées avec plusieurs partenaires financiers potentiels, et des agences de crédit à l'exportation, des fonds de développement et des banques commerciales auraient déjà exprimé leur intérêt à fournir un financement par emprunt. Sundance indique que son objectif est de parvenir à un bouclage financier à la mi-2015. La construction devrait durer 3,5 ans après ce bouclage.
25 juillet 2014
Sundance signe une convention minière avec le Congo
Sundance et le gouvernement congolais signent une convention minière portant sur le développement du projet Nabeba, la partie congolaise du grand projet Mbalam-Nabeba. L’accord est présenté par l’entreprise australienne comme une étape clé vers l’obtention du financement. Les principales clauses de la convention comprennent l’octroi d’une licence d’exploitation d’une durée de 25 ans, renouvelable pour des périodes successives allant jusqu’à 15 ans selon les réserves restantes. Le Congo aura aussi droit, entre autres, à une participation non dilutive de 10% dans la filiale congolaise de Sundance, une redevance de 3% sur la valeur nominale du minerai extrait. La convention passera en loi le 23 mai 2016.
2 décembre 2015
Vers un accord avec China Ghezouba pour la construction chemin de fer Mbalam-Kribi
Le nouveau PDG de Sundance, Giulio Casello indique que son partenaire, le gouvernement camerounais, est proche d’un accord avec l'opérateur chinois qui construira le chemin de fer reliant cette localité au port d'évacuation de Kribi.
Sundance annonce que China Ghezouba construira la ligne de chemin de fer.
Selon plusieurs sources, cet opérateur serait China Ghezouba. Le contrat, déjà rédigé, fait actuellement l'objet de relecture par les différentes parties, avant sa signature. Pour ce qui est du financement, il devrait prendre la forme d'un prêt souverain accordé par la Chine au Cameroun, mais aucun montant n'est encore avancé.
13 janvier 2016
China Ghezouba hésite à signer l’accord, à cause de la chute des prix du fer
Annoncé depuis plusieurs semaines, l’accord entre le Cameroun et China Ghezouba n’est toujours pas signé. L’opérateur chinois évoque comme raison la dégringolade des prix du minerai de fer à environ 40 dollars la tonne. La conclusion de l’accord étant reportée, Sundance indique vouloir examiner l’impact sur le calendrier de développement du projet. Les espoirs de voir la convention signée vont s’évanouir au fil des semaines alors que la conjoncture du marché du minerai de fer ne s’améliore pas. Sundance et le gouvernement camerounais vont se lancer dans la recherche d’investisseurs alternatifs, y compris parmi des entreprises chinoises.
31 juillet 2017
Sundance a 6 mois pour trouver un financement pour le projet Mbalam
Après des négociations, le gouvernement camerounais accorde à Sundance une prolongation de la durée de validité de la convention de Mbalam. L’entreprise a désormais jusqu’au 26 janvier 2018 (6 mois) pour montrer des progrès dans la recherche de financement, soit par elle-même, soit avec un partenaire solvable. Sundance dépose également une demande de renouvellement du permis d’exploitation, qui a expiré car, apprend-on, il a atteint le nombre maximum d’extensions possibles en vertu du code minier du Cameroun.
25 septembre 2018
L’Australien AustSino propose de racheter Sundance pour 58 millions $
Sundance conclut un accord avec son compatriote AustSino (qui va être racheté par Western Australian Port Rail Construction) pour lui céder une participation majoritaire dans son capital-actions, pour 58,250 millions $. Selon les termes de l’accord qui doit être finalisé dans 4 mois, 50 millions $ devront être utilisés pour annuler les obligations convertibles existantes de la société en offrant aux détenteurs d’obligations, un ensemble comprenant des liquidités, des actions et des options. Sundance gardera 8,250 millions $ en espèces pour les besoins en fonds de roulement et l’avancée des travaux à son projet Mbalam-Nabeba.
Sundance dépose également une demande de renouvellement du permis d’exploitation, qui a expiré car, apprend-on, il a atteint le nombre maximum d’extensions possibles en vertu du code minier du Cameroun.
