(Agence Ecofin) - Le Cameroun est encore un nain dans la production mondiale de diamant, mais il abrite des gisements jugés « de classe mondiale », selon les premières explorations. Pour la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), les pierres en provenance du Cameroun trouvent particulièrement grâce aux yeux des diamantaires émiratis et belges.
Selon une récente note de la Beac, sur le marché du diamant dans le monde, « en 2018, le Cameroun a exporté vers les Émirats arabes unis (55,31%), la Belgique (40,95%) et la Suisse (3,73%) ». Ainsi donc, sur la base de ces données de la banque centrale, au cours de l’année 2018, plus de 96% des diamants exportés par le Cameroun ont été écoulés aux Émirats arabes unis et en Belgique.
L’empreinte de cet émirat pétrolier du golfe Persique sur le commerce du diamant avec le Cameroun peut s’expliquer par l’explosion, depuis quelques années, des échanges commerciaux avec Dubaï. En effet, la principale ville des Émirats arabes unis, devenue une sorte d’usine géante pour le continent africain, est l’une des destinations privilégiées des commerçants camerounais. L’accord de transport aérien signé entre les deux pays en mars 2019 devrait d’ailleurs contribuer à booster ces échanges, y compris en ce qui concerne le commerce du diamant, dont la production nationale est encore infime.
L’espoir qui vient de Mobilong…
Par exemple, selon le secrétariat permanent national du suivi du processus de Kimberly, mécanisme international permettant de surveiller le commerce du diamant dans le monde, afin que ces pierres ne servent pas à financer des guerres comme par le passé, le Cameroun a pu tracer 2 438 carats de diamants tout au long de l’année 2020. Cette production officielle, à laquelle il faut cependant ajouter les pierres qui continuent d’être écoulées dans des circuits informels, devrait être décuplée lorsque le Cameroun mettra en exploitation des gisements identifiés sur son territoire.
Il s’agit, par exemple, du gisement de Mobilong, situé dans la région forestière et minière de l’Est, que les experts ayant conduit les premières explorations présentent d’ores et déjà comme un gisement « de niveau mondial ». Selon les autorités camerounaises, la réévaluation du potentiel de ce gisement est en cours. Cette opération devrait permettre de s’accorder définitivement sur le potentiel réel de ce gisement qui est sujet à polémique depuis 2010, après les révélations de la firme coréenne C&K Mining, qui l’a exploré à partir de 2006.
En effet, C&K Mining qui a, depuis fin 2014, cédé ses actifs sur le projet Mobilong à un investisseur sino-américain, a été accusé d’avoir surévalué le potentiel de ce gisement diamantifère (736 millions de carats dans un premier temps, soit 5 fois la production mondiale), alors présenté comme étant le plus important au monde.
Mais, il va finalement s’avérer que cette surévaluation avait été faite uniquement à des fins de spéculation boursière (après l’annonce, le titre C&K Mining avait grimpé sur la bourse de Séoul, multipliant son cours par 4,6 en seulement 16 jours), puisqu’une seconde évaluation du même explorateur ramènera le potentiel du gisement de diamant de Mobilong à 420 millions de carats, bien que sa partie conglomératique n’ait pas encore connu de véritable évaluation.
Brice R. Mbodiam
Accra, Ghana