(Agence Ecofin) - L’Etat zambien durcit depuis un moment ses relations avec l’industrie minière, car il veut reprendre le contrôle de ses mines pour relancer son économie. Si son divorce avec le géant suisse Glencore est à présent consommé à Mopani, comment envisage-t-il d’assurer un futur viable à la mine ?
Cette semaine, Glencore a annoncé dans un communiqué assez succinct le bouclage de la vente de ses parts dans la mine de cuivre Mopani à l’Etat zambien et sa compagnie ZCCM-IH. Grâce à cette transaction de 1,5 milliard $, le gouvernement devient donc l’unique propriétaire de la mine dans laquelle il ne détenait que 10 % d’intérêts. Si la Zambie a fait des pieds et des mains pour se séparer du géant minier, une question subsiste : quel avenir pour le projet Mopani ?
Lors de l’annonce en janvier dernier de l’accord entre les deux parties, une des premières interrogations des analystes a obtenu une réponse. Comment la Zambie, en « défaut de paiement » depuis fin 2020 selon l’agence de notation S&P, trouvera-t-elle les moyens de solder son acquisition ? Finalement, ZCCM-IH prendra à sa charge 1,5 milliard $ de dettes de Mopani envers Glencore et ses créanciers. La compagnie contrôlée par l’Etat les remboursera en plusieurs tranches (et sur plusieurs années), en se servant des revenus qui seront générés par la mine, alors que la compagnie suisse conservera pendant toute la durée du remboursement son droit de prélèvement sur le produit de la mine.
Pour Lusaka, ce pari suppose que l’Etat travaillera à assurer un futur viable économiquement à la mine. Dans un premier temps, comment arrivera-t-il à trouver le financement nécessaire pour cette entreprise ? Va-t-il confier le projet à un autre investisseur ? Cette hypothèse est difficile à envisager, car le gouvernement s’est fixé comme objectif de prendre le contrôle de ses mines pour assurer la relance de l’économie nationale. Dans ce jeu de contrôle, il faudrait donc trouver un nouveau partenaire prêt à lui laisser une participation majoritaire, ce qui est loin d’être gagné d’avance. Une autre hypothèse serait de trouver un bailleur de fonds, qui fermerait les yeux sur les grosses dettes de l’Etat zambien et accepterait de lui octroyer un financement avec le risque inhérent. Il faut préciser que la mine est grande, Glencore a dépensé 4,4 milliards de dollars pour agrandir l’opération avec pour but de faire passer la production à environ 140 000 tonnes de cuivre par an, contre seulement 51 000 tonnes en 2019.
Toutes ces questions ne trouveront de réponses qu’avec les prochaines annonces du gouvernement sur le sujet. Une chose est certaine, l’Etat a dans son sac un argument qui pourrait être décisif : le marché du cuivre se porte de mieux en mieux. Avec les espoirs d’une reprise de l’économie mondiale dans le sillage du début des vaccinations dans le monde et les risques de déficit d’ici 2030 annoncés pour le métal rouge, plusieurs analystes voient le cuivre se hisser dans les prochains mois, ou les prochaines années à des niveaux de prix jamais atteints dans l’histoire. Pour le moment, il se maintient autour des 9 000 dollars, ce qui est déjà très élevé. Cependant, la volatilité des marchés des matières premières incite à une grande prudence. Il faut rappeler que les tensions qui ont abouti à la séparation de l’Etat zambien avec Glencore ont commencé quand le géant suisse a décidé au plus fort de la pandémie de covid-19 de suspendre les opérations à Mopani et de placer la mine en régime de maintenance et entretien, en raison de…la chute des prix du cuivre…
Louis-Nino Kansoun
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Accra, Ghana