Pour Giulio Casello, le PDG de Sundance, l’accord est un «scénario gagnant-gagnant», en cela qu’il permettra à l’entreprise de faire progresser son projet Mbalam-Nabeba, tout en remboursant sa dette d’une manière convenable. «AustSino a clairement fait part de son intention de voir Mbalam-Nabeba se développer et, ensemble, nous allons bientôt nous rendre au Cameroun et au Congo pour démontrer comment ils peuvent aider à développer le projet.» a-t-il indiqué.
23 octobre 2019
Sundance veut conclure un nouvel accord avec le Cameroun sur Mbalam avant juin 2020
Sundance n’a pas pu finaliser la prise de participation conclue avec AustSino. Les deux parties décident de proroger de quelques mois la date butoir, afin de permettre que le dernier obstacle soit levé. Il s’agit en fait de la conclusion d’un nouvel accord avec le Cameroun, la convention liant le gouvernement camerounais à Sundance étant devenue caduque depuis mars 2019, après des prolongations. La compagnie a espéré une prorogation de ses droits sur le gisement de fer en quête d’investisseurs jusqu’en juin 2019, mais la partie camerounaise n’a pas exaucé ce vœu. Des signes laissent penser que Yaoundé commencerait enfin à être fatigué de l’incapacité de Sundance à trouver des partenaires financiers pour la construction des infrastructures liées au projet.
10 septembre 2020 : Sundance Resources est dos au mur
La compagnie australienne a seulement 3 mois pour éviter une radiation automatique de la bourse australienne ASX. En septembre 2018, elle avait suspendu ses titres de la cotation officielle de la bourse ASX dans la perspective d’un accord de partenariat financier avec AustSino Resources sur le projet Mbalam-Nabeda.
Cependant, elle a du mal à boucler cette transaction, enchainant depuis les reports quant à la conclusion d’un accord définitif. Les deux parties se donnent désormais jusqu’au 30 septembre pour trouver un accord définitif, faute de quoi la radiation de Sundance sera effective le 7 décembre 2020.
12 novembre 2020
Sundance annule son accord avec AustSino
Sundance résilie son accord avec AustSino. Les deux parties essayaient de finaliser une transaction de prise de participation depuis 2018, mais ont échoué. Cet échec entrainera la radiation automatique de Sundance de la bourse ASX.
Giulio Casello essuie un nouvel échec. En 14 ans, Sundance ne sera jamais parvenu à faire démarrer le projet.
« Il est décevant que nous ayons été incapables de conclure un accord avec AustSino, étant donné le potentiel que notre proposition de rapprochement aurait pu livrer », a commenté Giulio Casello.
3 décembre 2020
Le Cameroun annonce un consortium de cinq sociétés d’Etat chinoises pour lancer le projet Mbalam
Alors que les espoirs de voir Sundance réussir à développer le projet Mbalam se sont amenuisés au fil des ans, le Cameroun veut frapper à d’autres portes. C’est pendant une session parlementaire consacrée à l’examen de la loi de finances 2021 que le ministre des Mines, Gabriel Dodo Ndocke, a dévoilé une partie du plan du gouvernement pour donner corps au projet minier de Mbalam. Selon ses propos, l’Etat travaillera avec un « consortium formé de cinq sociétés d’État chinoises ». Cette sortie laisse penser que Sundance est en train d’être écartée. Le Cameroun rejoindrait le Congo qui a émis un décret fin novembre retirant à la société le permis d’exploitation de sa filiale locale Congo Iron.
16 décembre 2020
Sundance ouvre un contentieux contre le gouvernement camerounais
Sundance Resources indique avoir engagé Clifford Chance, un avocat expérimenté dans la résolution de conflits internationaux pour le représenter devant la justice dans le cadre de son litige avec le Cameroun. La société reproche au gouvernement le non-respect des dispositions du Code minier en matière de délivrance des permis d’exploitation minière, et la violation de l’accord transitoire signé entre les parties en juin 2015. Elle va entamer un processus formel de règlement des différends prévu sur 60 jours, à la suite duquel elle se donne le droit de solliciter en vertu des dispositions de cet accord un arbitrage international.
25 mars 2021
Sundance lance une procédure d’arbitrage à Londres pour son litige avec le Congo
Sundance Resources lance une procédure d’arbitrage international à Londres pour tenter de régler son différend avec le gouvernement du Congo qu’elle accuse d’avoir exproprié de façon illégale son permis d’exploitation minière au projet de fer Nabeba. Elle réclame notamment des dommages et intérêts de 8,7 milliards $.
