Rapport sur les inégalités 2018 : un rôle plus important à jouer par les institutions publiques nationales

(Ecofin Hebdo) - Le rapport 2018 sur les inégalités dans le monde montre que les disparités de revenus ont augmenté dans presque toutes les régions du monde ces dernières décennies, mais à des rythmes différents. La disparité du degré d’inégalité observée d’un pays à l’autre, même lorsque ces pays sont à des niveaux de développement comparables, met en lumière le rôle déterminant des institutions et des politiques publiques nationales dans l’évolution des inégalités.

Le document met en évidence, le fait que depuis 1980, les inégalités de revenus ont augmenté rapidement en Amérique du Nord, en Chine, en Inde et en Russie, mais de manière plus modérée en Europe. La divergence est particulièrement extrême entre l’Europe de l’Ouest et les États-Unis, qui avaient des niveaux d’inégalité comparables en 1980, mais se trouvent aujourd’hui dans des situations radicalement différentes.

Ce schéma général connaît des exceptions. Au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et au Brésil, les inégalités de revenus sont restées relativement stables, à des niveaux très élevés. L’analyse faite par le rapport suggère, que n’ayant pas connu de régime égalitariste après la deuxième guerre mondiale, ces régions dessinent un « horizon d’inégalité » pour le monde. Le rapport en conclut que la diversité des tendances observées dans les différents pays depuis 1980 montre que les dynamiques nationales en matière d’inégalité de revenus sont la résultante de contextes institutionnels et politiques variés.

Au-delà de ces variations géographiques, des chiffres globaux contenus dans le rapport, font ressortir, que les 1 % d’individus recevant les plus hauts revenus dans le monde ont profité deux fois plus de la croissance de la richesse mondiale que les 50 % d’individus les plus pauvres. Ces 50 % du bas ont cependant bénéficié de forts taux de croissance, alors que la classe moyenne mondiale (dans laquelle on retrouve les 90 % d’individus les plus pauvres en Europe et aux États-Unis) voyait la croissance de son revenu comprimé.

Les données sur l’Afrique subsaharienne sont aussi fournies par le rapport. On en retient que les 10% des plus riches détiennent 54% des revenus de la région. Au contraire des autres régions et pays du monde où la situation est à la hausse ou légèrement à la baisse, le niveau des inégalités est resté constant en Afrique depuis les années 90. Ce rapport permet de voir les inégalités dans le monde sous une perspective micro.

C’est une approche qui peut être intéressante, car elle permet de réduire le niveau des responsabilités dans la situation des inégalités mondiales. Mais les données fournies ici doivent être complétés par d’autres. Au au-delà des questions institutionnelles, les inégalités sont aussi souvent présentées comme étant le reflet de l’ordre économique mondial qui crée des économies périphériques, qui sont le propre du capitalisme.

Ce rapport repose sur le travail de collecte, de production et d’harmonisation de données sur les inégalités réalisées par plus d’une centaine de chercheurs basés sur tous les continents et contribuant à la World Wealth and Income Database. Toutefois les analyses qui sont présentées dans ce document reflètent les points de vue des auteurs du rapport et pas nécessairement celui de tous les chercheurs affiliés à l’organisation.

Le Laboratoire sur les Inégalités Mondiales (World Inequality Lab) a pour but de promouvoir la recherche portant sur la dynamique de la répartition des revenus et des patrimoines au niveau mondial, aussi bien entre pays et à l'intérieur des pays. Sa mission principale est de mettre à jour et d'élargir la World Wealth and Income Database. Il a également pour rôle d’élaborer des rapports et des documents de travail relatifs aux inégalités abordant des problématiques de fond et de méthodologie.

L’organisation est financée par des institutions publiques et des organismes à but non lucratif. Pour la période 2010-2020, 28% du budget est financé par les universités, les centres de recherche et les instituts de statistiques auxquels appartiennent les WID world fellows, 20% par la Paris School of Economics et par ses institutions partenaires (notamment l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et l’Ecole Normale Supérieure), 20% par la Ford Foundation, 16% par le European Research Council (Union Européenne). On retrouve aussi 8% de contribution par l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) française, 5% par l’Economic and Social Research Council et le Department for International Development du Royaume-Uni, via un fonds commun ESRC-DFID, et 3% par l’Institute for New Economic Thinking.

Abdel Razak MOULIOM

 

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