(Agence Ecofin) - Lundi 2 mai, le gouvernement malien de Transition a « dénoncé » un traité de défense signé en 2014 avec Paris ainsi que deux conventions définissant les statuts des forces Barkhane et Takuba. En droit international, cela équivaut pour Bamako à annoncer qu’il ne respectera plus ces accords.
L’Etat malien va mettre fin aux accords de défense qui le lient à la France depuis 2013. C’est ce qui ressort d’un communiqué du gouvernement de transition publié le lundi 2 mai.
Dans le document lu à la télévision nationale, les autorités maliennes ont confirmé leur décision de « dénoncer » le traité de coopération en matière de défense du 16 juillet 2014, l’accord des 7 et 8 mars 2013 déterminant le statut de la force Barkhane ainsi que le protocole additionnel des 6 et 10 mars 2020 déterminant « le statut des détachements non français de la force Takuba ». Conformément au droit international, cette dénonciation implique que l’Etat malien ne sera plus tenu par ces accords, et mettra fin à ses obligations dans le cadre de ceux-ci.
Communiqué #29 du Gouvernement de la République du Mali dénonçant le Traité de coopération en matière de défense, signé le 16 juillet 2014 avec la France, ainsi que les Accords déterminant le statut des forces Barkhane et Takuba. @AbdoulayeDiop8 pic.twitter.com/j3052tD657
— Ministère des Affaires étrangères du Mali (@MaliMaeci) May 2, 2022
Pour Bamako, cette décision est motivée par des « insuffisances graves » ainsi que des « atteintes flagrantes à la souveraineté nationale du Mali » qui, selon lui, ont détérioré profondément la coopération militaire avec la France. Dans son communiqué, le pouvoir malien fait référence à la fin de l’opération Barkhane, au retrait des forces de l’opération Takuba qu’il qualifie de décisions « unilatérales » ainsi que « les multiples violations de l’espace aérien malien opérées par des aéronefs militaires français ».
Bien que cette décision surprenne certains observateurs, il faut souligner qu’elle est une suite logique de l’escalade des tensions entre Paris et son ancienne colonie d’Afrique de l’Ouest,depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Assimi Goïta. Fin décembre dernier, Bamako avait officiellement transmis à son ancien partenaire une demande de révision des accords de défense les liant.
Si les experts espéraient un possible apaisement des tensions entre les deux parties afin que la situation se rétablisse, les joutes verbales par médias interposés entre les autorités des deux pays, ces derniers mois, ont tôt fait d’amenuiser ces espoirs. Alors que les soldats français ont commencé à livrer leurs anciennes bases militaires aux soldats maliens, les récentes révélations d’exactions commises à Gossi, dans le nord du pays, ont remis le feu aux poudres.
De l’avis de plusieurs experts, cette rupture officielle des accords de défense avec Paris devrait davantage renforcer l’axe de coopération avec la Russie. Depuis plusieurs mois, Moscou livre des armes et du matériel militaire aux soldats maliens, et ses « instructeurs » que les pays occidentaux accusent d’être des mercenaires du groupe Wagner semblent avoir pris une part plus active dans la lutte contre les groupes extrémistes.
Notons que le retrait du traité de coopération en matière de défense est censé prendre effet, d’ici six mois. Quant aux accords de 2013 et 2020, leur rupture devrait prendre effet immédiatement.
Moutiou Adjibi Nourou
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.