Sundance Resources lance une procédure d’arbitrage international à Londres et réclame notamment des dommages et intérêts de 8,7 milliards $.
Si elle a d’abord essayé de parvenir à un accord à l’amiable après le retrait du permis, la compagnie a échoué sur ce plan. Alors que les négociations étaient censées se poursuivre jusqu’au 18 mars, l’État congolais a annoncé le 13 la signature de différents accords avec la société Sangha Mining pour l’exploitation de trois concessions, dont celle de Nabeba. Selon les termes de ces accords, Sangha Mining s’est engagée à mobiliser un investissement de 18,5 milliards $ afin de lancer l’exploitation minière au quatrième trimestre 2021, et les exportations de minerai de fer en 2023. Un projet qualifié de « farce illégale » par Sundance qui affirme que Sangha n’a mené aucune étude d’ingénierie sur le site.
3 juin 2021
Après le Congo, Sundance attaque aussi en justice le Cameroun
La junior minière australienne a en effet entamé une procédure devant la Chambre de commerce internationale (CCI) à Paris, pour tenter de résoudre le différend, né de la volonté du gouvernement de Paul Biya de lui retirer le développement du projet de fer Mbalam. « Malgré nos tentatives de bonne foi pour parvenir à un règlement négocié, le gouvernement du Cameroun a refusé de donner effet à notre permis d’exploitation minière et semble maintenant travailler avec le gouvernement du Congo pour nous dépouiller de nos droits sur le projet Mbalam-Nabeba et les accorder à des parties chinoises », a réagi Giulio Casello, PDG de Sundance.
25 juin 2021
Le Cameroun confie la construction du chemin de fer Mbalam – port de Kribi à AustSino Resources
Les autorités camerounaises signent avec AustSino Resources Group Ltd et son partenaire hongkongais Bestway Finance un mémorandum d’entente relatif à la construction de la voie ferrée (510 km) reliant Mbalam au port en eau profonde de Kribi.
Le projet est maintenant confié à d’autres partenaires.
Cette étape s’inscrit dans le cadre de la relance du projet du gisement de fer de Mbalam-Nabeba en coopération avec le Congo ; les infrastructures nécessaires à son exploitation comprennent le chemin de fer et le terminal minéralier du port en eau profonde de Kribi.
Aujourd’hui
Sundance Resources a échoué à trouver les bons partenaires et faire entrer en production le projet Mbalam-Nabeba, en plus de 15 ans. Elle n’a pas réussi à boucler son deal avec son dernier espoir, AustSino, parce que l’Etat camerounais n’a pas accepté de lui donner la dernière chance qu’elle réclamait depuis des mois. En outre, AustSino, avec lequel elle négociait, se fait engager directement par le Cameroun sur le projet. Autant de raisons pour la société d’en vouloir à Yaoundé.
Aujourd’hui, la compagnie australienne estime avoir été lésée par les gouvernements du Cameroun et du Congo et a intenté des actions en justice contre ces derniers. Si toutes ces années d’échec ne sont pas de son seul fait, difficile malgré tout de lui donner raison parce qu’elle a eu du temps pour aller au bout de ce projet. Mieux, peut-on vraiment reprocher à ces deux Etats, après autant d’échecs, de vouloir essayer une autre approche ?
Déjà en juin 2009, le journal Les Afriques dénonçait « la stratégie de captation financière » de Sundance.
Tout compte fait, en attendant la suite de l’affaire devant la justice, une chose semble claire, le Cameroun et le Congo sont décidés à tourner la page Sundance. S’ils tombent enfin sur « les bons partenaires » pour mener ce projet à bout, ils pourraient profiter de la bonne dynamique du prix du fer. Le fer est le produit minier ayant le plus performé sur les marchés en 2020, franchissant en décembre la barre des 150 dollars. Cette tendance haussière s’est poursuivie en ce début d’année : le prix du fer a atteint plus de 180 dollars en avril, une barre qu’il n’avait plus dépassée depuis mai 2011. Début mai 2021, il a franchi la barre des 200 dollars puis celle des 214 dollars mi-mai.
Chronologie réalisée par Louis-Nino Kansoun
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