La Côte d’Ivoire n’en finit pas de découvrir les richesses de son sous-sol

(Ecofin Hebdo)


Depuis quelques années, la Côte d’Ivoire s’est donnée pour ambition de diversifier son économie principalement dominée par l’agriculture. L’un des secteurs sur lesquels peut compter le pays est celui des Mines, les chercheurs ayant confirmé la grande richesse en matières premières du sous-sol ivoirien. Si ce secteur est encore très jeune, et loin du niveau des leaders miniers de la région (Ghana, Mali, Burkina-Faso), la Côte d’Ivoire a de quoi espérer, car elle est dans une bonne dynamique.

La bonne santé du secteur minier ivoirien se manifeste par les derniers chiffres publiés par le gouvernement, et qui datent de 2016. Au cours de cette année, le pays a produit 25 tonnes d’or, sa principale ressource minière. Cette performance, faut-il le souligner, représente des hausses de 6,4% par rapport à la production aurifère de 2015 (23,5 t), de 25% par rapport à celle de 2014 (20t) et de 92% par rapport aux 13 t produites en 2013. En cinq ans, la Côte d’Ivoire a réussi à doubler sa production d’or.

Dans le même temps, la production de manganèse (deuxième produit minier exploité dans le pays) était de 263 178 tonnes en 2015, ce qui constitue une baisse de 25% par rapport aux 362 000 t produites en 2014 (en 2013 la production était de 120 496 t). Cette baisse n’est toutefois pas surprenante à cause de la chute mondiale des prix du manganèse. En outre, le pays a exporté en 2015, 13 936 carats de diamants, extraits de manière artisanale. Ce secteur n’a repris ses activités qu’en avril 2014.

Côté financier, la chute vertigineuse des prix des matières premières n’a aucunement affecté les résultats de la Côte d’Ivoire en 2015. Les revenus miniers pour cette année ont été évalués à 730 millions d’euros (479 milliards FCFA), soit une hausse de 24% par rapport à 2014. En 2016 l’industrie minière mondiale s’est un peu stabilisée, le chiffre d’affaires  déclaré par le secteur minier  ivoirien a été évalué à 483,69 milliards de F CFA en 2016.

Le secteur minier a permis cette année de créer 6600 emplois directs et 18 000 emplois indirects.

 

Les projets miniers en cours et les opérateurs présents

L’or

Le secteur aurifère est celui qui compte le plus grand nombre de projets en développement. Si la Côte d’Ivoire ambitionne d’avoir 17 mines opérationnelles en 2020, elle en compte actuellement moins d’une dizaine.

Dans le nord, Randgold Resources (30e plus grande compagnie minière au monde selon PwC) opère sur la mine Tongon, dans laquelle elle détient une participation de 89%. Cette mine, la plus importante du pays en phase d’exploitation (depuis 2010), a produit en 2016 260 556 onces d’or et l’objectif de la compagnie est de produire 285 000 onces en 2017.

 

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La mine d'or Tongon, détenue à 89 % par Randgold Resources.

Au sud, un autre géant minier, Newcrest Mining (20e plus grande compagnie minière au monde selon PwC) détient le projet Bonikro, via une participation de 89,9% dans la société LGL Mines CI SA. Cette mine a produit au cours de l’exercice 2016 de la compagnie, terminé en juin, 137 696 onces d’or.

Hormis ces deux projets, il faut également citer la mine Agbaou sur laquelle la compagnie canadienne Endeavour Mining a produit en 2016, 181 365 onces. Endeavour a acquis il y a quelques années la mine d’or Ity qui a produits ses premières onces d’or en 1991. La société qui est en partenariat avec l’Etat et le Groupe Didier Drogba, souhaite y utiliser la technologie de traitement de minerai carbon-in-leach (CIL). Elle prévoit de commencer la production à mi-2019 à un taux annuel de 235 000 onces sur les cinq premières années.

Sur le projet Sissingué, la compagnie minière Perseus Mining prévoit de démarrer la production en décembre 2017. Elle est également présente sur le projet Yaouré. Ce projet est né en 2015, de la découverte d’un gisement de 6,8 millions d’onces, considéré comme le plus grand gisement aurifère du pays.

 

Le manganèse

En ce qui concerne le manganèse, la compagnie minière Dharni Sampda (ex Taurian) détient deux permis miniers sur le projet Bondoukou. La société a suspendu en juillet 2015 les opérations sur la mine. Dharni est également présent sur le projet Kaniasso.

Outre Bondoukou et Kaniasso, on peut également citer comme projet de manganèse celui de Lauzoua, repris en 2009 par le groupe China Geological and Mining Corporation (CGM), est rentré en production en avril 2013.

 

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Mine de manganèse de Lauzoua.

En septembre 2016, l’Etat a signé une convention avec la société Shiloh Manganese, pour développement d’une quatrième mine de manganèse dans la région de Poro. Cette mine hébergerait des réserves de 4 millions de tonnes avec une durée d’exploitation estimée à 15 ans.

 

Le diamant

 

Pour ce qui est du diamant, l’exploitation est faite de manière artisanale. Après la levée de l’embargo sur son diamant en avril 2014, le pays a repris les activités d’extraction notamment dans le district du Woroba. Un projet dénommé «Droits de propriété et développement du diamant artisanal (DPDDA II)», a permis de délimiter une quinzaine de villages pour l’exploitation de cette pierre précieuse.

 

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Des chercheurs de diamants à Tortiya.

En outre, plusieurs autres sites de production de diamant opèrent dans le pays, en l’occurrence celui de Djawara, géré par la compagnie coopérative Bobi, et le camp minier de la SODEMI.

 

Le nickel

En novembre 2016, la compagnie ivoirienne NOCI, a déclaré vouloir investir jusqu’à 365 millions $ pour le développement d’un projet de nickel situé à l’ouest du pays.

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Le projet hébergerait des réserves de 60 millions de tonnes de minerai avec une teneur en nickel de 1,74%. Les ressources de nickel latéritique de la Côte d’Ivoire sont estimées au total à environ 298 millions de tonnes.

 

Et d’autres secteurs prometteurs

Hormis l’or, le manganèse, le nickel et le diamant, les recherches ont également prouvé que le sous-sol ivoirien est riche en bauxite, en cuivre, du coltan, ou encore en minerai de fer.

Le pays hébergerait selon les estimations 2,740 milliards de tonnes de ressources de fer réparties à Mont Klayo-Tia, Gao et Monogaga. Et les ressources de bauxite sont évaluées à 1,214 milliard de tonnes (Divo, Bénéné, Toumodi) et celles de coltan à 145 tonnes (Issia, Touvré).

 

Un code minier parmi les plus attractifs au monde

Dans sa volonté d’attirer de nouveaux investisseurs, la Côte d’Ivoire a adopté en mars 2014 un nouveau code minier, en remplacement de l’ancien qui date de 1995.

 

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Le code minier ivoirien est exceptionnellement favorable aux investisseurs.

Ce nouveau code est très favorable aux investisseurs, et ce, en plusieurs points. Il limite dorénavant les superficies des permis d’exploration à 400 km2, comparativement aux 1000 km2 prévus par l’ancien code. La durée de validité des permis passe de 7 ans à 10 ans renouvelables deux fois, parce que certains métaux de base nécessitent des périodes de recherche très longues. En outre, les procédures de délivrance de permis dureront désormais au plus 60 jours.

Côté financier, il faut souligner que le nouveau code accorde aux investisseurs un certain nombre d’exonérations fiscales et douanières en phases de recherche et d’exploitation. Les deux seuls mécanismes de taxation prévus sont ceux recommandés au niveau international, la taxation sur le chiffre d’affaires et l’impôt sur le bénéfice.

«C’est un projet dont l’objectif est de dynamiser l’activité minière en Côte d’Ivoire. Il va permettre d’attirer beaucoup d’investisseurs, et donc de développer plus fortement l’activité minière en Côte d’Ivoire», commentait un porte-parole du gouvernement, Koné Bruno.

Si ces nombreuses modifications ont permis à la Côte d’Ivoire de remporter le «prix du meilleur code minier du monde» lors de la conférence Mines and Money de Londres, en décembre 2014, devant la Finlande et le Pérou, le pays ne compte pas s’arrêter là. «Nous poursuivrons les initiatives pour rendre le secteur encore plus attractif. Nous nous attaquerons notamment aux clandestins et aux orpailleurs pour démanteler les exploitations illégales et permettre au secteur formel d’opérer», expliquait Jean-Claude Brou, alors ministre des Mines et de l’Industrie.

Le dernier sondage annuel de l’Institut Fraser auprès des sociétés minières, classe le secteur minier ivoirien comme le plus attractif en Afrique (devant le Botswana et le Ghana) et le 17e au monde en 2016. L’attractivité du secteur minier est d’autant plus palpable quand on sait que le pays a octroyé à fin 2015, 171 permis d’exploration miniers, dont 136 pour l’or.

 

Quelles perspectives ?

 

Déjà sept années d’essor ininterrompu pour le secteur le secteur minier ivoirien. Cette dynamique n’est pas près de s’arrêter du fait de multiples investissements en voie de se concrétiser. D’autant plus qu’avec l’environnement minier actuel, de nouveaux investisseurs étrangers devraient arriver. Tant pour l’or, le manganèse que pour le nickel, plusieurs projets devraient bientôt entrer en phase d’exploitation, et cela boostera encore plus la contribution du secteur dans l’économie.

Toutefois, il faudra compter avec la volatilité des prix des matières premières. L’industrie minière se remet de la grande crise qu’elle a vécue en 2015, mais le futur reste indécis.

La Banque mondiale prévoit une légère baisse de 1% du prix de l’or (1280 $/oz en novembre) en 2017 alors que selon le Conseil mondial de l’or (WGC), la demande du métal précieux a baissé durant les trois premiers trimestres de l’année.

Si les prévisions à moyen terme du marché du manganèse sont plutôt bonnes, ce marché est également très instable, car dépendant de la production mondiale d’acier.

Si le secteur minier ivoirien, du fait de sa jeunesse, a pu échapper à la chute des prix en 2015, nul ne peut attester que ce sera le cas si nouvelle crise il y a. Mais en attendant, le pays peut garder le sourire, il réussit pour le moment son pari, celui de diversifier son économie en tirant profit de ses ressources minières.

Dossier réalisé par Louis-Nino Kansoun

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